Députés LREM En Marche : plus friqués que nous, tu meurs...

jeudi 27 juillet 2017.
 

L’Hémicycle demeure la chasse gardée des catégories sociales favorisées. Les élus LREM en sont la parfaite illustration.

Près de 432 nouveaux députés vont faire leur entrée au Palais Bourbon. Ces visages rafraîchissants s’accompagnent d’une féminisation des bancs de l’Assemblée. La parité n’est toutefois toujours pas respectée, avec 224 femmes contre 353 hommes. L’Hémicycle s’offre en revanche une véritable cure de jouvence  : la moyenne d’âge est désormais de 49 ans, contre 54 ans en 2012. Mais, ce renouvellement est loin de représenter les classes populaires. Les députés ne comptent aucun ouvrier. Seulement 30 et 16 élus sont, respectivement, des employés et des agriculteurs. La part belle revient une nouvelle fois aux catégories aisées  : 54,4 % des élus sont des cadres du privé, des patrons d’entreprise ou des professions libérales (soit 314 élus). Une proportion en hausse comparée à 2012, où 52,2 % des députés étaient issus de ces milieux professionnels. La représentation des fonctionnaires a baissé, en passant de 36,2 % (2012) à 27,9 % aujourd’hui.

« Une absence de diversification sociale » des candidats LREM

Cette domination des classes supérieures est particulièrement marquée au sein de la majorité obtenue par Emmanuel Macron. Le groupe LREM compte 60 cadres du privé (supérieurs ou non), 20 personnes issues des professions libérales, 12 médecins et 28 chefs d’entreprise et industriels, selon Mediapart. Un résultat peu étonnant au vu de l’enquête Cevipof datée de juin et menée par Luc Rouban, pointant une «  absence de diversification sociale  » des candidats la République en marche. «  Le monde des entreprises et des affaires est très bien représenté, car il faut ajouter à ces patrons les cadres supérieurs ou dirigeants d’entreprise, qui constituent 20 % des candidats, et les membres des professions libérales, qui en offrent 12 %  », écrivait le chercheur au CNRS.

Les diplômes obtenus par ces élus correspondent à ceux de l’électorat bourgeois et citadin d’Emmanuel Macron. Selon Luc Rouban, dans son enquête publiée en juin, «  la part prise par les études commerciales au sens large, en y incluant les formations marketing ou communication d’entreprise, est importante, puisque 54 candidats, soit un peu plus de 10 %, ont suivi des études spécialisées dans la gestion d’entreprise  ». Stanislas Guerini et Benjamin Griveaux, députés de Paris, ont fait leurs études à la prestigieuse école de commerce HEC avant de devenir, respectivement, dirigeant d’entreprise et du lobbying Unibail-Rodamco. L’entrepreneur Pacôme Rupin (7e circonscription de la capitale) est passé par les bancs de l’Essec. La liste est encore longue.

Le casting élitiste est assumé par la direction pro-Macron

Les cursus de droit ont aussi le vent poupe. Le profil de Pierre Person, député de la 6e circonscription parisienne, en est un exemple type  : fils de notaire et avocat, il travaille dans le privé comme avocat en urbanisme et immobilier, avant de rejoindre un grand cabinet de conseil, CGI Business Consulting. Il n’est pas le seul à occuper une profession libérale. Sacha Houlié (2e circonscription de la Vienne) est un avocat spécialisé dans le droit de la construction, après avoir été diplômé de l’université parisienne Panthéon-Assas. Ce casting élitiste est pleinement assumé par la direction du parti, puisqu’une commission nationale d’investiture a été chargée d’éplucher les CV des candidats.

Au-delà des rangs de LREM, le fameux renouvellement a aussi des limites. Sur les 73 membres de la commission des finances encadrée par le groupe d’opposition, chargée d’établir le budget, 41 élus ont conservé leur mandat. Son président, Gilles Carrez, député LR du Val-de-Marne, a déclaré d’ores et déjà qu’il «  pensait  » être candidat à sa propre succession à la tête de cette commission. Le renouvellement des idées attendra.

Lola Ruscio, L’Humanité


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