Le Pen : Le pipeau de son protectionnisme

mardi 2 mai 2017.
 

Dans ses 144 engagements présentés à Lyon, le 5 février dernier, Marine Le Pen prône «  la mise en place d’un protectionnisme intelligent  » et d’une taxation des importations.

Mais, si la France sort de l’Union européenne et s’engage dans cette voie, les autres pays qui commercent avec elle risquent d’en faire autant. Or notre pays est un grand exportateur de biens et de services, plus, par exemple, proportionnellement que les États-Unis.

Par ailleurs les groupes français ont considérablement délocalisé leur production. Les ventes des filiales installées à l’étranger des groupes français s’élèvent à 1 400 milliards d’euros (69 % du PIB), soit près de quatre fois plus que leurs exportations depuis la France  ! Selon une étude de l’Insee, les sociétés qui délocalisent sont le plus souvent exportatrices ou déjà présentes à l’étranger par le biais de filiales. Presque toutes appartiennent à un groupe. L’étude relève notamment que la propension à délocaliser augmente avec la taille de la société et que la destination privilégiée des délocalisations est l’Union européenne des Quinze, suivie de l’Afrique et des nouveaux États membres de l’Union, puis de la Chine et de l’Inde. C’est à cela qu’il faut s’attaquer  ! Qui donc a rendu la balance commerciale automobile française déficitaire depuis 2008  ? Renault et Peugeot bien plus que Volkswagen. Qui importe les produits textiles et d’habillement bon marché de Chine, du Sud-Est asiatique  ? Ce sont les groupes français et européens de l’habillement, et les géants de la distribution, Carrefour, Auchan, Leclerc, Casino, etc.

En vérité, même si une sélectivité s’avère nécessaire, particulièrement à l’encontre de produits importés fabriqués par des enfants ou présentant des risques sanitaires et écologiques, c’est surtout en amont qu’il faut intervenir, au niveau des entreprises, en promouvant la formation, les qualifications, l’innovation, la recherche, la maîtrise et le développement des nouvelles technologies, de l’investissement, en réduisant le coût du capital. Ce n’est pas en mettant des barrières de tous côtés tout en laissant les grands groupes capitalistes gérer les entreprises comme ils l’entendent, avec pour seul objectif celui de faire le maximum de fric, que l’on y parviendra.

L’établissement de droits et de pouvoirs nouveaux des salariés et des populations à l’entreprise, l’élaboration d’autres critères de gestion des entreprises et de leurs productions sont les conditions premières pour permettre un rééquilibrage de nos échanges extérieurs, un développement de l’emploi et de la production efficaces à l’intérieur.

Pierre Ivorra Journaliste économique, l’Humanité


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