Napoléon le petit (extrait)

dimanche 4 juin 2017.
 

Napoléon III a réussi son coup d’état, écrasé sous les balles de l’armée les républicains, chassé de France les progressistes dont Victor Hugo qui prend sa plume pour le camper devant la postérité.

« Que peut-il ? Tout.

Qu’a-t-il fait ? Rien.

Avec cette pleine puissance,

En huit mois un homme de génie

Eût changé la face de la France,

De l’Europe peut être.

Seulement voilà, il a pris la France

Et ne sait rien en faire.

Dieu sait pourtant que le Président se démène :

Il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ;

Ne pouvant créer il décrète ; il cherche

A donner le change sur sa nullité ; c’est

le mouvement perpétuel ; mais hélas !

cette roue tourne à vide.

L’homme qui, après sa prise du pouvoir

A épousé une princesse étrangère

Est un carriériste avantageux.

Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots,

Ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir.

Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort.

Il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse.

Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit

Et qu’ensuite on mesure le succès et qu’on le trouve énorme,

Il est impossible que l’esprit n’éprouve pas quelque surprise.

On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds,

Lui rit au nez, la brave, la nie, l’insulte et la bafoue !

Triste spectacle que celui du galop, à travers l’absurde,

D’un homme médiocre échappé. »


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message