4 mars 1948 Mort d’Antonin Artaud

mardi 7 mars 2023.
 

Antonin Artaud, l’homme aux mille talents, dessinateur, acteur, écrivain, metteur en scène, poète, initiateur visionnaire du « théâtre de la cruauté » aura tenté toutes les façons de rénover, de bouleverser toutes ces familles littéraires, au cours de sa vie courte et fulgurante.

Lorsqu’il monte de Marseille à Paris, en 1924, son seul but est d’être comédien. Mais sa santé va en décider autrement. Dès l’enfance, la maladie le taraude. Des migraines vrillantes et chroniques lui imposent des doses de remèdes littéralement stupéfiantes qui si elles n’effacent pas la douleur, le maintiennent dans un état second qui le font poursuivre « une réalité qui le fuit ».

Ses premiers poèmes sont refusés par la NRF. Il s’en explique avec l’éditeur en insistant sur le malaise qui l’habite et l’empêche de mener à bien ses projets d’écriture. « Il y a quelque chose qui détruit ma pensée », écrit-il. Il craint de troubler les lecteurs, même si l’originalité de l’œuvre est incontestable. Il va vite s’efforcer de s’appuyer sur cette étrangeté pour éviter d’en être l’esclave. En vain. L’atteinte psychique ne lui laisse aucun répit. Tout est révolte, tout est fureur en Artaud. L’expérience surréaliste elle-même le déçoit vite. Il refuse l’engagement politique préconisé par Breton et quitte le groupe.

C’est par le théâtre qu’il veut sortir de l’enfer qu’est devenue sa vie tapissée de troubles psychiatriques. La scène permet tout, croit-il, même la magie la plus débridée. Las, là encore, la déception le mène presque au renoncement.

Une nouvelle quête, spirituelle et métaphysique cette fois, l’embarque vers le Mexique, au milieu des Indiens Tarahumaras. Sa recherche obstinée de l’absolu, du sens de la vie, de la mort, de son état psychique aussi, va le mener à des expériences qui seraient aujourd’hui qualifiées de psychédéliques. Pour toucher au sublime, au surnaturel, il absorbe des drogues sacrées. Et lorsqu’il rentre en 1936, après un détour par l’Irlande, il est interné à Rodez. Cette saison en enfer va durer 9 longues années ; dont il décrira les morsures dans ses Lettres de Rodez.

Après sa sortie, et jusqu’à sa mort, il écrit, il écrit, toujours, partout. Entre lucidité et fantasme.

L’apothéose viendra, juste avant sa mort, au Vieux Colombier où malade, il se met seul en scène face au monde qui ne l’a jamais compris, aux beaux esprits à qui il adresse une vérité radicale : « Je n’ai jamais rien étudié mais j’ai tout vécu. Et cela m’a appris quelque chose. »

Brigitte Blang

https://heuredupeuple.fr/le-4-mars-...


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