Ce que contient le programme "insoumis" de Jean-Luc Mélenchon

mardi 11 avril 2017.
 

Résumé par le Nouvel Obs.

Jean-Luc Mélenchon a changé. Terminée la posture de l’homme en colère, adoptée il y a cinq ans lors de la précédente élection présidentielle. L’ancien socialiste a décidé cette année de faire campagne en mode "force tranquille". Au nom de considérations tactiques, le ton mais aussi l’allure ont évolué, et se veulent plus rassurants. "Nous avons tiré les leçons de la campagne de 2012 (...) Je suis plus philosophe que jamais et moins impétueux. La conflictualité a montré ses limites", reconnaît lui-même le candidat, dans le "Journal du dimanche" du 2 avril.

Qu’en est-il sur le plan des idées ? Le candidat a-t-il également modifié certains éléments de son programme par rapport à 2012, et évolué sur certains sujets ? Tour d’horizon des points clefs du projet du nouveau chouchou des sondages.

Economie, social : hausse du Smic, abrogation de la loi El Khomri

S’il est élu, Jean-Luc Mélenchon entend prendre très rapidement plusieurs mesures fortes en matière économique et sociale. Le candidat s’engage par exemple à augmenter immédiatement le Smic de 16%, pour le porter à 1.326 euros net mensuel (une hausse inférieure à celle promise en 2012). Il veut aussi "généraliser une sixième semaine de congés payés", aller vers les 32 heures, et "restaurer le droit à la retraite à 60 ans à taux plein". Jean-Luc Mélenchon s’engage également à abroger la loi El Khomri, et ainsi de "rétablir la hiérarchie des normes", le point le plus contesté de ce texte.

Le leader de la France insoumise veut interdire les "licenciements boursiers" (licenciement collectif alors que l’entreprise est en bonne santé) et le versement de dividendes "dans les entreprises ayant recours à des licenciements économiques". Et instaurer un "droit opposable à l’emploi", qui obligerait l’Etat à fournir un travail d’intérêt général aux chômeurs.

Sur le plan fiscal, enfin, Jean-Luc Mélenchon évoque la mise en place d’un "impôt universel" basé sur la nationalité pour lutter contre l’évasion fiscale, et la taxation à 100% des revenus supérieurs à 20 fois le revenu médian.

Environnement : règle verte et "planification écologique"

La préoccupation écologique occupe une place importante dans le programme de Jean-Luc Mélenchon. Le candidat de la France insoumise propose de "constitutionnaliser la règle verte". C’est-à-dire "de ne pas prélever sur la nature davantage que ce qu’elle peut reconstituer ni produire plus que ce qu’elle peut supporter".

Il défend également la sortie du nucléaire, la création d’un pôle public de l’énergie en renationalisant EDF et Engie, l’arrêt des "grands projets inutiles comme l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, et vise l’objectif de 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050. Au nom de la "planification écologique" - formule qu’il répète à l’envi - il promet d’injecter 100 milliards d’euros supplémentaires dans l’économie pour des investissements écologiquement et socialement utiles.

Institutions : abolir la "monarchie présidentielle"

C’est le cœur du programme de Jean-Luc Mélenchon : une VIe république pour abolir la "monarchie présidentielle" de la Ve, qu’il juge "à bout de souffle". A peine élu, le candidat promet donc la convocation d’une assemblée constituante, chargée de rédiger une nouvelle Constitution qui sera soumise à référendum. "Je voudrais être le dernier président de la Ve République et rentrer chez moi sitôt que la nouvelle Constitution aura été adoptée par le peuple français", clame-il.

L’objectif ? Instaurer "un régime parlementaire stable", composé d’une Assemblée nationale élue à la proportionnelle et d’"une assemblée de l’intervention populaire et du long terme", qui émet un avis sur l’impact écologique et social des lois. Jean-Luc Mélenchon aimerait que cette nouvelle constitution entérine la possibilité de révoquer un élu en cours de mandat mais aussi des nouveautés comme le droit de vote à 16 ans ou le vote obligatoire. Il veut également mettre en place un référendum d’initiative citoyenne ainsi qu’un "congé républicain" afin de diversifier le profil des responsables politiques. Enfin, toute personne condamnée pour corruption sera "inéligible à vie", et tout nouveau traité européen ou toute révision de la Constitution devra être soumis à référendum.

Immigration : "lutter contre les causes des migrations"

"L’immigration n’est pas un problème", pouvait-on lire dans le programme de Jean-Luc Mélenchon en 2012. Le ton est aujourd’hui un peu moins tranchant. Lorsqu’il est interrogé sur ce sujet, le candidat préfère désormais mettre l’accent sur la lutte "contre les causes des migrations". "Le premier devoir est de tarir le flux et nous devons avoir comme mot d’ordre : chacun doit pouvoir vivre dans son pays, et cela est valable en Corrèze comme au Zambèze", explique-t-il. Au-delà de cet engagement assez flou, il propose la régularisation des travailleurs sans papiers, mais aussi de "cesser d’appliquer la directive sur les travailleurs détachés en France".

Il y a quelques mois, le candidat avait suscité la polémique à gauche, en se montrant pour le moins ambigu sur l’immigration. "L’Europe qui a été construite, c’est une Europe de la violence sociale, comme nous le voyons dans chaque pays chaque fois qu’arrive un travailleur détaché, qui vole son pain aux travailleurs qui se trouvent sur place", lâchait-il par exemple, l’été dernier, lors d’une session parlementaire à Bruxelles – une maladresse, a-t-il reconnu sur BFMTV. "Je suis pour la régularisation des travailleurs sans-papiers mais pas pour le déménagement permanent du monde", déclarait-il également dans une interview au "Monde" fin août 2016, qui avait là encore interpellée à gauche...

Europe : sortir des traités européens

C’est sans doute l’un des sujets sur lesquels Jean-Luc Mélenchon a opéré le changement le plus radical, par rapport à il y a cinq ans. Pour "en finir avec l’austérité", le candidat proposait en 2012 de "s’affranchir" du traité de Lisbonne. Aujourd’hui, il se montre plus offensif encore : il évoque deux scénarios, et ne ferme plus la porte à une sortie de l’euro.

Le plan A de Jean-Luc Mélenchon ? "Une sortie concertée des traités européens par l’abandon des règles existantes pour tous les pays qui le souhaitent et la négociation d’autres règles". Dans sa ligne de mire : la barre des 3% de déficit, le CETA, la directive des travailleurs détachés... Le candidat souhaiterait également la fin de l’indépendance de la Banque centrale européenne, l’arrêt de la libéralisation des services publics, une dévaluation de l’euro pour revenir à la parité initiale avec le dollar...

S’il n’obtient pas satisfaction sur ce projet de refonte européenne, le candidat promet alors de dégainer son plan B, à savoir "une sortie des traités européens unilatérale par la France pour proposer d’autres coopérations". Le député européen ne s’interdirait pas, alors, de "réquisitionner la Banque de France pour transformer l’euro en monnaie commune et non plus unique", et la mise en place d’un "contrôle des capitaux et des marchandises aux frontières nationales".

International : sortir de l’Otan, parler avec la Russie

C’est l’une des mesures phares de Jean-Luc Mélenchon. En cas d’accession à la présidence de la République, le leader de la France insoumise promet le retrait immédiat de la France du commandement intégré de l’Otan. Au nom de l’indépendance militaire du pays, en particulier vis-à-vis des Etats-Unis. Défendant une position non-alignée, le candidat a plusieurs fois répété qu’il souhaitait que la France "tourne la page du tropisme atlantiste".

Jean-Luc Mélenchon milite également pour renouer le dialogue avec la Russie de Vladimir Poutine. "Les Russes sont des partenaires et avec eux, quel que soit le régime, il faut discuter, négocier, et s’accorder, car il n’y a pas d’autre alternative, sinon la guerre ou la montée à la guerre dont nous ne voulons pas", explique le candidat, mettant en garde contre "l’atmosphère belliqueuse actuelle" à l’égard de ce pays, qui, estime-t-il, est "extrêmement dangereuse ". Une position qu’il définit comme réaliste, et non pas dictée par une quelconque fascination pour le dirigeant russe.

Organiser une conférence sur les frontières en Europe, notamment celles de la Crimée. C’est l’autre proposition majeure du candidat sur le plan de la politique étrangère. Les frontières internationales issues de l’éclatement soviétique devraient être aujourd’hui renégociées au motif qu’elles n’ont pas fait l’objet d’un accord international, dit, en substance, Jean-Luc Mélenchon. Une proposition qui n’a pas manqué de renforcer les critiques de ceux qui l’accusent régulièrement d’une trop grande mansuétude envers Vladimir Poutine.

Il propose aussi...

Le rétablissement d’un service national de 9 à 12 mois, obligatoire pour garçons et filles entre 18 et 25 ans, rémunéré au Smic

Le recrutement d’au moins 60.000 enseignants supplémentaires sur le quinquennat

De restaurer la police de proximité, démanteler les Brigades anti-criminalité (BAC), ramener les effectifs de policiers et gendarmes à ceux de 2007.

La légalisation du cannabis

L’autorisation de la PMA sans condition (mais interdiction de la GPA)

De "combattre la ’sondocratie’", en interdisant les sondages 60 jours avant les élections


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