En tapant sur Mélenchon, Hamon "veut regagner le cœur de cible de l’électorat socialiste"

mercredi 5 avril 2017.
 

En chute dans les sondages, passé derrière Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon a décidé de s’asseoir sur le pacte de non-agression qui les unissait. Une façon de montrer qu’"il n’est pas un copié-collé" de Mélenchon.

Ces deux-là avaient décidé de s’épargner. Non pas officiellement mais, stratégiquement, se critiquer ou s’envoyer des noms d’oiseaux n’était pas très utile. Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon avaient donc passé une sorte de pacte de non-agression.

Il n’aura duré que le temps d’un débat. Celui organisé sur TF1, le lundi 20 mars, où les deux hommes avaient redoublé d’amabilités l’un envers l’autre, prenant bien soin de s’éviter - hormis un échange plus tendu sur la Russie. Mais ça c’était avant. Avant que Benoît Hamon ne dévisse dans les sondages. Avant qu’il ne passe derrière le candidat de la France Insoumise. Avant que la fébrilité ne gagne du terrain.

Le candidat du Parti socialiste s’est ainsi agacé que l’on s’intéresse un peu trop à cette évolution des sondages. Selon des propos rapportés par Le Figaro ce lundi 27 mars, Hamon a ainsi cherché à relativiser sa chute : "Je ne suis pas obsédé par Jean-Luc Mélenchon, il est faible sur les questions européennes et internationales." Mathieu Hanotin, l’un de ses directeurs de campagne, s’est lui offert le luxe de se payer Macron et Mélenchon en une fois : "Emmanuel Macron a renoncé à être de gauche, Jean-Luc Mélenchon a renoncé à gouverner." Ce lundi, sur LCP, Pascal Cherki, député du 14ème arrondissement et proche du candidat, en a remis une couche : "Nous ne sommes pas d’accord pour remettre en cause les frontières, pas d’accord pour le "Frexit", nous ne sommes pas d’accord pour s’aligner sur Poutine".

Un soudaine libération de la parole qu’explique très simplement cette figure de l’aile gauche socialiste à Marianne : "C’est une volonté de regagner le cœur de cible de l’électorat socialiste. Celui qui est dans une position centrale. Hamon a besoin de montrer qu’il n’est pas scotché à Mélenchon, qu’il n’est pas un copié-collé. C’est pour ça qu’il appuie sur ce qui les séparent, notamment l’Europe et les Affaires étrangères. C’est aussi un moyen de faire taire l’aile droite du parti. Ne pas leur donner trop d’arguments pour prendre le large."

Guillaume Balas, député européen et coordinateur du projet de Benoît Hamon n’est pas du même avis. "Il y a toujours eu des divergences avec Mélenchon. Mais lors du débat, on a été très surpris de voir cette convergence entre François Fillon et lui sur la Russie. On ne va pas cacher qu’on ne partage pas cette analyse. Ça n’a rien avoir avec les sondages", explique-t-il.

Et ce qui différencie fondamentalement le candidat socialiste de celui de la France Insoumise ? "Je ne suis pas sûr que l’agenda de Mélenchon soit la présidentielle mais la recomposition de la gauche. Alors que Benoît, lui, c’est la gauche qui veut transformer la société", assène l’eurodéputé. Une analyse que l’on n’entendait pas il y a encore quelques semaines...

Bruno Rieth


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