21 mars Journée Internationale pour l’élimination de la discrimination raciale

vendredi 17 mars 2017.
 

La Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale est célébrée chaque année le 21 mars, pour commémorer ce jour de 1960 où, à Sharpeville (Afrique du Sud), la police a ouvert le feu et tué 69 personnes lors d’une manifestation pacifique contre les lois relatives aux laissez-passer imposées par l’apartheid.

En proclamant la Journée internationale en 1966, l’Assemblée de l’ONU a engagé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éliminer toutes les formes de discrimination raciale [résolution 2142 (XXI)].

A) Message de Kofi Annan pour le 21 mars 2004

A l’occasion de la journée 2004, Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, a eu l’occasion de diffuser le message suivant :

Le 21 mars 1960, une manifestation non violente de protestation contre la loi sur les laissez-passer - une des institutions les plus honnies de l’apartheid - eut lieu à Sharpville, en Afrique du Sud. Bilan : 69 morts parmi les manifestants. Le massacre de Sharpville fut un moment décisif dans la lutte contre l’apartheid. Il amena aussi l’Assemblée générale [des Nations unies] à instituer cette journée annuelle, dont l’objet est d’appeler l’attention sur la lutte contre le racisme, où qu’il se manifeste et quelle que soit l’époque.

Cette année est celle du dixième anniversaire du génocide rwandais, ce qui nous rappelle les horreurs que peut entraîner la haine ethnique et raciale. C’est aussi celle du bicentenaire de la révolution à Haïti, grâce à laquelle les peuples des Caraïbes et d’Amérique latine furent libérés de l’esclavage. Et 2004 est enfin, comme l’a décidé l’Assemblée générale, l’Année internationale de commémoration de la lutte contre l’esclavage et de son abolition. A travers ces trois événements, nous devons non seulement honorer la mémoire des victimes de tragédies passées, mais aussi manifester notre ferme volonté d’éviter que d’autres ne subissent un sort semblable à l’avenir.

Cela veut dire que nous devons mettre fin aux conséquences, qui persistent à ce jour, de l’esclavage et du commerce des esclaves. Ces injustices historiques sont parmi les causes de la pauvreté, du sous-développement, de la marginalisation, de l’exclusion sociale, des disparités économiques, de l’instabilité et de l’insécurité dont beaucoup souffrent aujourd’hui dans différentes parties du monde, en particulier dans les pays en développement. A la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée qui s’est tenue en 2001, les Etats ont reconnu que l’esclavage et le commerce de l’esclavage avaient été des tragédies effroyables pour l’humanité et figuraient parmi les principales causes du racisme. L’Organisation des Nations Unies demeure fermement déterminée à aider les peuples et les pays à surmonter cet héritage du passé, ainsi qu’à combattre les formes contemporaines de l’esclavage - comme le travail forcé, notamment à des fins d’exploitation sexuelle - qui continuent de peser sur notre conscience collective.

Le racisme est aussi une des racines du génocide. Les pratiques racistes, les idéologies racistes, et les discours déshumanisants qui nient la dignité et les droits de groupes entiers doivent être condamnés. Mais condamner ne suffit pas : nous devons aussi renforcer nos capacités d’alerte rapide et de prévention des génocides, des massacres, des nettoyages ethniques et des autres crimes du même genre et soutenir vraiment les efforts déployés pour que les coupables soient traduits en justice, notamment devant la Cour pénale internationale. Je compte nommer prochainement un conseiller spécial pour la prévention du génocide et faire d’autres propositions visant à renforcer notre action dans ce domaine.

La tolérance, le dialogue interculturel et le respect de la diversité sont plus indispensables que jamais dans un monde où les peuples sont plus interconnectés que jamais. Nous comptons sur les gouvernements, en particulier, pour qu’ils aient la volonté politique nécessaire et agissent résolument. Cette Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale est l’occasion pour chacun de nous de repenser au principe fondamental énoncé dans la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits l’homme, celui de l’égalité de tous les êtres humains, et le mettre en pratique.

B) 21 mars - Journée internationale de lutte contre le Racisme. Communiqué du MRAP

Plus de 50 ans après l’instauration par l’ONU de la Journée internationale de lutte contre le racisme, le MRAP s’inquiète d’une montée sans précédent de toutes les formes de racisme et du rejet de l’Autre. Les vieux démons réapparaissent. Les actes et comportements racistes se banalisent et gagnent l’ensemble des sociétés européennes.

Les politiques néolibérales marquées par la montée de la précarité, du chômage, des inégalités, de la pauvreté minent nos sociétés. Les porteurs idéologiques du racisme et de la xénophobie ont le vent en poupe !

Il y a 45 ans, la loi Pleven de 1972 a introduit dans la loi de 1881 sur la liberté de la presse le délit de racisme. La liberté d’expression ne saurait être confondue avec l’expression raciste qui, elle, porte atteinte au droit à l’égalité et à la dignité de la personne humaine.

Face aux transformations techniques introduites notamment par l’usage généralisé d’Internet, face à l’envahissement des réseaux sociaux par les propos et la propagande haineuse, face à l’irresponsabilité qui règne sur ces réseaux il est urgent de faire évoluer notre législation. Elle doit être adaptée aux évolutions sociales afin de mieux caractériser les délits de racisme et y apporter les réponses adaptées.

La campagne électorale de ce printemps est gangrenée avec une intensité sans précédent par les idées véhiculées par l’extrême-droite et la droite extrême et trop souvent reprises par d’autres. L’antisémitisme, l’islamophobie directs ou insidieux s’affichent sans complexe. La laïcité est instrumentalisé et mise au service de discours identitaires.

Des citoyens français, dont les familles portent la mémoire de la colonisation, se voient discriminés, contrôlés, toujours suspectés d’un manque de loyauté envers la France. Ceux dont la nationalité française n’est pas tout à fait "égale" voient leur dignité bafouée lors d’interpellations parfois violentes pouvant dégénérer en de tragiques “bavures”.

Parce que le racisme prospère sur les inégalités, le MRAP appelle à une mobilisation de toutes et tous pour une véritable égalité des droits. La solution n’est pas dans de futurs matins bruns, mais dans la mobilisation pour faire reculer les problèmes sociaux et politiques de la France, générateurs de souffrances, d’inégalités et de ghettoïsation.


C’est sur ces bases universalistes que le MRAP appelle à manifester le 19 mars pour la justice et la dignité, contre tous les racismes, pour les valeurs de la République, d’égalité, de liberté, de fraternité.


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