Le chantage aux parrainages du PCF sur Mélenchon

mercredi 15 mars 2017.
 

Le candidat de la France Insoumise rencontre des difficultés notables dans la récolte de ses 500 parrainages notamment parce que le PCF a « retenu » ceux de ses 850 élus pour signifier son mécontentement.

On s’en cache à peine au Parti communiste : les difficultés rencontrées par Jean-Luc Mélenchon à réunir les 500 parrainages ne sont pas le fruit du hasard.

En effet, comment expliquer que le candidat de la France insoumise soit bloqué ce vendredi à 432 parrainages, dépassé par le petit candidat François Asselineau ? Le Parti communiste, dont la base a voté un soutien à la campagne de Jean-Luc Mélenchon contre l’avis de sa direction, dispose pourtant de 850 élus en capacité d’apporter leur parrainage. Et s’ils ne le font pas, c’est pour envoyer un message de mécontentement. En effet, le soutien à la campagne de la France Insoumise ne s’est fait sans aucun accord d’appareil et un certain nombre d’élus communistes s’inquiètent de voir des candidats mélenchonistes investis dans les circonscriptions qu’ils visent aux prochaines législatives.

Interrogé le 5 mars sur France 3 dans Dimanche en Politique, Jean-Luc Mélenchon, a assuré attendre « avec calme et confiance » ses signatures. « Il y a ceux qui me les ont assurées, et ceux dont ce sera sans doute le devoir », a-t-il ajouté, en référence aux possibles réticences de certains communistes hostiles à sa campagne… « La direction communiste a donné pour consigne de geler et d’envoyer le plus tard possible », croit-il en outre savoir.

L’« arrogance » de Mélenchon dénoncée

À la tête de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône, Pierre Dharréville le reconnaît entre les lignes : « La difficulté dans les discussions avec Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise a pu peser dans les hésitations et le temps pris par un certain nombre d’élus communistes ». Un dirigeant communiste se dit encore secoué par « l’arrogance » du candidat à la présidentielle lors d’une réunion en février avec ses alter ego du PCF. « Mélenchon, c’est quelqu’un qui arrive en nous disant qu’il a 200 000 followers sur YouTube, qu’il a ses parrainages, et qu’en gros, il n’a besoin de rien… En plus, il nous colle des candidats aux législatives dans toutes les circonscriptions, y compris là où nous avons des sortants. Eh bien voilà, ça agace ».

« Sans le Parti communiste, Jean-Luc Mélenchon ne pourrait pas être candidat à l’élection présidentielle », a opportunément souligné Pierre Laurent, le chef de file du PCF, invité de l’émission politique du Huffington Post, du Lab d’Europe 1, du JDD et de Linternaute.com ce jeudi. « Il y a un parti qui compte dans la vie politique, qui a des élus locaux, sans lesquels il n’y aurait probablement pas de candidature de Jean-Luc Mélenchon ».

Sans illusions quant à ses chances de créer l’unité entre Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon pour la présidentielle, Pierre Laurent voudrait l’imposer aux législatives, mais la charte des Insoumis que Mélenchon veut imposer à tous ses candidats est un frein. « Les obstacles sont en train de tomber », veut-il croire, en annonçant que le PCF, lui, n’hésitera pas à soutenir des candidats hors de ses rangs, tel François Ruffin à Amiens.

Marc de Boni et Sophie de Ravinel


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message