Fillon, Theo... Encore deux poids, deux mesures

lundi 13 février 2017.
 

Deux affaires font la une des médias depuis quelques jours. Une plus sordide que l’autre et pourtant le traitement médiatique de ces infos est tout simplement hallucinant. Pour reprendre une formule bien connue, c’est un peu le poids des mots face au choc des photos ou des images en l’occurrence.

Dans l’affaire Fillon, bon nombre de journalistes parlent de lynchage. Le mot est fort au regard de la situation qui ne fait que mettre en lumière les pratiques (vertueuses ?) du monsieur propre de la droite. Ce « saint » homme se dit humilié et traîné dans la boue. Le pôvre !

Je n’ose imaginer ce qu’il aurait pensé si pour une interpellation « musclée » (termes policiers) dont il aurait pu faire l’objet, la police l’avait fait glisser « involontairement » sur une matraque au point de lui faire comprendre tout ce qu’une sodomie forcée peut receler de puissance d’humiliation en comparaison de l’exposition sur la place publique de toutes ces magouilles de châtelain sarthois.

De mon délire fiction à la réalité il n’y a malheureusement qu’un pas et c’est le jeune Théo qui en est la victime. Double victime même, puisque après avoir subi un viol en réunion qui s’apparente à une scène de torture puis subi des insultes et des humiliations, voilà que sa version des faits est remise en cause par l’IGPN et par les medias qui se font le relais de cette version policière malgré un certificat médico légal qui ne peut laisser planer aucun doute sur le côté volontaire de cette agression sexuelle à connotation raciste.

Si pour l’affaire Fillon les journalistes osent des mots aussi forts que lynchage, humiliation, il est purement et simplement scandaleux que la majorité d’entre eux parlent « d’interpellation musclée qui aurait dérapé » pour parler de ce qui est ni plus plus ni moins au regard de la loi qu’un viol avec les trois circonstances aggravantes suivantes :

Par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions ou de sa mission. Par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteur ou de complice. Avec usage ou menace d’une arme.

Pour ces faits, les peines encourues sont de dix ans de prison ferme si l’ITT est de 8 jours. Pour Théo, l’ITT est de 60 jours.

Faudra-t-il donc attendre qu’un homme ou qu’une femme politique se fasse interpeller de façon musclée (ne pas dire « enculer », ce verbe pourrait en choquer certains) pour que les médias mettent enfin les VRAIS mots sur les agissements de certains flics criminels ?

Ça s’arrêtera quand le « deux poids, deux mesures » dans ce pays ?

La paix civile ne pourra pas exister sur le long terme tant que certains comportements et certains crimes resteront impunis aussi bien du côté des voyous que du côté des forces de l’ordre.

Autrement, il y aura toujours une poignée de révoltés qui voudront rendre justice par eux-mêmes d’une façon certainement inappropriée mais empreinte d’une colère légitime.

Cette colère qui se retournera obligatoirement contre eux et contre les minorités les plus exposées à certaines dérives policières car elle ne frappe pas au bon endroit.

Brûler des voitures dans son propre quartier ou incendier une école c’est nuire aux gens qui vivent souvent les mêmes galères, c’est donc contre-productif et en plus ça repositionne les flics dans le rôle de protecteurs des biens privés et publics et les gens les remercient au final.

Les émeutes de 2005 en sont le parfait exemple. Face à une révolte qui était légitime au départ suite à la mort de deux mômes à Clichy-sous-Bois, ce sont les flics qui ont obtenu gain de cause à l’arrivée et obtenu encore plus de moyens pour lutter contre ce que tous les médias s’empressaient à l’époque de qualifier de guerillas urbaines.

On a bien vu comment tous les médias, le pouvoir politique et les syndicalistes peuvent traiter l’info dès qu’un fonctionnaire de police est agressé ou tué, ils font tous bloc en dénonçant l’inacceptable et en réclamant des condamnations exemplaires pour les criminels.

Dans le cas de cette affaire Théo, l’unité a volé en éclats et ils ne sont pas nombreux à réclamer des sanctions exemplaires contre les policiers impliqués. Le corporatisme fait front (national) bien sûr et rien ne changera tant qu’une volonté politique déterminée ne cassera pas tout ce système.

Alors à qui êtes-vous prêts à faire confiance pour casser ce système et mettre fin à l’impunité policière ?

Par Baloo Kâa


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