Aulnay : Violences policières... Pourquoi ? jusqu’où ?

mardi 14 février 2017.
 

A) Pourquoi les violences policières se banalisent (France Culture)

https://www.franceculture.fr/societ...

Que dit l’interpellation extrêmement violente d’un jeune d’Aulnay-sous-Bois des relations entre la police et la population, notamment dans les quartiers populaires ?

Un policier de Seine-Saint-Denis a été mis en examen pour viol ainsi que trois de ses collègues pour violences suite à une interpellation au cours de laquelle un fonctionnaire a enfoncé sa matraque dans l’anus d’un jeune habitant d’Aulnay-sous-Bois. L’affaire a pris un tournant politique avec la visite à l’hôpital du président François Hollande à la victime de 22 ans. Ce fait divers, loin d’être isolé, s’inscrit dans le cadre d’une tension de plus en plus exacerbée entre la police et la population, notamment dans les quartiers populaires. Pour quelles raisons ces faits se multiplient ? Tentative d’explication avec plusieurs émissions de France Culture.

"Il est un élément central quand il est question de l’usage de la violence par la police, c’est la question de sa proportion. Le droit encadre relativement peu l’usage de la force par la police parce qu’il est difficile de le faire à partir du moment où un Etat confie à une institution le droit d’user de la force".

Le sociologue Cédric Moreau de Bellaing, auteur de "Force publique, autour une enquête sociologique sur les violences policières" était l’invité de Sylvain Bourmeau dans La Suite dans les idées en juin dernier.

L’occasion de revenir sur les dérives qui touchent l’institution policière, et qui ne se limitent pas au cas de violences. Pour son livre, le sociologue a pu passer plusieurs semaines au sein de l’Inspection Générale des Services (IGS) chargée d’enquêter sur les policiers à Paris et en proche banlieue.

Il a constaté un "écart entre le nombre de plaintes déposées pour des violences et le nombre de sanctions prononcées". Ce qui peut nourrir un certain sentiment d’impunité dans l’opinion publique. Et surtout que :

"Les affaires dépassent largement le cadre de la violence. Les officiers qui enquêtent sur d’autres policiers travaillent également sur des cas de corruption, un certain nombre de dysfonctionnements, des fautes professionnelles internes, des comportements avec le public, des policiers qui occupent un autre emploi alors que c’est interdit".

La question des violences policières est réapparue lors des manifestations contre la Loi travail, qui ont été émaillées de violences disproportionnées de la part de manifestants et de policiers. L’utilisation par ces derniers de grenades de désencerclement ayant conduit dans certains cas à des blessures graves. Certains ont dénoncé un tout-sécuritaire oppressant, d’autres le comportement intolérable de "casseurs" face à des policiers exténués. Où en est la fonction policière aujourd’hui ? Retour sur les origines de cette culture à part.

La question spécifique de l’équipement des policiers a été très débattue à la fin de l’année 2014 suite à la mort de Rémi Fraisse, un manifestant tué par une grenade offensive jetée par un gendarme mobile à Sivens.

Ces derniers mois, la place de la police et ses prérogatives ont été largement élargies suite à la mise en place de l’état d’urgence. Les policiers sont en première ligne dans la lutte contre le terrorisme. Plusieurs policiers ont été tués ou blessés lors des attentats de Charlie hebdo et de l’Hyper Casher en janvier 2015, et en novembre 2015. Cette semaine, le parlement examine un projet de loi visant à assouplir le cadre de la légitime défense pour les forces de l’ordre. Christian Mouhanna, sociologue, directeur du CESDIP a beaucoup travaillé sur le sujet.

"Est-ce qu’il est normal d’avoir peur de sa police ?"

C’est ce que criait une manifestante un jour de défilé contre la Loi travail. Dans le même temps, les sondages indiquent que l’opinion publique a, majoritairement, une bonne image de la police. Tout en étant convaincue que chaque citoyen n’est pas traité de la même manière selon son origine. Signe d’une relation ambiguë en France entre la population et sa police, quelque part entre respect, on l’a vu au lendemain des attentats, et une certaine défiance quant à la logique de leurs actions.

Il est un élément important du débat à ne pas occulter, sans considérer qu’il est le seul élément explicatif des dérives policières : les conditions de travail dans les lesquelles exercent les forces de l’ordre. Un sous-effectif chronique, des conditions matérielles dégradées, un manque de considération, des tâches de plus en plus nombreuses, et souvent indues.

En octobre, suite à l’attaque contre des policiers aux cocktails molotov, des centaines de policiers ont manifesté quasi-quotidiennement pour dire leur ras-le-bol et leurs souffrances. Par ailleurs, dans son rapport annuel publié ce mercredi 8 février, la Cour des comptes alerte sur la situation des CRS : leurs effectifs ont diminué de 7,5% en cinq ans, et pourtant, ils sont de plus en plus employés, notamment depuis le relèvement du plan Vigipirate qui amène les fonctionnaires à multiplier les rondes et les gardes, loin des missions traditionnelles de maintien de l’ordre.


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