"Renoncer à changer le monde, c’est renoncer à être soi-même dans un monde meilleur"

vendredi 23 décembre 2016.
 

Jean-Luc Mélenchon en Martinique

Le candidat de La France insoumise, en visite dans les Caraïbes, appelle «  à la rescousse  » la Martinique et la Guadeloupe pour relever les «  défis  » de l’autonomie énergétique et de la souveraineté alimentaire.

C’est aujourd’hui que Jean-Luc Mélenchon doit achever sa visite aux Antilles. Le candidat à la présidentielle s’est saisi de son voyage en Martinique et en Guadeloupe pour présenter son programme concernant les outre-mer et aller à la rencontre des habitants dont un peu plus de 5 % avaient voté pour lui en 2012. Décidé à convaincre davantage, il a réuni, samedi au Lamantin, en Martinique, 500 personnes, selon les médias locaux, dont une partie n’a pu accéder à la salle et a suivi le discours sur écran géant. Le tout avant un autre meeting au Gosier, en Guadeloupe, hier soir. « Je ne suis pas venu promettre de l’aide, je suis venu vous appeler à la rescousse. Je suis venu vous enrôler pour une cause plus grande que la vie de chacun d’entre nous et qui concerne le destin de la patrie commune », a lancé le député européen, invitant à un travail collaboratif sur son programme, encore « au début d’un processus ». Son mouvement, La France insoumise, a mis en ligne quelques jours avant son départ un « document de travail » sur l’outre-mer visant à compléter son programme, « l’Avenir en commun », autour de deux volets  : « faire vivre la République partout et pour tous » et « lutter contre les féodalités économiques ».

Relocalisation de la production et fin du tout-export

Ces territoires ne sont pas des « régions ultrapériphériques », a défendu Jean-Luc Mélenchon sur place, et peuvent être « pilotes » dans au moins deux domaines  : « l’autonomie énergétique », via une « planification écologique » qui permettrait d’investir « l’économie de la mer » et créer tant des savoir-faire que potentiellement 300 000emplois, et la « souveraineté alimentaire », avec notamment la relocalisation de la production, la fin du tout-export et un « protectionnisme solidaire » basé sur des critères sociaux et environnementaux. « On ne peut pas changer notre mode de production et notre mode d’échange pour être conforme à l’intérêt général humain, si on ne change pas notre mode de consommation », a-t-il plaidé.

Au vu de l’intensité de la crise et des promesses non tenues, il y aura sans doute fort à faire pour convaincre. « Nous jugerons sur pièces car nous sommes trop habitués aux belles déclarations, constate Élie Domota. Comme celles, en 2012, de M. Hollande sur l’encadrement des prix et le développement économique qui se sont traduites, cinq ans plus tard, par une trahison totale. Rien de ce qui a été annoncé n’a été fait. Les lois Lurel sur la vie chère au lieu de s’attaquer à la profitation ont validé et légitimé la domination des importateurs-distributeurs sur l’économie guadeloupéenne. »

Le syndicaliste guadeloupéen, figure du mouvement de grève de 2009, estime que respecter les « valeurs de la République » serait permettre « la décolonisation ». S’il n’a pas encore pris de position quant au candidat à la présidentielle, le Parti communiste martiniquais (PCM) estime que « l’égalité réelle en soixante-dix ans n’a pas été réalisée, précisément parce qu’on a voulu faire du rattrapage et du copier-coller sans tenir compte des réalités sociologiques et historiques qui expliquent le mal-développement », selon Michel Branchi, économiste membre de sa direction. Face à l’urgence sociale – « 35 % des Martiniquais vivent sous le seuil de pauvreté métropolitain »–, ce dernier plaide non seulement pour une « intervention sociale massive », mais surtout pour que « la République française passe un nouveau contrat avec les peuples d’outre-mer » qui tienne compte du droit à l’autodétermination.

Lors de ses interventions, c’est « un élan » qu’a voulu susciter Jean-Luc Mélenchon. « Il n’est pire maladie de l’âme et du cœur que la résignation, a-t-il conclu au Lamantin. " »

Julia Hamlaoui, L’Humanité


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