¡ La lucha continua, commandante !

vendredi 2 décembre 2016.
 

Que ce soit bien clair : nous avons commis des erreurs, évidemment. Et nous en commettrons d’autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n’abandonnerons le combat pour un monde meilleur, jamais nous ne baisserons la garde devant l’Empire, jamais nous ne sacrifierons le peuple au profit d’une minorité. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait non seulement pour nous, mais aussi pour l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, les générations futures. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, et parfois plus, sans rien demander en échange. Rien. Jamais. (Fidel Castro)

D) Hommage à Fidel (PG)

Le Parti de Gauche rend hommage à Fidel Castro. Nous nous associons à la peine des millions de cubains et sud-américains qui pleurent Fidel. Ils ont vu en lui, à juste titre, une des figures révolutionnaire, socialiste et anti impérialiste les plus importantes de leur histoire.

Nul ne peut comprendre l’importance de Castro bien au delà de Cuba s’il n’a conscience, pour reprendre le titre du livre célèbre de Edouardo Galeano, que l’Amérique latine a toujours eu les veines ouvertes par les pays impérialistes dont évidemment, le dernier prédateur en date, les Etats-Unis.

La résistance du peuple cubain depuis plus de 50 ans à une tentative d’invasion et à un blocus inique et illégal a servi d’exemple à toutes les révolutions citoyennes d’Amérique Latine. Plus que jamais, le PG appelle à ce que soit levé définitivement ce blocus, ce qui sera une victoire posthume de Fidel. Le PG sera présent à l’hommage rendu à Fidel Castro ce samedi soir à 18 h aux pieds de la statue Simon Bolivar à Paris.

Eric Coquerel Co-coordinateur politique du Parti de Gauche

C) ¡Hasta siempre Comandante ! – Fidel Castro

Par Pierre Beaudet, Ottawa

Les prochaines générations se souviendront longtemps de Fidel Castro et de sa révolution improbable. En 1959 avec une poignée de guérilléros et une organisation fantomatique, il s’empare du pouvoir détenu par quelques voyous et mafiosos. Au début, les États-Unis hésitent, mais rapidement, le conflit éclate, notamment lorsque le nouveau gouvernement décide de redistribuer les terres qui appartiennent à la puissante United Fruit. Dès 1960, une guerre invisible commence avec les multiples tentatives de la CIA d’assassiner Castro. En 1961, une tentative d’invasion menée par des mercenaires cubains à la solde des États-Unis se termine par un lamentable échec. En 1962, le monde passe à un cheveu de la guerre nucléaire quand les États-Unis décident d’empêcher l’installation de missiles soviétiques à Cuba.

Castro tient le coup parce qu’essentiellement, il a l’appui de la population. D’une part, il rompt avec la corruption généralisée et l’insolence des riches qui avaient transformé ce pays en une sorte de bordel délirant des États-Unis. D’autre part, le nouveau régime, certes peu démocratique, a l’immense qualité de répondre aux besoins du peuple, ce qui place Cuba bien en avant des pays d’Amérique latine au niveau des politiques sociales et de l’intégration socio-économique des couches marginalisées (notamment des Afro-Cubains). Cuba devient le champion dans plusieurs domaines (santé maternelle et infantile, alphabétisation et scolarisation, etc.)

En fin de compte, Fidel Castro sort renforcé de ces confrontations avec les États-Unis et se met à rêver d’une révolution latino-américaine. Son camarade Che Guevara part organiser d’illusoires insurrections qui se terminent par sa mort en Bolivie en 1966. Ailleurs, des mouvements guérilléros inspirés et appuyés par Cuba connaissent des échecs retentissants. Entre-temps, Castro dirige une réorganisation de l’économie et de la société cubaine selon le « modèle » socialiste. Pratiquement tout est nationalisé, jusqu’aux salons de coiffure. Malgré des tentatives de diversification, Cuba reste dépendant de ses exportations de sucre vers l’Union soviétique en échange de produits industriels. Dans les années 1970, Castro décide d’investir son pays dans la tourmente africaine. Plusieurs milliers de soldats sont déployés en Angola pour soutenir la faction au pouvoir (le MPLA) qui combat l’opposition armée par les États-Unis et l’Afrique du Sud.

À la fin des années 1980, l’implosion de l’Union soviétique précipite une grave crise économique et sociale. Un grand nombre de Cubains tente de quitter le pays. La colère populaire s’accroît contre le régime, bien que l’aura de Fidel Castro demeure importante. Des mesures d’austérité sont imposées pour permettre de préserver les acquis sociaux. On mise sur le tourisme pour apporter les devises nécessaires à l’importation de biens essentiels (Cuba reste déficitaire au niveau de la production alimentaire).

À la fin des années 1990, le vent du changement revient dans l’hémisphère. L’arrivée au pouvoir au Venezuela d’Hugo Chavez et puis tard, l’élection des gouvernements progressistes dans plusieurs autres pays, permettent de réinsérer Cuba dans la dynamique régionale. Grâce à l’appui économique du Venezuela, la situation s’améliore. Le symbole de Fidel Castro comme le résistant de la première heure reste important, ce qui explique l’affection des peuples et le respect que plusieurs leaders latino-américains éprouvent pour Fidel.

Dans les années 2000, la transition est entreprise avec la passation progressive des pouvoirs à son frère Raúl. Malgré divers problèmes de santé qui s’aggravent jusqu’à son décès, il continue d’intervenir publiquement dans les débats cubains. Tout en admettant l’échec de la révolution sur le plan économique, il continue de mettre en garde son pays contre une capitulation face aux pressions internes et externes qui voudraient que Cuba s’insère dans la dynamique capitaliste. Présentement à Cuba, un débat à plusieurs voix met aux prises diverses options, qui vont de la réintégration pure et simple de Cuba dans son statut de semi-colonie des États-Unis à l’élaboration d’un projet socialiste rénové incluant une démocratisation en profondeur des institutions. L’opposition cubaine regroupée derrière de puissantes factions de droite exilées à Miami espère une implosion totale du régime.

Lors de mes visites à Cuba dans les années 2000, à l’époque où j’animais le réseau Alternatives, j’ai constaté la force et les contradictions de ce pays passionnant. Les intellectuels communistes « réformateurs » avec qui nous avons œuvrés, espéraient une évolution du système, via une certaine décentralisation administrative et l’exploration de nouvelles politiques pour permettre le développement des communautés via l’agro-écologie. Ils craignaient la pesante bureaucratie construite dans le sillon d’un pouvoir hyper fort et personnalisé. Ils n’aimaient pas particulièrement Raúl connu pour ses penchants autoritaires et son attraction pour le « modèle » chinois (tournant capitaliste d’une part, maintien du régime non-démocratique d’autre part). Ils espéraient en fin de compte que la vague « rose » latino-américaine puisse remettre le projet socialiste sur ses rails à travers de nouvelles orientations et de nouvelles solidarités. Aujourd’hui à ce que j’entends, ils sont plutôt pessimistes, mais l’histoire n’est jamais finie !

L’héritage de Fidel Castro a donc plusieurs facettes. L’Astérix latino-américain qui a défié l’empire pendant plusieurs décennies est ce qui reste dans la conscience populaire. Franchement, on ne peut pas être étonné de cela compte tenu des ravages que l’impérialisme a provoqué dans cette région du monde. Encore aujourd’hui, les États-Unis constituent un formidable obstacle contre le progrès social et la paix, pas seulement en Amérique latine.

Par ailleurs, le projet de transformation imaginé par Castro et ses compagnons aux lendemains de la révolution a été un échec. Les avancées sociales indéniables, réalisées dans des conditions d’une grande diversité, ont permis au peuple d’améliorer ses conditions de vie, du moins jusqu’au déclin prononcé observé depuis les années 1990. Cependant, le pays est resté enfermé par un pouvoir autocratique, qui permet la dissidence, et encore de temps en temps, à condition qu’elle s’inscrive dans des contraintes très étroites. Sur le terrain économique, l’étatisation des entreprises ne s’est pas métamorphosée dans une capacité réelle des travailleurs et des travailleuses de changer le sens, le contenu et la forme du travail, qui est resté subordonné à un petit groupe.

Sur un plan plus personnel, on retiendra de Fidel Castro une détermination absolue, un courage politique rare et un style de vie plutôt austère. Cette droiture lui a mérité le respect, alors que la plupart des gouvernants dans cette région du monde (et ailleurs !) se vautrent dans la fange. Sa propension à penser qu’il avait tout raison, aussi bien face aux problèmes de l’agriculture cubaine qu’aux défis de la révolution africaine, reste son côté sombre. Dans le fonds, Fidel Castro était le descendant de cette immense tradition latino-américaine qu’on appelle le « caudillisme », où le chef est plus qu’un chef, face auquel la société toute entière demeure dépendante.

Aujourd’hui dans le sillon des grandes luttes sociales cependant, cette tradition perd un peu de son éclat. Les paysans boliviens ne pensent plus que le gouvernement progressiste va les « sauver ». Les nouvelles générations au Brésil et en Argentine ont cessé d’attendre des messies et continuent à s’auto-organiser. Une puissante intellectualité prend forme pour chercher du côté de l’écosocialisme et de la démocratisation de la démocratie.

La lucha continua, Comandante !

Pierre Beaudet, Ottawa

B) Réaction de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et président du PGE

C’est avec une très vive émotion que j’ai appris le décès du Président Fidel Castro. Il fut l’artisan de l’une des plus importantes révolutions initiées au XX°siècle et une personnalité majeure de notre histoire.

La révolution qu’il dirigea dès 1953, est l’un des plus fondamentaux moments de l’histoire de Cuba et de l’Amérique latine. Pour le peuple cubain, elle a permis la conquête de l’indépendance et le début d’un processus de construction d’une nouvelle société. A l’échelle de l’Amérique latine, elle reste un symbole de résistance et la démonstration de la possibilité de bâtir une société juste et souveraine pour tous les peuples.

Le décès de Fidel Castro intervient alors que Cuba entre dans une nouvelle étape initiée par le rétablissement des relations avec les États-Unis qui pendant des décennies mobilisèrent tous les moyens possibles pour abattre la révolution cubaine sans jamais y parvenir. La politique de harcèlement et de blocus mise en œuvre par Washington a fait la démonstration de l’impuissance des Etats-Unis face à la résistance de tout un peuple et aux changements progressistes intervenus dans la région. L’influence de Fidel Castro a été décisive tant par sa vision politique que par sa volonté et celle du peuple cubain de défendre la souveraineté de Cuba. Avec lui, la lutte pour l’indépendance s’est jointe à celle de la construction d’une société nouvelle et socialiste. Fidel Castro fit face toute sa vie aux multiples attaques violentes dont son île et sa personne furent l’objet. Il fut admiré par ses soutiens comme par ses détracteurs pour son courage, son sens politique, sa grande culture, et les combats progressistes de solidarité internationale qu’il mena toute sa vie à l’image de la lutte contre l’apartheid ou par l’envoi de milliers de médecins cubains à travers le monde.

Aux côtés des forces de gauche latino-américaines, il joua un rôle de premier plan dans l’émergence d’une nouvelle configuration politique marquée par l’arrivée des gouvernements progressistes et la création d’instruments d’intégration régionale. Cuba assuma ainsi en 2013 la présidence de la Communauté d’États latino-américains et des Caraïbes comme une reconnaissance de sa place et de son action en faveur de l’unité des peuples. Même dans les moments les plus difficiles, la révolution cubaine est restée fermement solidaire avec les forces progressistes du continent.

Le président Fidel Castro nous quitte au moment où Cuba construit une nouvelle étape de son histoire donnant continuité au projet ouvert par l’attaque contre le Moncada, l’arrivée des premiers guérilleros de l’armée rebelle au bord du Granma et la construction des fondements du socialisme cubain.

Le gouvernement actuel fort de l’autorité gagnée par la mise en œuvre de politiques qui permettent à Cuba d’atteindre un niveau de développement social et humain comparable à certains pays industrialisés et conscient des transformations profondes dont le modèle cubain à besoin impulse aujourd’hui une nouvelle étape dans la construction d’un modèle de société juste et souverain.

Les défis à affronter sont immenses mais le peuple cubain, dans la continuité de son histoire et de sa tradition d’indépendance saura sans aucun doute les relever avec force et dignité. En mon nom et celui du Parti communiste français, je tiens à lui adresser un message d’amitié et de solidarité, au président Raul Castro et au Parti communiste de Cuba en nous associant à l’hommage qui lui est rendu.

A) Mon hommage à la Révolution cubaine et à la mémoire de Fidel Castro (Alexis Corbière)

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