Après le premier tour de la primaire de la droite

dimanche 27 novembre 2016.
 

Entretiens avec Alexis Corbière

Suite au premier tour de la primaire de la droite, j’ai répondu à quelques questions pour le quotidien Libération, puis lors de la matinale de RFI. Je publie ci après les réponses.

Le score de Fillon vous a t-il surpris ?

Non et n’inversons pas les rôles. Ce sont les médias et les sondeurs qui ont été surpris. Pas nous. Pour notre part, en menant campagne à travers le pays, nous avions bien observé que la candidature de M. Juppé, malgré son triomphal succès annoncé dans la quasi totalité de la presse, ne correspondait à rien de réellement solide dans la population. Cette candidature était essentiellement gonflée à l’hélium médiatique. Logiquement, elle a fait pschiit.

Comment l’analysez-vous ?

Les quatre millions de militants et sympathisants de droite qui sont venus voter ont choisi, à travers le bulletin pour François Fillon, le pire de Alain Juppé et le pire de Nicolas Sarkozy. Ils veulent une alternance dure, une revanche à froid en détruisant ce que notre peuple a mis des décennies à construire par des mobilisations sociales et des victoires électorales. Mais attention aux illusions d’optique. Ce « club fermé » de quatre millions de personnes, certes significatif mais seulement représentatif de moins de 7% du corps électoral qui compte 44,6 millions d’électeurs, me semble en net décalage avec les attentes profondes du peuple qui veut plus de justice sociale, des services publics de qualité, un avenir de progrès pour leurs enfants, un réel pouvoir démocratique... Bref, rien du programme de M. Fillon. Ceux qui sont venus voter dimanche sont très majoritairement des CSP+ et des retraités. Le « tamis social » a fonctionné comme toujours dans les primaires. Les milieux populaires et la jeunesse, très majoritaires dans notre pays, étaient les grands absents de ce vote. Cela n’empêche pas des commentateurs de parler d’une vague populaire pour Fillon. Rien n’est plus faux en réalité.

Tout le monde – notamment Jean-Luc Mélenchon – misait sur une victoire de Sarkozy ou Juppé. Fillon candidat, ça change quoi pour La France Insoumise ?

D’abord nous ne « misions » pas sur la victoire de qui que ce soit. Le jeu n’est pas dans notre mentalité, et particulièrement pas dans celle de Jean-Luc Mélenchon. Depuis des mois, notre stratégie est basée sur une analyse de la situation et non des horoscopes. Notre combat est d’une certaine façon plus simple dorénavant, notre adversaire de droite a bientôt un visage définitif et un programme contre lequel nous allons mener bataille avec détermination et pédagogie. De plus, la candidature de François Bayrou devient probable. Nous avions également pressenti cette possibilité qui marquerait la division de la droite. Dans les mois qui viennent, MM. Macron, Fillon et Bayrou vont se partager un espace électoral qui n’est pas si extensible que certains le croient. En outre, aucun ne parle aux millions d’abstentionnistes auxquels s’adresse la France Insoumise.

Ces dernières semaines, on a vu plusieurs surprises en France et à l’étranger, ça vous donne le moral ?

Oui, car une dynamique populaire est clairement de notre côté. Les meetings de Jean-Luc Mélenchon battent des records d’affluence, nos interventions sur les réseaux sociaux sont les plus partagées, 156 000 personnes sont déjà engagées dans cette campagne et cela ne cesse de progresser. On peut être au second tour. Le paysage politique annoncé à l’avance va imploser. L’élection qui vient est imprévisible et le second tour ne sera pas celui que l’on croit. Les citoyens en ont assez des scénarii écrits à l’avance par l’oligarchie financière et médiatique. Les stratégies de vote de « moindre mal » ne servent à rien. Ceux qui la pratiquent oublient qu’ils votent malgré tout pour le mal qu’ils croient combattre. Face à cette droite dure et au FN, tout le monde voit bien l’impuissance du PS. A l’inverse, nous parlons clairement. Des millions d’abstentionnistes, qu’aucun sondage ne comptabilise, vont venir voter en avril 2017. Avec Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France Insoumise, ils peuvent faire de l’élection de 2017 autre chose qu’un exercice consistant à choisir le degré de cuisson auquel ils seront dévorés. Obtenir dès 2017 la convocation d’une assemblée constituante pour la 6e république c’est abolir une bonne fois pour toute la monarchie présidentielle et régler enfin les urgences sociales, environnementales et démocratiques qui minent le quotidien de la très grande majorité des français. C’est là qu’est notre force essentielle. Elle réside dans le peuple et ses aspirations. Il n’est jamais le problème, mais bien la solution.


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