Notre responsabilité, faisons un pas chacun (Roland Leroy, ancien dirigeant du PCF)

samedi 26 novembre 2016.
 

F. Hollande ou E. Macron, il est maintenant évident qu’il y aura un candidat social-libéral l’an prochain. Vu la force de ce courant dans la société comme au sein du Parti socialiste, le contraire aurait été plus qu’étonnant. De son côté, Jean-Luc Mélenchon sera candidat. Et si les conflits internes au PS conduisaient à une candidature supplémentaire – Hamon, Montebourg, Taubira ? – elle ne pourrait que s’ajouter à ces deux-là. L’idée de « rassembler la gauche » autour d’une candidature commune supposée éviter un second tour droite/FN est donc bien, de fait, une hypothèse irréaliste. Elle procède en outre d’une erreur d’analyse. L’extrême droite se nourrit, en France comme ailleurs en Europe, du sentiment qu’il n’y a pas d’alternative de gauche aux politiques néolibérales. D’où les progrès spectaculaires du Front national quand la gauche au pouvoir fait la preuve de son incapacité à faire autre chose que la droite : sous Mitterrand, puis sous Jospin, et maintenant avec Hollande. Rassembler derrière un candidat commun ceux qui ont soutenu les politiques des gouvernements socialistes et ceux qui les ont combattues ces dernières années serait la pire façon de poursuivre dans le même sens : « tous pareils… ».

Le seul moyen de faire reculer l’extrême droite et de battre la droite est de recréer un espoir à gauche. Ce qui implique évidemment de proposer une rupture franche avec les politiques menées alternativement par la droite et la gauche depuis des décennies. Mais aussi de construire pour cela un rassemblement politique crédible. C’est là que le bât blesse. Pour des raisons que l’histoire jugera, le début de dynamique qu’avait permis le Front de gauche s’est évanoui avec lui. Les forces qui le composent sont dispersées et affichent leurs désaccords. Avec les milliers de signataires de l’appel « En 2017, faisons front commun », je demande aux protagonistes de cette situation de faire ce qu’il faut pour en sortir de toute urgence.

Chacun peut voir que Jean-Luc Mélenchon est le mieux à même de représenter le rassemblement à construire. Il a fait une belle campagne en 2012. Tous les sondages ont montré depuis quatre ans qu’il se maintenait à peu près au niveau de son score à la présidentielle. Et depuis un an, la tendance est plutôt à la hausse. Qu’il soit notre candidat, et ouvrons la discussion. Nous ne sommes pas d’accord sur tout, c’est certain. Si c’était le cas, nous serions dans un même parti. Mais nous pouvons parfaitement nous entendre, comme en 2012. Les forces qui décideront de le soutenir doivent créer entre elles (Parti communiste, Parti de gauche et « la France insoumise », Ensemble, groupes de socialistes critiques et d’écologistes, assemblées citoyennes du Front de gauche, etc.), avec les citoyennes et les citoyens décidés à s’engager, un lieu où pourront se construire les accords nécessaires : sur un programme, des candidatures aux législatives, la façon de mener campagne. Cela se fera si nous en avons tous la volonté.

Il n’est que temps. Le peuple français est en attente. En l’état de discrédit du Parti socialiste, rien ne dit qu’un tel rassemblement ne pourrait pas devenir désormais le vote utile à gauche et changer radicalement la donne, pour 2017 et pour la suite. La responsabilité est entre nos mains. Faisons chacun un pas.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message