Analyse des résultats de Besancenot par l’hebdomadaire de la LCR

samedi 28 avril 2007.
 

Malgré la pression du vote utile, le candidat de la LCR, Olivier Besancenot, a atteint 4,08% des suffrages, l’équivalent de 1,5 million de voix.

La candidature d’Olivier Besancenot a donc réuni près de 1,5 million (1 498 835 pour être exact) d’électeurs et d’électrices, soit 4,08 % des suffrages exprimés. Dans un contexte de très forte pression au vote utile, et au regard des résultats des autres candidats à gauche du PS, c’est une belle réussite. En 2002, le résultat était de 1,2 million de voix (4,25 %). Il s’agit donc d’une progression substantielle en voix - 290 000 voix supplémentaires, soit une augmentation de 24 % -, mais d’un léger tassement en pourcentage, avec une baisse de 0,12 %.

Pression du vote utile

Olivier Besancenot est le candidat qui a le mieux résisté aux sirènes du vote utile. Au-delà du dynamisme de sa campagne, de son image très positive dans les milieux salariés et dans la jeunesse, il est celui qui a gardé le plus clairement le cap d’une campagne contre la droite et l’extrême droite, tout en affirmant vigoureusement son indépendance vis-à-vis du Parti socialiste.

Pour autant, il n’en demeure pas moins que nous avons, nous aussi, subi les conséquences de cette pression. Dans les meetings, sur le blog, autour de nous, nous connaissons des sympathisants qui ont renoncé à un vote de conviction au profit d’un vote Royal. Un sondage CSA (échantillon de 5 009 personnes), sur la composition et les motivations du vote, indique que seul un électeur de 2002 sur trois a revoté Besancenot. La moitié d’entre eux a voté Ségolène Royal (36 %) ou François Bayrou (13 %). Il semble d’ailleurs que cette pression ait été particulièrement forte dans ce qu’il est convenu d’appeler « les classes moyennes ».

Autre élément qui confirme le poids du vote utile et indique, pour partie, un certain potentiel électoral, c’est la réponse à la question « Pour quel autre candidat avez-vous envisagé de voter ? » Suivant les tranches d’âge, entre 8 et 12 % de l’électorat répond Olivier Besancenot. Il apparaît que, d’une élection à l’autre, s’il y a bien sûr des éléments de continuité, il existe de profonds changements de notre électorat. C’est probablement plus de 1 million d’électeurs qui ont voté Besancenot pour la première fois.

Composition de l’électorat

Il faudra croiser l’analyse réalisée par CSA avec les études d’autres instituts. Une certaine prudence s’impose donc. Mais, malgré ces réserves, il semble qu’à l’image des meetings de la campagne, l’électorat Besancenot soit jeune et populaire. Précisons tout d’abord qu’il s’agit d’un vote à 55 % féminin. 49 % de l’électorat a moins de 35 ans (21 % de 18-24 ans et 28 % de 25-34 ans). Il faut ajouter, et c’est une modification par rapport à 2002, que 33 % du vote en faveur d’Olivier Besancenot concerne les 45-64 ans. Plus pertinent est de s’intéresser à ce que les sondeurs appellent « le vote en pénétration ». Selon la même étude, 10 % des 18-24 ans et 8 % des 25-34 ans auraient voté Besancenot à cette présidentielle. Les scores tombent à 4 % pour les 35-44 ans comme pour les 45-64 ans, ils deviennent ensuite insignifiants pour les plus de 65 ans (1 % pour les 65-74 ans et 0 % au-delà de 75 ans). Cette réalité n’est pas une surprise et confirme les résultats obtenus en 2002.

La dimension populaire du vote est une évidence. Il suffit, pour s’en convaincre, d’étudier les scores des différentes agglomérations. Les résultats traduisent un relatif affaiblissement dans les centres-villes au profit d’un net renforcement dans les banlieues. La carte des départements où nous dépassons les 5 % est aussi éclairante. Pour l’essentiel, il s’agit de départements très fortement ancrés à gauche et ayant eu une forte implantation du PCF. C’est en particulier le cas pour les départements du Nord-Pas-de-Calais, de la Picardie, mais aussi pour ceux d’Auvergne ou du Limousin. Il est probable qu’une partie de l’électorat d’Arlette Laguiller ou de Robert Hue (dans une moindre mesure) de 2002 se soit reportée sur le vote Besancenot en 2007.

Chez les chômeurs, Olivier Besancenot obtient son meilleur résultat, avec 8 %. Il réalise 6 % chez les ouvriers et 6 % aussi parmi les employés. Plus globalement, les études indiquent que le résultat obtenu parmi les salariés s’élève à 6 %, que ce soit - et c’est une évolution intéressante - dans les secteurs public ou privé. Autre évolution significative, qui confirme un enracinement populaire, le niveau de diplôme. En effet, c’est chez les titulaires d’un BEPC/CAP/BEP que le candidat de la LCR réalise son meilleur résultat, soit 6 % (5 % pour les titulaires du bac et 3 % pour les autres catégories). Ces derniers représenteraient même plus de la moitié des électeurs de 2007 (52 %). Par rapport à 2002, si ces chiffres étaient confirmés, il s’agirait d’une inversion de tendance.

Les motivations du vote

Plus connu qu’en 2002, la candidature Besancenot a bénéficié d’un intérêt certain tout au long de ces derniers mois, avec une accélération dans les dernières semaines. Du coup, les raisons du vote apparaissent plus solides à cette élection. Ainsi, selon une étude Ipsos concernant la motivation du choix du candidat, il apparaît que, pour 50 % des électeurs de la LCR, le programme a déterminé le vote. Viennent ensuite la personnalité du candidat (33 %) et, enfin, son appartenance politique (17 %).

Autre élément qui mérite d’être mis en avant, ce sont les thèmes de campagne qui ont conduit au vote pour Olivier Besancenot. Dans une campagne où nous avons beaucoup insisté sur la redistribution des richesses, les trois points retenus prioritairement par nos électeurs sont, selon Ipsos, la question du chômage (55 %), du pouvoir d’achat (58 %) et de l’exclusion/précarité (42 %). L’étude de CSA sur les motivations du vote fait apparaître les mêmes conclusions puisque, selon cet institut, les principaux éléments avancés sont les inégalités sociales (65 %), l’emploi (55 %), le pouvoir d’achat (37 %) et le logement (35 %).

Dans les jours et les semaines à venir, il faudra affiner ces premières remarques à l’aide des différentes études qui ne manqueront pas d’être publiées. Il faudra aussi prendre le temps d’analyser certains résultats, bureau de vote par bureau de vote. Mais si nous avons globalement résisté au vote utile, c’est en raison de l’orientation fondamentale de la campagne d’Olivier Besancenot, qui a développé un programme sérieux et argumenté tout en maintenant une claire démarcation vis-à-vis du Parti socialiste. La sympathie ainsi gagnée, même si elle n’est pas quantifiable, va bien au-delà du million et demi d’électeurs en faveur d’Olivier Besancenot. Au mo-ment où Ségolène Royal tend la main à François Bayrou, elle est surtout porteuse d’espoir pour préparer les résistances et les luttes à venir.

Guillaume Liégard

Complément sur les résultats par département :

Dans 22 départements, la barre des 5 % est dépassée. Dans dix-huit autres, les résultats sont compris entre 4,4 % et 5 % (cf. la carte ci-contre).

On citera en particulier, le Pas-de-Calais (6,21 %), la Somme (5,88 %), la Seine-Maritime (5,78 %), la Sarthe (5,72 %) ou encore la Haute-Vienne (5,49 %). A contrario, les scores les plus faibles en France métropolitaine sont obtenus à Paris (2,10 %), dans les Alpes-Maritimes (2,40 %), dans les Hauts-de-Seine (2,52 %) et dans les Yvelines (2,77 %).

Nul besoin d’une connaissance très fine de la réalité sociale française pour connaître les différences entre ces deux groupes de départements. Il apparaît assez incontestable, notamment dans les départements du nord et de l’est de la France qu’Olivier Besancenot a bénéficié d’un électorat populaire votant traditionnellement pour le PCF ou Lutte ouvrière.

Au final, dans l’ensemble des 95 départements métropolitains, Olivier Besancenot devance Marie-George Buffet. Il en va de même en Outre-mer, à l’exception de l’île de la Réunion.

Dans certaines villes, les résultats sont prometteurs. Ainsi, au Havre (76) avec 6,28 %, à Tergnier (02) avec 8,48 %, à Morlaix (29) avec 6,32 %, à Saint-Pierre des Corps (37) avec 7,28 %, à Grande-Synthe (59) avec 7,42 %, à Calais (62) avec 7,15 %, à Hérouville-Saint-Clair (14) avec 6,69 %, etc


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