Portugal : Contre un musée en l’honneur de SALAZAR !

vendredi 13 avril 2007.
 

Le cercle local et celui du district de Viseu de l’Union des Résistants Antifascistes Portugais vient de lancer une pétition contre la création, à des fins prétendument « pédagogiques », dans sa ville natale, Santa-Comba-Dão, à l’initiative de la mairie de droite dirigée par un membre du PSD ( Parti « Social Démocrate » ! ! ! ), premier parti de la droite portugaise dont est issu l’actuel Président de la Commission Européenne, Durão Barroso, d’un musée consacré à la figure de Salazar, dictateur fasciste portugais ayant opprimé son peuple pendant près d’un demi-siècle !

Ils tiennent, dans un communiqué, à en expliciter les raisons :

« Un des arguments majeurs avancé par les promoteurs du Musée Salazar, anticipant les prévisibles contestations, est qu’il ne s’agit pas d’ériger un sanctuaire ou un « mausolée » visant à lui rendre hommage et honneur, mais un véritable « centre de recherches » sur cette période de l’histoire du Portugal, un musée « neutre », avec une approche « scientifique » et un encadrement « pédagogique » qui garantisse une vision de Salazar non pas apologétique mais critique, qui s’attache à analyser ce qu’il aurait fait « de bien et de mauvais ».

La meilleure preuve que cet habillage n’est que poudre aux yeux et que ce projet est bien d’inspiration néo-fasciste réside dans la mobilisation des militants de l’organisation fasciste du « Front National » vers Santa-Comba-Dão afin de perturber une réunion publique d’information organisée par ceux qui contestent le bien-fondé de ce projet. Les belles déclarations d’intention cadrent mal avec les insultes proférées ( « mort aux communistes », « les cocos à Moscou » ), les slogans à la gloire du fascisme et de Salazar, les saluts fascistes et les agressions commises, tout cela sous le regard complaisant des élus municipaux de la droite locale présents chez les agresseurs !

Au-delà de ces évènements déjà graves en soi, si des doutes persistaient encore sur la vocation de ce « musée » à devenir un rendez-vous de fascistes nostalgiques de la dictature plutôt qu’un vrai centre d’expositions et de recherches travaillant à une analyse historique objective, il convient de se pencher sur le cadre de travail que devrait se fixer un tel centre :

Celui-ci devrait impérativement s’appuyer sur les valeurs et principes définis par la Constitution issue de la Révolution du 25 avril 1974 qui désigne le régime tombé à cette époque comme « un régime fasciste de dictature, oppression et colonialisme », mis à bas par « le Mouvement des Forces Armées, couronnant la longue résistance du peuple portugais et traduisant ses sentiments profonds. »

Toute autre approche que celle-ci, invoquant une prétendue « neutralité », ne serait ni scientifique, ni objective et constituerait une violation flagrante de la loi constitutionnelle !

Or, à aucun moment, dans toutes les déclarations et intentions divulguées, la municipalité n’a précisé que cet équipement devrait donc s’inscrire dans cette approche et travailler dans cette perspective. Et si elle ne l’a pas fait, c’est que le projet qu’elle a élaboré est aux antipodes de ces principes constitutionnels et d’un tel cadre de fonctionnement :

Le projet muséal se base, sur la famille, les objets personnels, la maison, les terrains, les rues, le paysage, le banc, la voiture, l’école, le cimetière et la tombe de Salazar et évoque « l’illustre fils du village », « ce qu’il a pu faire de bien » et ce que « les personnes souhaitent voir ».

On décèle bien là une démarche d’identification apologétique qui n’a strictement rien à voir avec un travail d’analyse historiographique du régime fasciste de Salazar ! On voit mal dans ce cadre d’ailleurs comment pourrait se développer une quelconque recherche de ce type !

Il est évident que si des musées sur le fascisme, sur la résistance de notre peuple contre cette dictature terroriste appuyée par les grands monopoles, les grands propriétaires terriens et alliée docile de l’impérialisme dont Salazar aura été la figure majeure sont indispensables, le projet de Santa-Comba-Dão n’a, à l’évidence, rien à voir avec cette démarche.

L’URAP poursuivra donc son combat pour faire toute la lumière sur les enjeux que renferme un tel projet, mais le succès remporté par notre pétition montre que beaucoup de Portugais comprennent la menace pour la démocratie et la liberté que représentent des projets comme celui-ci.

Ce que prétendent ses promoteurs n’a rien à voir avec le travail nécessaire de recherche et d’exhumation de documents indispensables pour comprendre la nature oppressive et dictatoriale du régime fasciste et rendre hommage à ceux qui l’ont combattu mais vise à « sanctuariser » tout ce qui touche au dictateur pour en faire un lieu de pèlerinage où l’on puisse vénérer la principale figure du fascisme au Portugal et contribuer à diffuser son idéologie criminelle.

Si ce projet venait à voir le jour, il constituerait un affront pour la Constitution Portugaise et pour tous ceux qui luttent et ont lutté pour la liberté et contre l’oppression fasciste.

Si vous souhaitez signer la pétition, voici le lien correspondant :

http://www.contraofascismo.net


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