La police frappe aveuglément et mutile un syndicaliste

mardi 20 septembre 2016.
 

A) Insupportable ! (PG)

Hier, de nouveau, un manifestant, Laurent Théron, syndicaliste de 46 ans, a perdu un oeil dans une manifestation à Paris. Il s’agit vraisemblablement d’une morceau de grenade lancé par la police qui en est la cause. Vu les circonstances citées par les camarades qui l’accompagnaient, n’importe lequel des manifestants débouchant place de la République à ce moment là aurait pu subir une pareille blessure.

Tout cela est triste et révoltant. Cela illustre une fois encore la façon dont le gouvernement s’est opposé depuis des mois à la mobilisation contre la Loi el Khomri en utilisant la violence policière.

Le PG apporte son soutien entier et sa solidarité à ce camarade et à son syndicat Sud Santé Sociaux. Tout cela doit nous conduire à réagir unis, toutes et tous ensemble, contre les interdictions de manifestations, les conditions dans lesquelles se déroulent celles qu’on nous "autorise" et plus généralement contre la criminalisation des mouvements sociaux, citoyens, écologiques.

Eric Coquerel Co-coordinateur politique du Parti de Gauche

B) Manifestations loi travail, une fois de plus, la police frappe aveuglément et mutile (Solidaires)

Hier 15 septembre, aux alentours de 16 h 45 alors que le cortège parisien de la manifestation intersyndicale contre la loi travail finissait place de la République, Laurent Theron, père de deux enfants, 46 ans, secrétaire médical à l’Hospitalisation A Domicile (HAD) de l’unité Albert Chennevier de Créteil (94), syndiqué au syndicat SUD Santé Sociaux de l’AP/HP, a vraisemblablement reçu au visage un morceau d’une grenade lancée par les forces de l’ordre. Malheureusement, malgré les soins prodigués cette nuit à l’Hôpital Cochin, Laurent Theron a perdu l’usage de son œil.

Selon de multiples témoignages, rien ne justifiait de faire usage de la force à l’encontre de Laurent Theron. En effet, celui-ci se trouvait à côté du skate park à l’entrée de la place et discutait comme beaucoup d’autres personnes autour de lui en fin de manifestation. Il n’y avait à proximité aucune action à l’encontre des forces de police. Pourtant les forces de l’ordre ont lancé une charge accompagnée de tirs massifs de grenades lacrymogènes, de grenades désencerclantes et de flash ball. C’est à ce moment là que Laurent Theron a été blessé à l’oeil, son voisin étant lui blessé aux jambes. Dans les images disponibles, une goupille de grenade est parfaitement visible dans le sang de notre camarade. Pris en charge, notamment par les « Street Medic », Laurent a du attendre 55 min avant d’être pris en charge par les pompiers.

L’Union Syndicale Solidaires et la Fédération Sud Santé Sociaux apportent tout leur soutien à Laurent Théron comme aux nombreux-ses blessé-es d’hier et de ces derniers mois. Nous dénonçons avec force l’usage disproportionnée des grenades de désencerclement, lacrymogènes et des tirs de flash ball qui ont fait des centaines de blessé-es, parfois très graves. L’Inspection Générale de la Police Nationale a été saisie dans de nombreux cas, notamment par des militant-es de Solidaires blessé-es alors qu’ils/elles manifestaient pacifiquement. A ce jour, aucune sanction n’a encore été prononcée et le principal responsable de cette situation, le ministre de l’intérieur B.Cazeneuve est toujours en poste.

L’Union Syndicale Solidaires, partie prenante de l’appel Contre l’intimidation technologique des manifestants, pour la liberté d’expression et de manifestation, aux côtés de syndicalistes, avocat-es, écrivain-es, député-es continue à exiger l’interdiction de l’usage des lanceurs de balle et des grenades de désencerclement.

Plus largement, l’Union syndicale Solidaires, avec la CGT, la FSU, le SAF, la LDH, la FIDL et l’UNL demande l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les choix opérés par le ministère de l’Intérieur depuis le début de la mobilisation contre la « loi travail » et que les responsables de la mutilation de Laurent Théron répondent de leurs actes.

Paris, le 16 septembre 2016

C) Les faits

Le syndicaliste blessé à l’œil lors de la manifestation anti-loi Travail porte plainte contre la police (Huffingtonpost, extraits)

Le militant de SUD grièvement blessé à l’œil jeudi 15 septembre, lors de la manifestation parisienne contre la loi Travail et qui a perdu en partie la vue, "va porter plainte contre les forces de l’ordre", a indiqué samedi 17 septembre son syndicat à l’AFP.

"Je vais moi-même porter plainte. Je vais tout faire pour que justice soit faite", a également déclaré ce militant, Laurent Theron, sur BFMTV. Sur cette même chaîne, il a affirmé ne pas "comprendre" que les CRS "aient agi de telle manière".

Le contexte

De son côté, Laurent Theron est revenu sur ce qui s’était passé lors de la manifestation du 15 septembre pour Libération :

"J’étais là depuis vingt minutes et je me dirigeais vers une des rues adjacentes pour partir. Au niveau de la partie Est de la place, j’ai vu un mouvement des forces de l’ordre. J’ai entendu une forte détonation et au même même mon œil m’a fait extrêmement mal. Je me suis retrouvé par terre à quatre pattes, je sentais beaucoup de sang qui coulait et, immédiatement, que mon visage était déformé"

Avec humour, il explique : "j’ai eu très peur de me retrouver avec un œil de verre comme Jean-Marie Le Pen..." Plus sérieusement, Laurent Theron précise que son œil "a pu être sauvé, mais la vision est perdue".

Rien ne justifiait de faire usage de la force

Selon le communiqué de Solidaires, qui faisait état de "multiples témoignages", "rien ne justifiait de faire usage de la force" à l’encontre du militant, qui "discutait comme beaucoup d’autres personnes autour de lui en fin de manifestation" sur la place de la République.

"Il n’y avait à proximité aucune action à l’encontre des forces de police. Pourtant, (elles) ont lancé une charge accompagnée de tirs massifs de grenades lacrymogènes, de grenades désencerclantes et de flash ball", relatait Solidaires, qui "dénonce avec force" leur "usage disproportionné".

L’union syndicale exige que "les responsables de la mutilation (...) répondent de leurs actes" et demande à nouveau, avec d’autres syndicats, "l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les choix opérés par le ministère de l’Intérieur depuis le début de la mobilisation contre la loi Travail".

D) « Mon œil a pu être sauvé mais la vision est perdue » (Libération)

Touché par un projectile pendant une charge policière, Laurent Theron a perdu l’usage de son œil lors de la dernière manifestation contre la loi travail, jeudi.

« Mon œil a pu être sauvé mais la vision est perdue »

Laurent Theron, un manifestant de 46 ans, a été grièvement blessé au visage jeudi à l’issue de la manifestation parisienne contre la loi travail. Secrétaire médical de l’AP-HP (Assistance publique des hôpitaux de Paris), il a perdu la vision à un œil. Son syndicat, SUD-Solidaires, qui a recueilli plusieurs témoignages de personnes présentes au moment des faits, affirme qu’il a « vraisemblablement reçu au visage un morceau d’une grenade lancée par les forces de l’ordre ». L’Inspection générale de la police nationale est saisie. Encore hospitalisé, Laurent Theron témoigne. Il sera auditionné par la police des polices demain, selon son avocat.

Pourquoi étiez-vous sur la place de la République ?

Je participais au défilé contre la loi travail dans le cortège de mon syndicat, Solidaires. Lorsque le cortège est arrivé à République, je suis resté un peu sur la place. Il était environ 16h30. Je me promenais en observateur, tout seul, pour voir ce qui se passait. Ça commençait à chauffer entre les manifestants et la police. Il y a eu des jets de grenades lacrymogènes et plusieurs jeunes cagoulés qui les renvoyaient. Puis une première charge. La situation était de plus en plus tendue, j’ai donc décidé de quitter la place avant d’être encerclé par la police ou en danger.

Est-ce que vous vous souvenez du moment ou vous avez été touché à l’œil ?

J’étais là depuis vingt minutes et je me dirigeais vers une des rues adjacentes pour partir. Au niveau de la partie Est de la place, j’ai vu un mouvement des forces de l’ordre. J’ai entendu une forte détonation et au même même mon œil m’a fait extrêmement mal. Je me suis retrouvé par terre à quatre pattes, je sentais beaucoup de sang qui coulait et, immédiatement, que mon visage était déformé. J’ai demandé l’assitance d’un médecin car je sentais que c’était une blessure grave. J’ai attendu une heure pour que les pompiers arrivent. Pendant ce temps, je continuais à perdre beaucoup de sang. Je voulais me rendre à l’hôpital à pied mais les policiers m’ont demandé d’attendre en me disant que les secours allaient bientôt arriver.

Quel est votre état actuellement ?

J’ai été pris en charge à l’hôpital Cochin par un chirurgien spécialiste de l’œil. J’ai plusieurs fractures des os qui entourent le globe occulaire. J’ai été opéré dans la nuit. Mon œil a pu être sauvé, mais la vision est perdue. Je vais sûrement devoir subir une nouvelle opération dans les jours qui viennent et être hospitalisé pendant cinq jours. Je vais faire un peu d’humour : j’ai eu très peur de me retrouver avec un œil de verre comme Jean-Marie Le Pen… Je veux témoigner pour que l’on sache que monsieur-tout-le-monde peut perdre son œil en manifestant à Paris. J’ai également l’intention de porter plainte.

Ismaël Halissat


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message