Pour réprimer les syndicats, Myriam El Khomri mouille la chemise

vendredi 12 août 2016.
 

Le salarié d’Air France et délégué syndical CGT Vincent Martinez, mis en cause dans l’affaire de la "chemise arrachée" du DRH de l’entreprise en octobre 2015, a été officiellement licencié par Myriam El Khomri le 8 août, et ce malgré l’avis contraire de l’inspection du travail. Pourquoi cette obstination ?

Quand il s’agit de réprimer les syndicalistes qui osent donner de la voix, ou qui ne rentrent pas dans le rang, Myriam El Khomri mouille la chemise. En pleine période estivale, la ministre du travail n’a pas hésité à donné son feu vert au licenciement de Vincent Martinez, délégué syndical CGT d’Air France, accusé d’avoir participé à l’épisode de la « chemise arrachée » du DRH de l’entreprise, Xavier Broseta, en octobre 2015.

"Chemise arrachée" : Myriam El Khomri vire le cinquième salarié

A l’époque, l’affaire avait provoqué un grand émoi par la violence des faits et par la force des images, largement utilisées par la direction de l’entreprise au moment où elle venait d’annoncer 2900 suppressions d’emplois. La direction d’Air France en a profité pour tailler dans le vif. Quatre salariés ont d’ores et déjà été licenciés. Ils seront jugés à Bobigny les 27 et 28 septembre prochain pour « violence en réunion ».

Dans la foulée, Myriam El Khomri a obtenu la tête de Vincent Martinez, magasinier à la maintenance. Son licenciement avait pourtant été refusé par l’inspection du travail en janvier dernier, faute de toute preuve attestant de sa participation active aux faits incriminés.

Nonobstant cette décision, la direction d’Air France avait déposé un recours auprès de la ministre du travail, et Myriam El Khomri, toute femme de gauche soit-elle, a fini le sale boulot. Quand on a eu recours au 49-3 pour faire passer une loi travail minoritaire dans l’opinion, chez les syndicats et parmi les députés, on n’a aucun état d’âme pour utiliser la manière forte, quitte à rajouter de l’huile sur le feu social.

Dans ses attendus, la ministre écrit : « A l’issue d’une analyse longue et minutieuse, et sur la base des éléments portés au dossier, il ressort que la faute reprochée est d’une gravité suffisante pour justifier le licenciement ». Le propos est d’autant plus étonnant que l’inspection du travail a dit exactement le contraire. Vincent Martinez a fourni des éléments attestant qu’il avait plutôt joué un rôle de modérateur dans une échauffourée déclenchée par la brutalité des annonces de la direction d’Air France, subitement oubliées par les commentaires officiels.

Alors, pourquoi cette précipitation de la ministre ? Pourquoi cette obstination contre un délégué CGT alors même que l’on verse régulièrement des larmes sur la faiblesse du syndicalisme dans ce pays sans se demander si la répression n’y est pas pour quelque chose ? Pourquoi s’acharner contre un homme traité comme un vulgaire casseur ? Comment oublier que des syndicalistes de Goodyear ont été condamnés à des peines de prison ? Comment ne pas faire la comparaison avec le sort réservé à Agnès Saal, digne représentante de l’élite ? L’ex-directrice de l’INA (Institut National de l’Audiovisuel) condamnée à trois mois de prison avec sursis pour détournement de fonds publics en raison de ses 40.000 euros de frais de taxis... a été recasée au ministère de la culture comme si de rien n’était.

On voudrait nourrir l’accusation du deux poids deux mesures que l’on ne s’y prendrait pas autrement.


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