Par ici la sortie du capitalisme et du libéralisme

lundi 15 août 2016.
 

Paul Boccara revient sur la crise de la civilisation occidentale. Il l’analyse dans ses deux dimensions, économique et anthroponomique, et appelle à la dépasser.

Ce nouvel ouvrage de Paul Boccara, écrit en collaboration avec Catherine Mills, reprend le fil d’une de ses contributions antérieures, l’une des plus originales, celle présentée en 2010 à l’occasion d’une audition au Conseil économique, social et ­environnemental (1). Il y montrait que la crise systémique actuelle du capitalisme mondialisé et financiarisé est plus qu’une crise économique, il s’agit d’une crise de civilisation, celle de la civilisation occidentale mondialisée. Elle touche tous les aspects de la vie humaine et pose la question « de sa transformation complète » pour aller vers « une civilisation de toute l’humanité ». Le tisserand des idées reprend donc le fil, mais pour mieux travailler la maille, aller plus loin dans sa réflexion.

En premier lieu, il entend montrer que le fil remonte bien haut dans l’histoire de la pensée  : « On retrouve, écrit-il, chez un très grand nombre d’auteurs importants, à propos de la civilisation, des références aux trois caractères ou composantes  : les rapports ­sociaux, les techniques matérielles, la culture. » Cela a été particulièrement le cas à partir du XIXe siècle et jusqu’à nos jours. Comme à son habitude, Paul Boccara met ses pas dans la pensée de Marx, mais pour aller plus loin, en prenant notamment en compte tout l’apport de penseurs contemporains.

Fort de ce parrainage historique, il considère qu’« un système global civilisationnel » est constitué de « deux sous-systèmes sociaux fondamentaux, se conditionnant réciproquement », d’une part, « le système économique, de transformation de la nature extérieure en produits » et, d’autre part, « le système anthroponomique (2) de transformation de la nature humaine, pour la régénération humaine, biologique, informationnelle et sociétale ». Dans la crise systémique actuelle, ces deux sous-systèmes sont eux-mêmes en crise. C’est à partir de cette crise globale et des « risques majeurs d’éclatement d’un surendettement et d’une suraccumulation encore plus graves » qu’en 2007-2008 que l’auteur avance « des éléments sur une autre économie mondialisée de dépassement du capitalisme » avec des propositions telles que la sécurité d’emploi et de formation, les nouveaux pouvoirs des travailleurs, la maîtrise de l’argent et du crédit. Transformations sociétales entre homme et femme

Cette crise de civilisation appelle tout autant l’élaboration de propositions pour « une autre anthroponomie de ­dépassement du libéralisme mondialisé » avec des transformations sociétales concernant les rapports entre les hommes et les femmes, les jeunes et les adultes, les personnes âgées, et le ­développement des services publics permettant ces transformations. L’humanité parviendra-t-elle à créer une nouvelle civilisation de toute l’humanité ou, avec l’exacerbation des conflits et des dominations que l’on constate, va-t-on vers une fermeture et un déclin de la civilisation occidentale  ? Les risques d’effondrement sont d’autant plus réels que l’humanité est menacée dans son existence par le réchauffement climatique. Ce qui permet à l’auteur de souligner « la portée systémique radicale des transformations climatiques et son potentiel de rassemblement des luttes sociales et politiques ». Le fil est ainsi renoué entre mouvements sociaux et sociétaux.

Pierre Ivorra

Notes

(1) « La crise systémique  : une crise de civilisation. Ses perspectives et des propositions pour avancer vers une nouvelle civilisation ». Texte publié par la Fondation Gabriel-Péri.

(2) Qui concerne les domaines autres que l’économie.

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