Je vous écris d’une "contrée excentrique", ainsi que l’avait définie Jean-Luc Mélenchon. Excentrique s’il en est : la Moselle.

Puisqu’on parle ici de laïcité, permettez qu’on rappelle en ces pages ce qu’il en est de ce principe fondateur dans ce département ainsi qu’en Alsace (Bas-Rhin et Haut-Rhin).

Dans nos trois départements concordataires, l’instruction religieuse fait partie de l’horaire officiel et obligatoire de l’école publique, qui n’a donc chez nous de laïque que le nom.

Le professeur de religion (embauché et payé par l’État, comme nous !) dispense sa bonne parole à des élèves "volontaires" -tu parles !- et comme finalement, ils se cassent plus les pieds qu’autre chose, les parents les en dispensent au cours des années.

Alors ? Alors, en troisième, il en reste 4 ou 5 par classe. Le prof de maths, pendant ce temps-là, il en a 30 ! Et en physique, ou en techno, ils manipulent à 30 aussi ! Drôle de monde, non ? D’autres exemples ?

Aujourd’hui, vendredi “dit-saint”, tout est fermé, on ne trouve ni un journal, ni un bout de pain, ni une fleur pour sa mamie si on va manger chez elle ! Même film le lendemain de Noël.

Des esprits chagrins me rétorqueront que finalement 2 jours fériés en plus, c’est toujours ça de pris. Evidemment, mais à ce moment-là, qu’on les étende à tout le territoire.

D’autres esprits chagrins me diront : "Ils ont attendu quoi, les socialistes pour abroger cette exception inique ? " Bonne question ! Que je me pose depuis 1981. Pourtant, on y croyait, je vous le garantis.

Et puis, le temps a passé, il a fallu déjà renier les promesses faites aux mineurs de fond et aux métallos du nord mosellan, alors, tu penses bien que la laïcité, ce n’était plus, mais alors plus du tout d’actualité. Et lors des débats qui ont présidé au fameux projet socialiste, au printemps dernier, inutile de dire que la moindre allusion à ce thème déclenchait des levées de bouclier parmi les camarades. "Tu me trouveras en face de toi, si tu veux abroger cette disposition !

" Ouh la la j’ai peur ! En attendant, les parents laïques, eux, ils doivent signer une demande de dispense, le premier jour de classe pour leurs petits, et gaffe à ne pas oublier, parce que tu en prends pour l’année scolaire, sans rémission possible ! J’ai effectué mon premier acte d’enseignante responsable en grimpant sur une chaise pour décrocher le crucifix qui pendait au-dessus du bureau de ma classe. Rien n’aura changé lorsque je prendrai ma retraite, on dirait... Vous comprendrez donc que si on nous parle de "toiletter" , nous par ici, on sait bien par où on commencerait la lessive !

Brigitte Blang