Des chars allemands à nouveau dans les pays baltes, à 150 km de Leningrad...

vendredi 5 août 2016.
 

La paix en Europe menacée ?

Auteur de l’article : Raoul Marc Jennar 22 juillet 2016

"Qui connaît ce que fut le sort d’une ville qui s’appelle aujourd’hui St-Pétersbourg ?

Il fut un temps où elle s’appelait Leningrad.

L’ignorance de l’Histoire étant devenue une caractéristique des jeunes générations, rappelons que le siège de Leningrad par les troupes allemandes a commencé début septembre 1941. Parties des pays baltes conquis en juillet-août, les divisions allemandes du groupe d’armée nord de la Wehrmacht sont arrivées à proximité de la ville en quelques jours. Avec l’ordre d’Hitler de « raser Leningrad de la surface de la terre », elles passent à l’attaque et se heurtent à une résistance acharnée au point que les Allemands décident d’en faire le siège. Il a duré 872 jours pour se terminer en janvier 1944. Il a coûté la vie à 1.800.000 personnes, dont 1.600.000 Russes parmi lesquels un peu plus de 600.000 sont morts de faim. Mais la population de la ville et les forces soviétiques ont tenu bon. Cette ville est devenue, avec Stalingrad, un symbole de la résistance à l’envahisseur et des souffrances infligées par la Wehrmacht. Pendant trois ans, la formidable résistance de Leningrad a fixé sur place une partie importante de l’armée allemande, rendant impossible la conquête de l’URSS. La ville de Leningrad est une de ces grandes villes martyres de la Seconde guerre mondiale. Une de ces villes russes, innombrables, dont la conquête, réussie ou pas, a affaibli considérablement les capacités militaires de l’Allemagne d’Hitler.

Aujourd’hui, 72 ans après l’échec allemand devant Leningrad, des blindés allemands, frappés de la croix de fer, héritée de la Wehrmacht et restée le symbole de la Bundeswehr, se déploient, une nouvelle fois, à 150 km de la ville. Précisément dans les pays baltes – aujourd’hui dirigés par des gouvernements d’extrême-droite – d’où ils lancèrent l’offensive vers Leningrad.

On ne peut plus parler aujourd’hui, et nul ne s’en plaindra, de militarisme allemand comme on le faisait à bon droit tant avant 1914 qu’avant 1940. Mais il faut parler dans le même sens donné à cette expression, de militarisme américain. Les Etats-Unis d’Amérique ont besoin d’un ennemi pour justifier leur « leadership » mondial, comme dieu a besoin du diable pour justifier son existence. Et les va-t-en guerre à la tête des armées US représentent une menace permanente pour la paix du monde. D’autant qu’ils peuvent compter sur la servilité des dirigeants européens.

Les engagements pris après la fin de la guerre froide ont été reniés par les Occidentaux. L’OTAN ne devait pas s’installer aux frontières de la Russie (ainsi que rappelé dans un excellent article de la revue Foreign Affairs, 29 octobre 2014). Les USA, avec des complicités européennes, ont fomenté des révoltes initiées par des ONG locales financées par les USA et l’UE. En utilisant habilement le ressentiment bien légitime des populations pour les épreuves subies du temps de l’Union soviétique, ces révoltes ont d’abord suscité de la part du pouvoir en place, démocratiquement élu, une répression qui a servi de prétexte à des rapports d’ONG internationales de défense des droits de l’Homme, financées elles aussi, par les USA et l’UE.

Ces ONG internationales, peu le savent, sont financées pour stigmatiser les gouvernements que les USA et leurs vassaux européens veulent renverser, qu’ils soient démocratiquement élus ou pas. C’est ce qui s’est passé en Ukraine et en Géorgie. En Serbie, pour affaiblir un allié traditionnel de la Russie, le choix fut le démembrement du pays au prix d’une guerre illégale au regard du droit international et la création d’un Etat artificiel, le Kosovo, devenu aujourd’hui un Etat mafieux. Le but : encercler la Russie d’Etats passés sous le contrôle de l’OTAN.

Le renversement en Ukraine d’un gouvernement démocratique remplacé aujourd’hui par un gouvernement où domine l’extrême-droite fascisante et raciste a suscité la réaction de Moscou, mais aussi de populations russophones à l’est du pays ainsi que la rétrocession à la Russie de la Crimée par une population qui ne demandait que cela depuis l’effondrement de l’Union soviétique. En effet, dès 1992, le parlement de Crimée demandait déjà sa sortie de l’Ukraine. Le résultat du référendum approuvant cette rétrocession n’aurait pu être contesté si Moscou avait eu la malice de demander à l’ONU de l’organiser. Mais il est probable que les membres permanents occidentaux du Conseil de Sécurité de l’ONU auraient refusé cet exercice démocratique.

Car, ce que les Occidentaux appellent « l’annexion de la Crimée » leur est trop utile. Il leur offre le prétexte rêvé pour désigner un nouvel ennemi dont ils ont tant besoin pour satisfaire les attentes de leurs complexes militaro-industriels. Et imposer un embargo sur la Russie dont les producteurs Européens sont les principales victimes. Et installer des troupes dans les pays limitrophes de la Russie. Et organiser en Pologne et dans les pays baltes des manœuvres réunissant des dizaines de milliers de soldats qui sont autant de provocations adressées à la Russie.

Après les manœuvres organisées en mai qui ont vu, comme en 1941, des soldats espagnols (la brigade BRILAT aujourd’hui, la Division AZUL hier) aux côtés des troupes allemandes, des décisions récentes prises à Hanovre puis à Varsovie, sur ordre des USA, vont amener des éléments blindés allemands à opérer de nouveau à proximité de la Russie.

De la Mer Baltique à la Mer Noire, l’OTAN a érigé une ligne offensive – a « front line », pour parler comme eux – contre la Russie. L’OTAN met en oeuvre une véritable politique d’encerclement qui peut conduire au pire.

Jusqu’où ira l’obsession guerrière des USA ? Jusqu’où ira la servilité européenne ?

En mai dernier, quelques jours avant le 75e anniversaire du déclenchement de l’opération Barbarossa, nom donné à l’invasion de l’Union soviétique, des chars allemands frappés de la croix de fer se sont déployés de nouveau à 150 km d’une ville qui s’appelait alors Leningrad.

Réfléchissons et résistons."

Fin de l’article

Le lecteur désirant d’avoir des informations sur l’auteur de l’article peut cliquer ici

Pour consulter les cartes, rendez-vous sur le site dont l’URL est porté en source (haut de page, couleur rouge).

Pour compléter cet article et améliorer encore votre information sur ce sujet voici un article du site de géostratégie DiploWeb paru récemment  :

L’Allemagne puissance complète ?

« White Paper 2016 » : l’Allemagne est-elle prête à exercer un « Leadership from the Center » ?

Par Cyrille BRET, Le 20 juillet 2016

Source : DiploWeb

http://www.diploweb.com/L-Allemagne...

"Le White Paper 2016 présenté par Ursula von der Leyen fait passer l’Allemagne d’un irénisme hérité de l’histoire à un engagement nécessaire mais circonscrit. Il ne transforme pas l’Allemagne en puissance complète. Le fameux Leadership from the Center est encore bancal : si ses piliers économiques et politiques sont solides, ses assises militaires et sécuritaires sont encore à développer. LE 6 février 2015, le ministre de la défense de la République Fédérale d’Allemagne prononce, lors de la 51ème conférence de Munich sur la Sécurité, un discours marquant pour le positionnement stratégique de son pays : celui-ci serait prêt à exercer un « Leadership from the Center » pour la sécurité en Europe. Plus d’une année après, le 13 juillet 2016, la même Ursula von der Leyen présente à la presse internationale le White Paper 2016 [1]. Ce document de 144 pages, équivalent allemand du Livre blanc sur la sécurité et la défense expose non seulement la vision allemande des risques géopolitiques mais également les ambitions du pays pour œuvrer à la sécurité internationale. Le ton résolu de ce document se démarque de la précédente livraison de 2006 et, plus largement, des réticences l’Allemagne à s’engager dans les affaires du monde depuis la Deuxième Guerre Mondiale [2].

L’Allemagne se dote-t-elle pour autant d’une doctrine stratégique à la hauteur de son poids en Europe et dans la mondialisation ? Franchit-elle le pas pour devenir une puissance complète ? Certes, l’inflexion est notable mais le paradigme reste inchangé : l’Allemagne ne s’apprête pas à rompre avec son approche pacifiste constitutionnalisé des questions de sécurité internationale. Elle renâcle encore à devenir une puissance mondiale complète autrement dit économique et diplomatique mais aussi militaire et sécuritaire."

Lire la suite sur le site en cliquant ici


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message