Surenchère en cascade et théorie du choc

vendredi 29 juillet 2016.
 

Nicolas Sarkozy accrédite, avec d’autres responsables politiques, l’idée d’une guerre de civilisations.

La tête la première, le président des « Républicains », Nicolas Sarkozy, plonge dans la lecture de l’assassinat d’un prêtre comme un épisode de la guerre de civilisations que mènerait Daech. « En assassinant un prêtre catholique et en blessant gravement des fidèles dans une église, c’est l’âme de la France qui est touchée », estime le responsable, qui ne fait pas mystère de son catholicisme, en le jugeant partagé par tous en France, et oubliant que les victimes à Nice ou au Bataclan pouvaient être de toute confession et toute origine. Nicolas Sarkozy appelle également à « refondre notre stratégie de riposte et être impitoyables », sans avoir fait montre jusqu’ici, comme son successeur, de fermeté particulière à l‘égard des pétromonarchies qui financent le salafisme pas toujours quiétiste. Il dénonce enfin les « arguties juridiques » qui empêchent de lutter contre le terrorisme  : en d’autres termes une suspension de l’État de droit. Hervé Morin (UDI), président de la région Normandie, prône de « s’inspirer de ce que fait Israël contre le terrorisme », comme si les résultats en la matière étaient probants.

Gérald Darmanin (LR) juge, lui, que « l’État doit tout faire pour éviter la guerre civile “religieuse” qui commence sous nos yeux ». D’autres à droite veulent éviter l’écueil  ; Georges Fenech, député LR du Rhône et président de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 13 novembre, met en garde  : « Nous ne pouvons pas nous laisser emporter dans ce que Daech recherche, c’est-à-dire la division, la fracture de notre société (...). Si l’on n’est pas capable de réunir toutes nos forces républicaines, c’en est fini de la société française. » Nadine Morano, prompte à l’excès dans la réaction, met cette fois en garde  : « Ils cherchent la guerre de religions, ne tombons pas dans leur piège, ce ne sont pas des croyants mais des barbares. »

À l’extrême droite, Marine Le Pen se contente de pointer la responsabilité de la droite et de la gauche au pouvoir successivement. La députée FN Marion Maréchal-Le Pen tweeta en revanche  : « Ils tuent nos enfants, assassinent nos policiers et égorgent nos prêtres, réveillez-vous  ! » Qui sont ces « ils » non nommés  ? Une piste peut-être avec le frontiste Louis Aliot, qui dénonce « une barbarie dont on cache le nom », suggérant qu’il s’agirait de l’islam tout entier. Là encore, le piège tendu par Daech rencontre justement la lecture du monde effectuée par le Front national.

Lionel Venturini Mercredi, 27 Juillet, 2016 L’Humanité


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