Le progrès numérique doit bénéficier à tout le monde (chat avec Michel Rocard et Maurice Ronai)

vendredi 6 avril 2007.
 

Intérrogé par Guillaume sur la licence globale, Michel Rocard explique : « mon sentiment est qu’il ne saurait y avoir une solution unique, on pourra imaginer des mutualisations locales, des paiements globaux par tel ou tel grand organisme, une université, un laboratoire ou même une commune prenant en charge les consommations numériques de ces ressortissants. La licence globale fait partie des outils possibles, tout cela à mon sens doit résulter d’une négociation entre toutes les parties concernées, producteurs de hard, producteurs de contenus, internautes, CNIL, etc.. L’essentiel est de préserver 2 principes : le premier, la liberté d’usage de ce qui circule sur Internet et le second le droit des créateurs à une légitime rémunération. »

A ewen qui s’inquiète que les brevets logiciels constituent pas un frein au co-développement, il répond : « Naturellement oui, le fait de breveter les logiciels constituerait un frein au buissonnement créatif dans ce domaine, à la créativité possible des PME et des chercheurs individuels et au développement général de toute l’activité informatique. »

Sur la question du téléchargement, évoqué par phalang, Maurice Ronai explique : « Le téléchargement est un phénomène massif. A supposer qu’on souhaite le combattre, le coût social est insupportable, sans parler des atteintes aux libertés qu’il faut commettre pour endiguer les échanges non-commerciaux entre personnes : surveillance généralisée, filtrage... Tout le monde sait qu’il faudra, à un moment ou à un autre, reconnaître l’existence des échanges non-commerciaux, les intégrer dans les mécanismes économiques des filières culturelles. Il faudra trouver des solutions qui concilient les libertés d’usage du public et la rémunération des créateurs. Le débat se déplacera alors des enjeux juridiques vers des questions plus économiques. Quel montant pour d’éventuelles redevances forfaitaires ? Comment sont elles réparties ? Le débat est devant nous. »

Il rassure ensuite socialistesegolienne : « Le progrès numérique doit bénéficier à tout le monde. C’est loin d’être le cas aujourd’hui. Seul un foyer sur deux est équipé d’un ordinateur. Le rapport recommande des initiatives pour encourager les Français à s’équiper en ordinateurs et à se connecter à Internet. Il propose même un objectif ambitieux de porter la proportion des foyers connectés de 44% à 75%. L’Etat bien sûr n’y parviendra pas seul. Il devra faire converger les initiatives des collectivités et des opérateurs de télécommunication. Le rapport identifie une série de mécanismes qui vont de la donation de PC par les entreprises à leurs salariés au recyclage d’ordinateurs en passant par des offres couplées connections et équipements par les opérateurs. Il faudra aussi cibler certaines aides par exemple en direction des femmes seules avec enfant ou les étudiants. »

Car comme le sous entend clem, internet favorise la culture : « d’au moins 3 manières : c’est d’abord un outil qui donne aux personnes des capacités nouvelles : copier, échanger, partager, recommander, découvrir, explorer les œuvres, les faire connaître aux autres. C’est aussi un outil qui permet aux créateurs d’atteindre le public et de faire connaître leur travail. C’est enfin un outil qui permet d’assurer une circulation des œuvres dans la durée et de valoriser ce qu’on appelle la longue traîne. Les industries culturelles ont tardé à prendre la mesure de la puissance de cet outil, elles évoluent et sont en train de prendre Internet à bras le corps. »


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