"Pour une véritable politique publique de soutien à la création artistique"

mercredi 26 avril 2006.
 

A l’heure où l’état de droite poursuit la destruction du travail des artistes et des acteurs culturels, il me paraît essentiel d’offrir dans notre manifeste un débouché politique au mouvement dit "des intermittents". Depuis 2002, les gouvernements de droite s’emploient à casser le maillage culturel de notre pays, notamment par une baisse considérable des crédits accordés à l’éducation artistique en milieu scolaire, et par une attaque sans précédent de l’emploi des artistes et des techniciens du spectacle.

40 000 travailleurs sortis du régime spécifique depuis 2003 ! C’est la plus grande charette de France, dont personne ne parle et dont peu ont conscience !

40 000 artistes et tecniciens du spectacle en moins pour créer, pour rêver, pour inventer un autre monde, avec les enfants, les jeunes, avec l’ensemble de notre peuple !

40 000 intermittents de moins, sans avoir pour autant réduit le déficit de l’UNEDIC - et quand bien même ce serait le cas, ce serait scandaleux.

Si cette coupe franche dans l’emploi culturel n’a pas résolu la question du déficit de la caisse interprofessionnelle, ce n’est pas parce que ces gouvernements et leurs alliés sont de mauvais gestionnaires. Cela va bien sûr plus loin : il s’agissait de régler son compte à une catégorie de la population refusant l’ordre actuel du monde, et qui tente, chaque jour, à son niveau, de le changer.

Comme le dit Christian Benedetti, directeur d’un théâtre de banlieue : "J’ai vu une pièce de théâtre qui a changé ma vie. Elle a changé ma vie, parce qu’elle a changé ma façon de me comprendre, ma façon de comprendre le monde." Si une oeuvre d’art peut changer la vie d’une personne, elle peut par conséquent contribuer à changer le monde.

Mes chers camarades, la culture est la grande absente des projets des partis politiques. C’est une grave erreur. Parmi les trois piliers de la démocratie grecque, il y avait le théâtre.

Il se trouve qu’aujourd’hui, dans des banlieues, des lieux de création voient dans leur salle un public qui ne vient pas exclusivement du quartier, de la ville où ils se trouvent. Et on le leur reproche. Au nom de quoi ? On dit qu’il faut "déghettoïser" les quartiers, et dans ces lieux, où l’on présente des oeuvres qui n’ont rien du standard de TF1, il y a rencontre des gens, des personnes, des situations, des conditions et des positions sociales !

Comment imaginer une autre société si les représentations qui nous en sont faites sont toutes convenues, identiques, uniformes ?

La représentation de la topographie de notre monde ne peut être laissée aux seules mains d’un imaginaire restreint par la standardisation imposées par les soit-disant "lois du marché" ?

Nous sommes divers mais égaux, c’est une évidence. La question des intermittents, du régime juridique qui leur est fait, c’est aussi celle de la diversité et de l’égalité des droits.

Posons une véritable politique publique de soutien à la création artistique, hors des normes, et imposons que l’argent public ne serve pas à financer ceux qui n’ont pas d’autre exigence que de "vendre du temps de cerveau humain disponible à coca-cola" !

Il est grave de considérer les intellectuels comme une catégorie sociale au positionnement corrompu. Ceux qui interrogent le monde, le reflètent, ceux qui réfléchissent chaque jour au lien entre art et société doivent retenir toute notre attention.

Par exemple, une question se pose à France Télécom : 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 6 milliards d’euros de bénéfices, et zéro euro à la création artistique, aux auteurs, aux plasticiens, aux musiciens, à tous ces créateurs qui voient chaque jour leurs oeuvres téléchargées sur internet.

Concrètement, la République réellement humaniste qui reste à construire et à imaginer devra redonner une place et créer un véritable statut, perène, aux artistes.

Pour conclure, puisqu’il faut faire court, je vous livre une citation d’Antoine Vitez :

"Le théâtre est dû au peuple. On a du mal à imaginer la haine que cette idée suscite encore aujourd’hui."

Jérôme Gaëtan Impellizzieri (intervention lors de la Convention nationale de PRS)


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