![]() |
Pour la toute première fois, des blindés paraderont sous peu en Finlande, autre frontière de la Russie. Que cherche Washington ? Et surtout qu’espèrent gagner les dirigeants européens à s’embarquer dans cette nouvelle et dangereuse provocation vis-à-vis de Moscou ? Est-ce donc de plus de tensions dont nous avons besoin sur notre continent dans cette période ? L’OTAN vient d’inaugurer en Roumanie (le 12 mai) un premier site, qualifié de « stratégique » par l’organisation elle-même, de missiles antimissiles, tandis que les travaux d’un second site ont été lancés, le lendemain, en Pologne. Sont appelés à suivre des installations de radars en Turquie et des navires de guerre américains en Méditerranée. Les Pays-Bas, le Danemark seront également associés sous différentes formes à cette aventure ! Quant au QG du « bouclier antimissile », il sera à la base de Ramstein en Allemagne. Or, chacun sait depuis de longues années que ce projet est, avec l’élargissement de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, la pomme de discorde par excellence entre l’Ouest et l’Est, Moscou y voyant une rupture de l’équilibre stratégique et, par conséquent, une menace pour la sécurité du pays. Désormais, « une partie du potentiel nucléaire américain (est) implantée en Europe de l’Est », a aussitôt déclaré Vladimir Poutine. Il n’y a aucun doute pour personne sur le fait que le Kremlin va répliquer, sous une forme ou une autre, à cet acte délibérément hostile à son encontre. L’escalade est en marche.
D’autant que ce nouvel épisode de la « néo-guerre froide » s’inscrit dans une série de décisions de même inspiration. Ainsi, en ce moment même, se déroulent en Estonie – et plus précisément dans une zone frontalière de la Russie – des exercices de grande ampleur, mobilisant 6 000 soldats de dix pays de l’OTAN, ainsi que des bombardiers, des chasseurs et des hélicoptères. Des manœuvres navales de l’OTAN sont, par ailleurs, annoncées, à partir du même pays, dans la mer Baltique, dans quelques semaines. Pour la toute première fois, des blindés américains paraderont sous peu en Finlande, autre frontière de la Russie. Sans oublier l’accueil favorable réservé par le Pentagone, à la demande des pays baltes et de la Pologne, de voir déployer quatre bataillons supplémentaires sur leur territoire – une mesure qui a, naturellement, aussitôt entraîné une « riposte appropriée » de la Russie sous forme de la création de trois divisions militaires supplémentaires. Spirale mortelle.
Rappelons que « l’Acte fondateur OTAN-Russie », signé en 1997, engage notamment l’OTAN à ne pas déployer de forces importantes, ni d’infrastructures supplémentaires dans les nouveaux pays membres de l’Alliance occidentales. Mais, pour le ministre des Affaires étrangères polonais, il ne s’agit là que d’une « déclaration politique et non d’un document contraignant ». À ses yeux, la Russie est un « adversaire géopolitique » : il a donc demandé d’annuler ce passage du texte ! L’OTAN a décidé de tenir son prochain sommet des 8 et 9 juillet… à Varsovie. Celui-ci fixera en particulier la mission des troupes occidentales dans les pays baltes, ainsi qu’en Pologne et en Roumanie. Selon « Der Spiegel », il est prévu que chacun des 28 pays membres de l’OTAN envoie un bataillon pouvant comporter jusqu’à 1 000 soldats (vous avez bien lu). Qu’en pensent nos concitoyens ? Les Européens en général ? En sont-ils seulement informés ? Il est temps de les aider à ouvrir les yeux.
Date | Nom | Message |