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Pour la gauche, entre celui-ci et celui-là : un abîme !
Comme elle était contente d’elle la gauche en 1981. Au clair quant à ses divisions, elle constatait que son union venait de lui permettre d’exorciser la malédiction de l’élection présidentielle au suffrage universel. La droite pouvait être battue ! Bien davantage qu’un succès électoral, un possible basculement historique. « La majorité politique rejoignait la majorité sociale », expliqua François Mitterrand, maître des sortilèges. On allait rompre avec le capitalisme, pour changer la vie.. Arrivaient un ministre du « temps libre », un ministre du travail mandaté pour donner aux travailleurs de « nouveaux droits ».
Trente cinq ans après, voici à nouveau un président et un gouvernement supposés (un peu) de gauche. Que voyons-nous ? Le recours à l’article 49.3 (ce qu’on peut puiser de pire dans le riche arsenal antidémocratique de la Vème République), pour étouffer le débat parlementaire et court-circuiter une Assemblée nationale où l’opposition d’une partie de la gauche et du Parti socialiste prive le gouvernement de majorité... Tout cela pour permettre à une « ministre du travail » d’imposer une loi dite « travail » que rejettent vigoureusement une majorité des travailleuses et travailleurs, des organisations syndicales, et de l’opinion publique.
Hier, le rêve, aujourd’hui, le cauchemar !
Bien sûr, on dira, et on aura raison, que le 10 mai 1981 fut une grande fête des illusions. Dont, au demeurant, on n’a pas tout à fait fini de payer la note.
N’empêche qu’alors on se demandait comment aider le nouveau pouvoir à tenir ses promesses, à assumer l’inévitable affrontement avec l’ennemi de classe. A présent le problème est de savoir comment se protéger de ce pouvoir qui usurpe les références de gauche pour imposer une politique de droite. Et qui, en fait de « changement » et de « réformes », ne sait quoi inventer en régressions sociales et démocratiques.
Le 10 mai 1981 se présentait, faussement, comme un début prometteur. Le 10 mai 2016 invite, pour de vrai, à clore un épisode désastreux. Vive la censure !
Francis Sitel, le 11 mai.
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