Une reconstruction s’impose sur une autre base

samedi 16 avril 2016.
 

Ce texte est paru dans L’Humanité. Je profite de cette mise ligne sur notre site pour signaler la grande qualité des textes de Pierre Assante sur son blog dont l’adresse URL est portée en source ici (haut de page, couleur rouge).

L’humanité a constaté, dans tout processus de ce cosmos observable par elle-même, que son propre processus humain procède par continuité et par sauts, par sauts dans la continuité. Elle a constaté qu’un processus est constitué d’innombrables processus relativement autonomes formant le mouvement général.

La puissance centralisée économique, financière et politique du capital monopoliste mondialisé, informationnalisé est telle que la continuité du processus a été forcée et les sauts freinés, ce qui suppose et induit des sauts non graduels mais des convulsions révolutionnaires sévères dont on ne connaît pas l’aboutissement. Cependant, pour qui veut agir en santé pour une société en santé, il nous faut nous saisir des hypothèses les plus opérationnelles pour un changement le plus heureux.

La survie à crédit mondial du capital, dans ses monopoles, ses entreprises industriello-financières, ses États nationaux et ses institutions internationales et les familles elles-mêmes, est arrivée à un tel point qu’on peut supposer qu’une récession mondiale est inévitable et qu’une prise de pouvoir d’une « gauche communiste et communisante » s’effectuera dans cette récession.

Ce n’est pas qu’une dette soit mauvaise en soi. Une dette suppose une possible avance nécessaire sur résultats, et un réinvestissement sain assurant un développement humain général.

Mais ce n’est pas la situation actuelle  : le niveau de suraccumulation du capital, de baisse tendancielle du taux de profit, de drainage pour le renflouer sur tous les outils de vie, de production, d’échange, de service public et de moyens locaux et généraux de vie humaine est tel qu’une reconstruction s’impose sur une autre base que celle de notre système.

Ce n’est qu’à partir d’une telle reconstruction qu’on peut imaginer un redressement, et un nouveau départ et un nouveau développement.

Nous en sommes, en comparaison, à la chute du système féodal et aristocratique de l’Ancien Régime par la prise de pouvoir de la bourgeoisie révolutionnaire, à la différence que ce nouveau régime qui est en train de devenir un ancien régime est éminemment plus puissant, plus centralisé, mondialisé, et possède les outils de sa maintenance jusqu’à une extrémité catastrophique mondiale.

Le salariat, et ses alliés, est la force qui peut lui succéder mondialement, à condition de l’organiser localement, nationalement, mondialement, lui aussi comme le capital, pour le transformer non en un vendeur de force de travail qu’il est déjà, mais en un producteur-consommateur sain des biens sains nécessaires à sa reproduction saine élargie, c’est-à-dire à la poursuite de son processus d’humanisation.

La « démocratie du producteur », du « que, quoi, comment produire », de la « maîtrise de la circulation des biens », d’abord par une transformation des institutions financières locales et mondiales allant vers une administration démocratique des moyens d’échange.

Pierre Assante, syndicaliste, L’Humanité des débats


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