Services publics et identité nationale

vendredi 30 mars 2007.
 

Samedi 31 mars, nous nous mobiliserons, venus de toute la France, pour défendre l’identité nationale. Non pas en nous postant aux frontières pour y guetter l’immigrant, comme le suggère Nicolas Sarkozy. Mais en nous rendant à Firmi, dans le département de l’Aveyron, participer à la fête nationale des services publics qui a choisi d’investir l’espace d’un samedi cette commune du bassin minier de Decazeville.

Quel meilleur fondement en effet à notre identité nationale que le service public, vilipendé justement par les libéraux au nom du fait qu’il constituerait une " exception française " ? Or ce n’est pas cette exception sociale et républicaine que le candidat de l’UMP entend défendre. En liant la question de l’identité nationale et celle de l’immigration, il s’inscrit au contraire, comme Le Pen avant lui, dans une stratégie visant à remplacer la question sociale par la " question raciale ", ouvrant ainsi la voie à une remise en cause des fondements de notre République. L’histoire de France nous montre que l’on peut vite se retrouver sur cette pente dès lors que l’on dévie d’un millimètre du principe suivant : l’identité nationale, c’est l’identité républicaine. Point barre. C’est pourquoi nous disons qu’en France, ce n’est pas la Nation qui fonde la République mais la République qui fonde la Nation. La question " qu’est-ce que la France ? " ne nous plonge pas dans des abimes de perplexité. Nous y répondons très précisément : une communauté légale de citoyens libres et égaux sur un territoire dans lequel les lois issues de la souveraineté populaire s’appliquent à tous de manière indivisible. Cette définition politique de la Nation, conforme à l’héritage de la Grande Révolution de 1789, s’oppose radicalement à toutes celles qui la fondent sur de prétendues racines, exprimées crûment comme pureté de la lignée ou habillée des oripeaux de la religion, de la culture voire de la langue.

Ce n’est pas là un débat théorique sans implications concrètes. Nous avons été les premiers dans ces colonnes à souligner qu’en France tout particulièrement, en raison de cette identité singulière, la crise sociale conduit à la crise politique et la crise politique à la crise nationale. Remettre en cause l’égalité des individus, c’est remettre en cause celle des citoyens qui fonde notre contrat politique. C’est percuter l’identité nationale elle-même. L’état d’urgence politique dans lequel se trouve notre pays est tissé des ces enchevêtrements. Vouloir remettre en ordre une telle pelote implique donc de saisir le fil qui commande tous les autres, celui des politiques libérales qui ont conduit à cette crise. Ce sont les remises en cause de la primauté de l’intérêt général, de la limitation des droits de la propriété par ceux de l’homme et du citoyen, de l’égalité des citoyens, de la souveraineté populaire qui mènent le pays à l’état d’exaspération dans lequel il se trouve.

En cela, la remise en cause voire le doute sur l’identité nationale n’est pas l’apanage de quelques étrangers mais celui des Français eux-mêmes. Ce sont des libéraux bien de chez nous qui expliquent que les règles sur lesquelles était fondée la Nation républicaine sont dépassées. Nos concitoyens doivent pouvoir clarifier cette question. C’est pourquoi nous avons également dit que pour donner une issue positive à l’état d’urgence politique, il fallait que le peuple français puisse à nouveau se prononcer sur les principes politiques autour desquels il entend se réunir. Et que nous avons défendu la démarche de l’Assemblée Constituante pour une sixième République, reprise la semaine dernière l’espace d’une journée par Ségolène Royal, suscitant l’indifférence médiatique (l’information a été reléguée en page 11 du Monde !) et l’affolement d’une partie des hiérarques socialistes peu désireux d’engager une révolution qui ne se serait pas limitée à quelques aménagements des institutions de la Ve.

Nicolas Sarkozy déclarait récemment sa détermination à combattre " celui qui ne veut pas respecter notre conception de l’homme, celui qui récuse l’humanisme (...), qui veut abolir l’héritage des Lumières et de la Révolution ". C’est ce que nous ferons à Firmi en défendant le service public contre le financier qui veut soumettre les biens communs du pays à la logique du profit privé, contre celui qui s’accapare le patrimoine national, refuse la solidarité fiscale ou cherche par tous moyens à contourner les lois sociales du pays. Nous y serons donc en campagne contre le MEDEF et ses relais, au premier rang desquels se trouve Nicolas Sarkozy. Nous y remplirons notre devoir de citoyens en faisant tout pour que les vraies menaces qui pèsent sur notre patrie républicaine soient enfin au cœur du débat des présidentielles alors que d’autres voudraient nous enfumer en se servant des immigrés.


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