Ségolène Royal sur Canal + ( bilan de Sarkozy, Rue Rampal, Nation, Europe, rôle du Sénat...)

mardi 27 mars 2007.
 

Bruce Toussaint

Merci d’être avec nous ce matin... Nicolas SARKOZY s’en va. Il quitte le ministère de l’Intérieur dans quelques heures, est-ce que ça change quelque chose pour vous, ce départ, dans votre campagne ?

Ségolène Royal

C’est surtout le moment de faire un bilan puisque si l’on conçoit la politique comme quelque chose qui est aussi est un moment de rendre des comptes, c’est, pour un homme politique, l’occasion de faire, de rendre des compte sur ce qu’il a fait dans ses responsabilités publiques. Or les Français voient bien que la sécurité ne s’est pas améliorée, elle s’est même dégradée. Et je crois que de ce point de vue-là, aujourd’hui, il ne peut pas incarner ce qu’il appelle la rupture. Il est à la fois comptable du bilan du Gouvernement auquel il a appartenu, pas seulement d’ailleurs sur la question de la sécurité mais aussi sur la question globale du bilan de ce Gouvernement, c’est-à-dire, en terme d’endettement et de chômage et de précarité du logement, c’est-à-dire les trois principaux sujets qui aujourd’hui préoccupent les Français.

Caroline Roux

Alors une précision sur un sujet que vous avez abordé, hier soir, chez nos confrères de RTL, à propos des sans-papiers, vous avez dit en gros, que les enfants doivent pouvoir suivre leur scolarité et que les parents doivent pouvoir rester sur le territoire. Vous avez dit « la régularisation doit suivre la scolarisation ». Est-ce que ça veut dire que tous les parents d’enfants scolarisés doivent être régularisés sans condition ?

Ségolène Royal

D’abord, la France a ratifié la Convention de New York qui prévoit la protection des enfants, et en particulier, la scolarisation. Et donc, en effet, des enfants scolarisés doivent pouvoir poursuivre leur scolarisation dans les écoles. Ensuite, sur la question de la régularisation des parents, le principe est là. On ne va pas séparer les enfants des parents. Mais le dispositif juridique actuel prévoit du cas par cas et en général cela conduit, en effet, au cas par cas, c’est-à-dire, après l’examen de la situation de la famille, à régulariser la famille. C’est ce qui a été fait en général d’ailleurs par les Préfets et moi-même qui ai suivi personnellement l’ensemble des problèmes des enfants scolarisés de familles sans-papiers, dans ma région, le Préfet a procédé, avec humanité, clarté et...

Bruce Toussaint

Alors maintenant le débat sur la patrie, sur le drapeau, sur la Marseillaise que vous avez déclenché il y a quelques jours, ça fait encore ce matin la une de LIBE, du FIGARO. D’ailleurs, est-ce que vous avez un drapeau bleu, blanc, rouge chez vous ?

Ségolène Royal

Je l’ai sous la forme d’écharpe tricolore.

Bruce Toussaint

Ah oui ? Ca compte ça ? Ca c’est heu... Ca compte quand même ?

Ségolène Royal

Ca compte, oui, ça compte.

Bruce Toussaint

Alors qu’est-ce que vous dites au fond aux Français, en leur disant, réappropriez-vous les symboles de la nation ? Est-ce que vous leur dites « La France aimez-là » et à qui vous vous adressez vraiment au fond ?

Ségolène Royal

Je crois que le fait que ce débat ait surgi dans l’élection présidentielle est une bonne chose puisque l’élection présidentielle est le moment où le pays refonde le pacte social avec celui ou celle qui sera chargée d’incarner la nation. Et quand j’entends certains candidats à l’élection présidentielle mépriser ce débat ou le tourner en dérision, je pense qu’ils n’ont..., qu’ils ont tort.

Bruce Toussaint

Enfin, à l’extrême, à l’extrême gauche aussi a vivement réagi à vos propositions ?

Ségolène Royal

Oui parce que je pense que l’extrême gauche, sans doute, fait une confusion des valeurs, c’est-à-dire, on peut être attaché à son pays, être fier de sa nation et en même temps, être internationaliste...

Caroline Roux

Etre patriote, c’est ça le fond ?

Ségolène Royal

Et en même temps, être internationaliste quand on est à Gauche. On peut aimer sa patrie, bien sûr, la France est notre patrie et l’Europe est notre avenir, disait François MITTERRAND. Mais il ne faut pas confondre la nation et le nationalisme. C’est d’ailleurs JAURES qui a réconcilié ces concepts, entre la France, la nation, la République et l’internationalisme. D’ailleurs, il en est mort, Jean JAURES, puisqu’il a été assassiné par un nationaliste. Donc il ne faut pas oublier le sens de l’histoire et je crois que c’est important au moment de l’élection présidentielle, que les Français réfléchissent à leur histoire. D’ailleurs, cette histoire les passionne et vous savez, dans les enquêtes d’opinion qui ont été faites au moment du référendum sur l’Europe, est-ce qu’avec la mondialisation, la France allait disparaître. Et donc, il est très important de refonder ces concepts. Et la façon dont je les refonde n’a rien à voir avec la façon dont la Droite le fait. La nation appartient à tous, bien évidemment. La République aussi. Mais en revanche, elle ne signifie pas repli sur soi ou au refus des autres.

Caroline Roux

Quelle est la différence oui, entre votre façon de l’aborder et encore une fois, celle de Nicolas SARKOZY, si on entre un peu dans le fond ?

Ségolène Royal

Si l’on entre... La différence, c’est que moi j’appelle les Français à un dépassement, c’est-à-dire, d’un côté à être fier de leur symbole et lorsque l’on interroge les Français sur, ce qui pour eux, symbolise le mieux la France, ils font une réponse très intelligente : ils disent à la fois le drapeau, ils ne disent pas les frontières, ils ne parlent pas tout de suite de la langue. Ils disent en premier, le drapeau et la Sécurité Sociale, c’est-à-dire qu’ils ont parfaitement bien compris, qu’appartenir à la nation, à la République Française, c’était à la fois des Sécurités Sociales, le lutte contre les inégalités, les filets de sécurité, la revendication de la lutte contre toutes les formes de précarité et en même temps, la fierté, du drapeau. Donc ils sont fiers, c’est vrai, on le voit sur les grandes compétitions sportives. Et aujourd’hui, en leur disant, en les consolidant sur cette identité nationale, cela me permet aussi de leur dire tournez-vous vers l’extérieur, acceptez la France telle qu’elle est devenue et surtout, soyez-en fiers de cette France colorée, de cette France diversifiée, de la France métissée, la France qui regarde vers le monde.

Caroline Roux

Mais que dites-vous juste à cette France métissée ? Que dites-vous...

Ségolène Royal

Pardon... Alors que les autres disent, avec la nation, repliez-vous sur vous-même et dénoncez l’étranger ou l’immigré et c’est pour ça que je dénonce le rapprochement qu’a fait Nicolas SARKOZY entre l’immigration et l’identité nationale. C’est un rapprochement scandaleux. Alors qu’au contraire, si la nation est forte, elle peut accepter toutes les différences. Elle peut ne pas demander aux gens d’où ils viennent mais où ils veulent aller.

Bruce Toussaint

Mais là, vous venez de reconnaître à l’instant que c’est parce que Nicolas SARKOZY a prononcé ces mots, il a fait cette proposition, que vous avez embrayé sur les vôtres et sur ce débat. Finalement, vous pouvez dire merci à Nicolas SARKOZY d’avoir créé ce débat, c’est lui qui vous donne ensuite l’impulsion, non ?

Ségolène Royal

Mais pas du tout. J’ai abordé la question nationale dès le dépôt de ma candidature aux débats internes au Parti Socialiste. Et ensuite, quand j’ai eu l’investiture des militants Socialistes, j’ai redéfini ce qu’était pour moi la République, la nation, l’Europe et la place de la France dans le monde. Et j’ai dit très clairement...

Bruce Toussaint

Mais d’ailleurs, un drapeau Européen, ça serait pas mal aussi dans les maisons ?

Ségolène Royal

Mais pourquoi pas l’alliance des deux ? Bien sûr.

Caroline Roux

C’est la première fois que ce débat intervient dans une présidentielle. A votre avis, pourquoi ? Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi en 2007 ? Est-ce qu’il y a un problème autour de la nation, de l’identité nationale ?

Ségolène Royal

Je crois qu’il y a une montée des insécurités due à la mondialisation et une angoisse sur ce qui va rester, à la fois en ce qui concerne notre identité et c’est pour ça que je pense qu’il faut faire une alliance, un dépassement entre le local et le global, c’est-à-dire que nous seront également forts dans la compétition mondiale si nous sommes également très attachés à nos identités régionale. Et c’est vrai que je suis la seule candidate qui fait cette synthèse entre, d’un côté, une nouvelle vague de régionalisation, c’est-à-dire un rapprochement et une consolidation des identités régionales, une refondation du creuset national en expliquant que c’est une richesse d’avoir des apports étrangers et une diversité aujourd’hui de la réalité de la nation et en même temps, revendiquant cette fierté nationale et cette fierté d’être Français.

Caroline Roux

Certains ne sont pas fiers d’être Français, Ségolène Royal ?

Ségolène Royal

Et la troisième étape, et la troisième étape, c’est que je suis une européenne convaincue et en plus, une..., quelqu’un qui dira demain à la France, tournez-vous vers le monde sans en avoir peur parce que nous allons réussir à protéger l’Europe contre les délocalisations, à investir dans la matière grise pour conquérir des marchés étrangers et pour prendre des risques sur la scène internationale en matière économique.

Léon Mercadet

C’est le cinquantième anniversaire du Traité de Rome, hier, c’était l’occasion de sortir le drapeau Européen, s’il y a une occasion, c’est celle-là ou jamais...

Ségolène Royal

Vous avez raison de poser cette question. Aujourd’hui la France n’est pas... L’Europe... La France, n’est pas en bon état dans l’Europe et l’Europe n’est pas en très bon état. Mais bon, il y a eu là, un effort important, il y a eu la déclaration de Berlin, c’est-à-dire une déclaration d’intentions pour que l’Europe se relève.

Caroline Roux

Vous l’auriez signée ?

Ségolène Royal

Oui, je crois que même les étapes, même modestes doivent être engrangées. Et puis, je crois que l’Europe sera, à nouveau, aimée des Français, si elle réussit à régler leur problème concret, et en particulier, si nous réussissons à faire l’Europe par la preuve. Si l’Europe se protège contre les délocalisations, ce sera ma priorité. Si l’Europe investit dans la recherche et dans l’innovation, si elle arrive à mettre en place de vraies politiques industrielles, de vraies politiques énergétiques, si elle réussit à préparer l’après pétrole, si elle réussit à nouer un dialogue euro Méditerranée, si elle réforme en profondeur l’aide au développement pour permettre aux pays les plus pauvres, d’accéder aux développements parce que l’immigration de la misère, nous les résoudrons de cette façon-là et certainement pas en mettant des barbelés à nos frontières, parce que ça sera inopérant. Et donc je veux demain, si je suis en responsabilité, régler la question des migrations de la misère, notamment avec l’Italie et avec l’Espagne, en agissant conjointement avec eux et en faisant en sorte, que l’Afrique se développe. Voilà un beau chantier pour l’Europe.

Bruce Toussaint

Nous avons un décompte Ségolène Royal, puisque chaque candidat qui vient dans cette émission a le même temps de parole. Donc, il nous reste tout juste 2 minutes 30. Nous allons passer au « j’aime, j’aime pas ». Le principe est simple, vous pouvez répondre par « j’aime » ou « j’aime pas » aux propositions suivantes.

Caroline Roux

Alors j’aime, j’aime pas l’idée de débattre avec les autres candidats d’ici au premier tour ?

Ségolène Royal

Mais j’aime, bien sûr. Je crois que les Français...

Bruce Toussaint

Donc vous dites oui ?

Ségolène Royal

Oui, bien sûr.

Bruce Toussaint

J’aime, j’aime pas l’idée de supprimer le Sénat ?

Ségolène Royal

Alors dans la réforme des institutions, moi ça ne m’aurait pas gêné de supprimer le Sénat. Ce que je vais faire, c’est lui supprimer le pouvoir de veto.

Bruce Toussaint

Pourquoi ne pas être allée jusqu’au bout de votre idée parce qu’on le sait, vous nous l’aviez dit dans cette émission, il y a un an ?

Ségolène Royal

Parce que je crois qu’une réforme... Oui, oui, oui bien sûr.

Bruce Toussaint

Pourquoi ne pas être allée au bout de votre idée ?

Ségolène Royal

Parce que vous connaissez ma méthode de gouvernance, j’écoute pour agir juste. J’ai procédé à un certain nombre de consultations et, sans doute si le Sénat est réformé, il peut être utile au sens où, une seconde délibération sur un texte de loi, permet aussi d’apporter un éclairage nouveau. Donc le Sénat sera démocratisé et pouvoir de veto lui sera retiré puisque dans l’état actuel des choses, il n’y a pas d’alternance et dans une démocrati... Et dans une république moderne, il est absurde que dans une chambre parlementaire, il ne puisse pas y avoir d’alternance.

Caroline Roux

J’aime, j’aime pas, des ministres issus de l’immigration ?

Ségolène Royal

Mais je crois qu’il ne faut pas les « communautariser ». Bien sûr, il faut la diversité française, des origines, des talents dans un gouvernement et bien sûr, il faut que ces identités, cette diversité, soient représentées. Il y a encore beaucoup à faire au niveau des discriminations concernant les femmes. Vous savez que la femme...

Bruce Toussaint

Oui.

Ségolène Royal

Vous savez que la femme est au quat..., que la France est au 89ème rang, en ce qui concerne la présence des femmes au Parlement et j’espère qu’aux prochaines législatives, les choses changeront parce que le Parti Socialiste a présenté une femme sur deux dans l’ensemble des circonscriptions.

Bruce Toussaint

30 sec..., 25 secondes, on a un petit quelque chose pour vous pour finir le j’aime, j’aime pas.

Caroline Roux

Un petit cadeau.

Bruce Toussaint

Est-ce que vous connaissez la...

Caroline Roux

Est-ce que vous aimez Golène ?

Ségolène Royal

C’est mignon, oui.

Bruce Toussaint

Oui. Ca fait un carton en ce moment sur Internet, ça cart..., regardez et alors il y a KOZY avec hein ! On peut vous offrir les deux !

Léon Mercadet

Ils sont beaux, Golène et KOZY...

Bruce Toussaint

Voilà.

Ségolène Royal

Merci.

Bruce Toussaint

Ah oui pardon, il perd un peu son ventre et ce n’était pas du tout fait exprès, évidemment. Tenez, voilà ! Vous avez les deux...

Ségolène Royal

Merci, voilà, les deux doudous...

Bruce Toussaint

Pour repartir... Je ne sais pas ce que vous allez faire avec mais enfin bon, ça c’est une autre histoire. Merci en tout cas d’avoir été avec nous ce matin et d’avoir accepté notre invitation.

Caroline Roux

Merci.

Ségolène Royal

Merci à vous.

Bruce Toussaint

Merci Ségolène Royal, bonne journée. Merci Caroline et Léon.

Caroline Roux

A demain.


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