"Relever la gauche pour faire front !" (Christian Picquet)

vendredi 1er janvier 2016.
 

« L’enracinement du Front national, qui en fait le premier parti du pays, signe la profondeur de la crise française. Certes, les tueries du 13 novembre ou l’arrivée massive de réfugiés sur le sol européen auront sans doute aggravé une dynamique dévastatrice. À ceci près que le résultat des régionales va bien au-delà d’un vote de protestation ou de peur.

« C’est l’essor du chômage de masse et de la précarité, la destruction systématisée des dispositifs de solidarité et de redistribution, le creusement sans fin des inégalités couplé à des fractures territoriales génératrices d’oppositions entre populations, la perte de sens engendrée par des régressions démocratiques de toute sorte, le choc en retour des politiques européennes conduites au mépris de la volonté des peuples qui, en désagrégeant l’identité républicaine de la France, auront ouvert une véritable avenue aux amis de Madame Le Pen. Sans qu’une gauche digne de ce nom ne se montre capable de se dresser face à eux, le Parti socialiste ayant cessé de relayer les attentes des classes populaires, et les forces anti-austérité se montrant incapables de porter une alternative crédible.

« En clair, on aura laissé le néofascisme porter seul, devant un peuple désemparé parce que méprisé, ses réponses dévoyées à la « question sociale », à l’anéantissement de la souveraineté des citoyens et à la crise de l’identité française. Autant dire que ce n’est pas en diluant la gauche dans un « front républicain » qui l’allierait à une droite de plus en plus contaminée par les thématiques lepénistes que l’on arrêtera cette spirale possiblement fatale. C’est d’abord en permettant à ladite gauche de redevenir une force porteuse d’égalité et d’avancées démocratiques. Même si tout, dans l’urgence, doit être mis en œuvre pour empêcher le FN de conquérir des positions qui le rapprocherait un peu plus du pouvoir.

« Cela exige d’abord que, dans la bataille idéologique plus que jamais indispensable, on cesse de rendre les armes à cet adversaire dont l’élan mine les principes mêmes de la République. Se laisser déporter sur son terrain, comme on y assiste trop souvent du côté des gouvernants, sur l’intégration ou le code de la nationalité par exemple sans parler de la sécurité, c’est d’évidence faciliter la lepénisation des esprits.

« Cela appelle ensuite la reconstruction d’un rapport de force qui, de l’échelon local au niveau national, passe par le rassemblement de l’ensemble des forces progressistes autour d’exigences véritablement de gauche. Telle est la condition pour que, plutôt que de s’abandonner à leur désespoir, des millions d’hommes et de femmes retrouvent confiance en leurs capacités collectives de changer le cours des choses. L’unité, à gauche et dans le mouvement social, pour reconquérir le terrain perdu ou abandonné au fil des ans, s’avère bel et bien une question clé pour l’avenir.

« Cela impose enfin d’ouvrir le débat sur le projet dont l’ambition majoritaire puisse rouvrir une perspective à notre peuple. Comme aux heures les plus sombres de notre histoire, l’heure est à la refondation de la République autour d’un pacte concret de progrès et de solidarité. Comme à la défense d’un cap permettant à la France de porter un message d’universalisme et de paix en direction d’un monde que la globalisation capitaliste a plongé dans la tourmente. »


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