En Irak, les forces kurdes annoncent la libération de Sinjar

mercredi 18 novembre 2015.
 

Dans le nord de l’Irak, depuis le 12 novembre, les forces kurdes investissent la ville de Sinjar, contrôlée par le groupe EI. Une ville stratégique puisqu’elle est située entre Raqqa, considérée comme la capitale syrienne de l’Etat islamique, et Mossoul la deuxième ville d’Irak, elle aussi, sous le contrôle de l’organisation terroriste. Ce vendredi, d’après un dirigeant kurde cité par l’AFP, les forces kurdes irakiennes ont « libéré » Sinjar.

Les forces kurdes irakiennes ont repris Sinjar, une ville du nord de l’Irak tenue depuis plus d’un an par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), a annoncé ce vendredi 13 novembre le dirigeant de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani. « Je suis ici pour vous annoncer la libération de Sinjar » à la faveur d’une offensive éclair des forces kurdes lancée jeudi avec l’appui des frappes de la coalition internationale et des combattants de la minorité yézidie, a donc indiqué M. Barzani lors d’une conférence de presse non loin de la ville reconquise.

Pour la population kurde, indique notre correspondante à Erbil, Oriane Verdier, cette offensive est une preuve de la capacité d’entente des forces du Grand Kurdistan. Cette région revendiquée, à cheval entre la Syrie, la Turquie l’Irak et l’Iran.

Un argument pour l’autonomie

Pour le Kurdistan irakien, c’est un argument de plus pour l’autonomie de la région face au gouvernement national. Le gouverneur de la province de Mossoul a rappelé que cette offensive à Sinjar a été menée sans aucune participation de l’armée irakienne. Hier, le Premier ministre irakien a d’ailleurs appelé Massoud Barzani, le président de la région autonome, pour le féliciter.

Les forces kurdes sont soutenues par l’aviation américaine. A ce sujet les Peshmergas attendent plus de soutien de la coalition internationale. « Nous avons besoin d’armes lourdes et de haute technologie pour venir à bout de l’Etat islamique en Irak », a affirmé hier Sihad Barzani, commandant peshmerga et frère du président du Kurdistan irakien.

Sinjar, verrou stratégique entre Mossoul et les territoires syriens

Jusqu’à 7 500 combattants kurdes prennent part à cette opération destinée à reprendre Sinjar et « établir une zone tampon pour protéger (la ville) et ses habitants », a indiqué le Conseil de sécurité de la région autonome du Kurdistan (KRSC).

Ce vendredi 13 novembre, d’après l’AFP, des combattants peshmergas sont entrés à pied, à partir du nord, dans la ville en proie à de vastes destructions. Une des tâches qui attendent les soldats kurdes est le désamorçage des engins piégés, tactique largement utilisée par l’EI pour empêcher ses ennemis d’entrer dans une ville.

Sinjar se trouve sur une route stratégique reliant Mossoul (nord), le fief de l’organisation jihadiste en Irak, aux territoires contrôlés par ce groupe en Syrie. « En prenant Sinjar, nous serons en mesure de couper cette ligne de communication, ce qui, nous croyons, affectera la capacité (de l’EI) à se ré-approvisionner », a déclaré le colonel américain Steve Warren, porte-parole de la coalition

A) Les Kurdes lancent la bataille de Sinjar contre les armées de Daesh

Reprendre la ville de Sinjar sous contrôle de «  l’État islamique  » (« EI  »), et couper la route, véritable voie d’approvisionnement stratégique, reliant Mossoul où se concentre le pouvoir djihadiste en Irak et Raqqa, le fief de «  l’EI  » en Syrie, tel est l’objectif de l’offensive lancée par les forces kurdes irakiennes de la région autonome du Kurdistan irakien. Quelque 7 500 combattants, soutenus par des raids aériens menés par les forces américaines et leurs alliés, se sont ainsi lancés à l’assaut de cette ville sous contrôle depuis août 2014 des djihadistes de «  l’EI  ».

En août 2014, les forces kurdes irakiennes avaient été mises en déroute par les djihadistes de «  l’EI  », dont l’offensive en direction du pays kurde et d’Erbil. Les habitants de la région, principalement les Yézidis, pris au piège, et dont beaucoup ont été massacrés et leurs femmes réduites à l’état d’esclaves, n’ont dû leur salut qu’aux forces du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan turc), en froid d’ailleurs avec son cousin du PDK (Parti démocratique du Kurdistan irakien de Massoud Barzani, qui entretient de bons rapports avec Recep Tayyip Erdogan). D’où un certain ressentiment des Yézidis envers le PDK irakien. C’est grâce à un corridor ouvert par les unités du PKK turc que plusieurs milliers de Yézidis ont trouvé refuge sur les hauteurs du mont Sinjar, qui surplombe la région. Et c’est avec l’aide du PKK qu’ont été mises en place les unités de résistance du Sinjar, unités combattantes yézidies.

Concernant le déroulement de l’offensive « Free Sinjar », lancée hier matin, le général Ezzedine Saadoun a déclaré que « l’attaque a commencé à sept heures du matin et les combattants peshmergas ont avancé sur plusieurs axes pour libérer le centre du district de Sinjar » défendu, selon des sources américaines, par quelque 600 djihadistes. Et selon le conseil de sécurité de la région autonome du Kurdistan irakien, le but est d’« établir une zone tampon pour protéger la ville et ses habitants », ajoutant que « les avions de la coalition fourniront un soutien aérien étroit aux forces peshmergas dans cette opération ». « Les forces kurdes ont déjà réussi à reprendre de nombreux villages au nord de Sinjar », a affirmé pour sa part le général Hashem Seetayi, des peshmergas irakiens. « En prenant Sinjar, nous serons en mesure de couper cette ligne de communication, ce qui, nous croyons, affectera la capacité (de “l’EI”) à se réapprovisionner », a estimé le colonel américain Steve Warren, porte-parole de la coalition. Et cela représentera « une première étape cruciale dans l’éventuelle libération de Mossoul », a-t-il ajouté.

Pour sa part, l’armée irakienne est sur le point de lancer une offensive pour reprendre la ville de Ramadi, tombée aux mains de «  l’EI  » l’été dernier, presque au même moment que la ville syrienne de Palmyre. Après avoir pris une importante base militaire située à l’ouest de Ramadi et bouclé la ville, les forces irakiennes ont quasiment coupé les voies d’approvisionnement au sud et à l’ouest, pour empêcher «  l’EI  » d’envoyer des renforts défendre la ville.

La semaine s’annonce donc cruciale pour les djihadistes de «  l’EI  », pris en étau par les forces kurdes, et menacés aussi par l’offensive que s’apprête à lancer l’armée irakienne sur Ramadi. Et ce, dans un contexte où «  l’EI  » est déjà confronté aux frappes russes et à une reprise des attaques de l’armée syrienne dans la région de Raqqa et de Palmyre, mais aussi à celles des YPG dans la région de Hassaké, frontière syro-turque.

Hassane Zerrouky, l’Humanité


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