Le droit à l’eau, sujet tabou !

jeudi 22 mars 2007.
 

Nous allons essayer de traiter ici de deux sujets de bases du droit à l’eau : l’eau comme instrument de coopération politique, et l’accès à l’eau potable

Malgré la perception largement répandue selon laquelle les bassins d’eau partagés par les pays ont tendance à engendrer de l’hostilité plutôt que des solutions de collaboration, l’eau est souvent une ressource inexploitée en vue d’une coopération fructueuse.

Il est de notoriété publique que l’eau, source vitale est, depuis des siècles, une cause principale de tension ou de conflit l’eau en tant qu’agent de coopération obtient rarement une attention suffisante.

Néanmoins, la recherche a montré bien plus souvent, dans l’histoire, que l’eau pouvait jouer un rôle de catalyseur en vue d’une coopération, plutôt que de moteur des conflits.

Il existe des exemples d’accords praticables qui ont été signés par des Etats qui étaient même en conflit sur d’autres questions, notamment l’Inde et le Pakistan ou Israël et la Jordanie, alors que le cas inverse est vrai entre Israël et la palestine, l’eau etant, dans ce cas, un instrument de pression, voire d’oppression.

Avec plus de 260 bassins d’eau dans le monde transcendant les frontières nationales, il n’est pas surprenant que la situation soit largement perçue comme étant matière à hostilité. D’un côté, comme le font valoir les experts de l’ONU, étant donné l’importance de l’eau pour pratiquement chaque aspect de la vie (santé, environnement, économie, bien-être, politique et culture) chaque pays individuellement à bien du mal à résoudre nombre de problèmes de manière unilatérale.

Cela offre l’occasion de transformer une situation de conflit potentiel en une ouverture en vue de trouver des solutions mutuellement avantageuses. Quels sont les moyens pratiques d’atteindre cet objectif ? Dans un effort visant à trouver des réponses à cette question, l’UNESCO a lancé le projet "des conflits potentiels à un potentiel de coopération (PCCP)", dans le cadre d’une vaste initiative de l’ONU visant à encourager la sécurité de l’eau au XXIme siècle.

Le projet vise à encourager la coopération entre les parties prenantes dans la gestion des ressources en eau partagées, tout en contribuant à faire en sorte que les conflits potentiels ne se transforment pas en conflits réels. Face au défi de partager les ressources aquatiques principalement du point de vue des gouvernements, ce projet se concentre sur l’élaboration d’outils en vue d’anticiper, de prévenir et de résoudre les conflits liés à l’eau.

Il existe plus de 3 800 déclarations ou de conventions unilatérales, bilatérales ou multilatérales relatives à l’eau : 286 d’entre elles sont des traités et 61 font référence à plus de 200 bassins fluviaux internationaux.

Depuis les années 50, le monde a connu plus de 500 événements liés à des conflits portant sur l’eau, dont sept ont été entachés de violence.

Selon l’UNESCO, 145 nations ont une partie de leur territoire à l’intérieur d’un bassin transfrontalier et 21 se trouvent entièrement dans un seul. Douze pays ont plus de 95 % de leur territoire à l’intérieur d’un ou de plusieurs bassins transfrontaliers. Environ un tiers des 263 bassins transfrontaliers existants est partagé par plus de deux pays.

Dans une étude de cas démontrant l’efficacité d’une démarche de coopération, la Bolivie et le Pérou, les deux pays se partageant le lac Titicaca, ont reconnu l’importance cruciale d’œuvrer de concert en vue de gérer les ressources aquatiques du bassin, en créant une Autorité autonomie pour l’eau.

Une meilleure gestion des ressources aquatiques profitera aux pays de l’Asie centrale en leur permettant de satisfaire plus efficacement leurs besoins en énergie et en conservation, voire de tirer éventuellement des recettes de la vente de l’énergie hydroélectrique aux pays en amont.

Les femmes, qui produisent entre 60 et 80 % des denrées alimentaires dans la plupart des pays en développement, sont les principales parties prenantes dans toutes les questions de développement liées à l’eau. Mais elles restent souvent en marge des décisions liées à la gestion et à la planification des ressources aquatiques.

La Fondation France Liberté, pour sa part, rappelle ces chiffres : 1,5 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et 2,6 milliards ne bénéficient pas d’un service d’assainissement. 34 000 personnes en meurent chaque jour.

C’est une situation intolérable provoquée par une politique mondiale qui ne peut et ne doit pas perdurer.

L’eau est devenue un enjeu politique, environnemental, social et économique, en France et dans le monde. Il s’agit d’un élément constitutif de la vie dont l’accès doit être considéré comme un droit humain fondamental. L’eau doit être reconnue comme un bien commun, patrimoine de l‘humanité, exclu de toute marchandisation.

C’est pourquoi avec France Libertés, Danielle Mitterrand a lancé les "Porteurs d’eau" Chacun de nous, individuellement ou organisé collectivement, peut devenir un Porteur d’eau en adhérant aux principes de la Charte.

"Ainsi, nous nous engageons à en respecter les principes fondamentaux dans toutes les actions que nous mènerons pour la cause de l’eau dans notre entourage, dans notre entreprise ou notre école, dans notre ville, dans notre département, dans notre région, dans notre pays ou dans les autres régions du monde. Être un Porteur d’eau, c’est participer, localement, au mouvement mondial qui œuvre pour que l’eau ne soit plus une marchandise et que l’accès à l’eau devienne un droit universel. Ce grand mouvement est un moyen de faire émerger, d’identifier et de rendre visibles toutes les initiatives locales autour d’un même label : les Porteurs d’eau. Cela apportera à notre objectif commun plus poids auprès des pouvoirs publics."

Devenez porteurs d’eau !


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