Avec le Rassemblement Rhône Alpes Auvergne

mercredi 7 octobre 2015.
 

Dans la région Rhône Alpes Auvergne, un processus unitaire et citoyen s’est développé depuis un an débouchant sur un accord comprenant en particulier le PG, EELV et Ensemble. Par contre, le PCF fait campagne seul sous le sigle PCF-Front de gauche...

- C) Le PCF s’est écarté lui-même du rassemblement
- B) Construire l’alternative en Rhône-Alpes (Mediapart)
- A) Réponse à JJ. Queyranne (président PS de la région)

C) Le PCF s’est écarté lui-même du rassemblement

Les adhérents communistes ont voté en septembre 2015 à plus de 90% contre le Rassemblement

En novembre 2014, nous avons à quelques-uns initié l’idée d’un rassemblement unitaire de toute la gauche et des écologistes qui ne se reconnaissaient pas dans les politiques du gouvernement et voulaient l’autonomie du PS au premier tour, élément fondamental au vu de nos divergences avec le projet libéral et d’austérité porté par le PS aujourd’hui au niveau national, mais aussi au vu de nos divergences à la Région sur le mandat écoulé - comme nous l’avons expliqué dans cette réponse à JJ Queyranne - et qui, enfin, voulaient s’engager dans une politique nouvelle du bien-vivre dans notre Région, en liant les enjeux sociaux, démocratiques et environnementaux. Un premier appel a été publié sur Mediapart, signé par des militants et citoyens de tous bords, y compris des élus du PCF.

Puis des réunions de travail et d’échanges ont été initiées pour rédiger collectivement un "socle projet" et une charte éthique. Après avoir participé à certaines de ces réunions unitaires, les représentants du PCF ont refusé de s’engager sur l’autonomie vis à vis du PS avec lequel ils continuaient à discuter. Lorsque JJ Queyranne a écrit à tous nos partis, seul le PCF a répondu sans faire de cette autonomie un préalable, mais en appelant au contraire à l’unité la plus large de toute la gauche et en reprenant les termes mêmes du PS. Des positions publiques de responsables du PCF, en Ardèche notamment, ont prolongé l’ambiguïté en appelant à des listes communes avec le PS dès le premier tour. Face à cette confusion, nous avons demandé une position publique claire, elle nous a été refusée.

Nous avons donc continué à avancer sur le projet et la charte sans le PCF, en attendant que leur position soit clarifiée. Celle-ci devait l’être fin juin, elle ne l’a été qu’en septembre, avec la consultation des adhérents communistes des deux régions.

Tout au long de ce processus, le PG et Ensemble ont mené la bataille pour inscrire le Front de Gauche dans sa totalité au sein du Rassemblement. D’abord en proposant aux représentants du PCF un courrier commun qui puisse être envoyé à tous les comités du Front de Gauche, et qui a finalement été à notre grande surprise remplacé par un courrier aux seules fédérations du PCF, envoyé par le seul PCF. Puis en adressant début juin une lettre ouverte commune PG - Ensemble aux militants et sympathisants du Front de Gauche appelant à l’unité avec le PCF. Enfin en intégrant dans le socle projet du Rassemblement tous les marqueurs de L’Humain d’abord : refus de la privatisation des services publics et des partenariats public-privé, des politiques libérales du gouvernement, de l’austérité et de la réforme territoriale, défense de l’égalité des habitants et des territoires, soutien aux luttes sociales, et même désobéissance européenne avec le refus du Tafta.

Cette bataille, nous l’avons menée lorsque c’était encore possible : en mars, avril, mai, juin. Fin juin, le socle projet et la charte ont été soumis au vote des militants du PG, de Ensemble, d’EELV et de Nouvelle Donne. Tous les ont largement validés et ont ainsi choisi d’intégrer le Rassemblement. C’est le calendrier que nous nous étions fixé et que tous avaient accepté, afin de ne pas être dans un montage de cartel électoral de dernier moment, mais bien d’apprendre ensemble à fonctionner autrement, en tant que rassemblement, et être ainsi en ordre de marche pour mener campagne tambour battant dès la rentrée face à Laurent Wauquiez.

Malgré tout, nous avons veillé à laisser la porte ouverte jusqu’au bout à nos partenaires du PCF dont le choix n’était toujours pas fait. Nous avons donc poursuivi les rencontres, les courriers, les rendez-vous manqués et les assauts de pédagogie. Jusqu’en aout, où lors de notre ultime réunion du Rassemblement avec le PCF, ses représentants ont quitté la table des discussions sur la question du non-cumul des mandats. En cause : notre charte éthique, mise en ligne et déjà signée par plusieurs centaines de citoyens, qui stipule qu’un élu régional, pour se consacrer à son mandat, ne peut pas être en même temps parlementaire.

Pas franchement une nouveauté, comme revendication. Le PCF l’avait d’ailleurs déjà signé lors des départementales dans la Drôme, et vient de le faire en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. Pourquoi ce qui était possible alors et ailleurs ne l’est plus ici ? Selon les représentants du PCF, parce que cette charte exclut de facto Cécile Cuckierman et André Chassaigne, respectivement sénatrice et député, et tous les deux conseillers régionaux de Rhône-Alpes et d’Auvergne. André Chassaigne avait pourtant déjà fait part du fait qu’il ne souhaitait pas forcément se représenter comme tête de liste. Et ne m’en avait pas non plus parlé comme d’un obstacle quand je l’ai eu au téléphone en juillet. Cécile Cuckierman nous avait également fait signe d’ouverture dans ce sens en réunion au mois d’aout. Et nous avions naturellement proposé de leur donner toute visibilité pendant la campagne, afin de nous appuyer sur leur notoriété et leurs actions à valoriser fort légitimement. Tout comme nous allons d’ailleurs le faire avec d’autres personnalités, sans pour autant qu’elles soient candidates sur les listes.

Las, cela a été un niet catégorique, et c’est là-dessus que nous nous sommes quittés. Nous avons néanmoins réitéré nos propositions dans un dernier courrier, le 25 aout.

Depuis, que s’est-il passé ? L’envoi des documents de vote aux adhérents du PCF des deux régions, proposant trois options. Dans l’ordre : en choix un, une liste faisant vivre l’esprit du Front de Gauche - sans tenir compte du fait que les deux autres membres du Front de gauche soient déjà engagés dans le rassemblement - ; en deux, une liste avec le PS, avec en pièce jointe le courrier de JJ Queyranne faisant état des places proposées sur sa liste ; et enfin en troisième choix, le fait de rejoindre le Rassemblement, dépeint comme n’ayant répondu à aucune des demandes du PCF, comme reléguant au second plan la lutte contre les politiques libérales et d’austérité, comme excluant les deux chefs de file du PCF, et sans que nos propositions ne soient jointes à cette option de vote ni portées donc à la connaissance des militants. Le tout assorti d’une conférence de presse lors de laquelle Cécile Cuckierman a appelé les adhérents du PCF à ne pas voter pour l’option du Rassemblement.

Le résultat, dans ce cadre, est évidemment sans appel : les communistes ont voté en septembre à plus de 90% contre le Rassemblement. La porte vient de se refermer.

Cette situation avec deux listes concurrentes à l’arrivée est désespérante, d’autant plus en regard du temps et des efforts déployés depuis dix mois pour en arriver là. Je la regrette profondément. Mais nous avons mené ce combat pour l’unité jusqu’au bout. Et aujourd’hui l’heure n’est plus aux regrets.

Je comprends le désarroi de ceux qui découvrent cette situation ubuesque. Je suis en revanche très étonnée de voir des dirigeants de premier plan du PCF et des élus du Front de Gauche forcément bien informés, qui ne sont intervenus à aucun moment dans ce long processus pour nous aider à trouver l’unité, s’indigner maintenant et signer des appels à l’unité une fois cette porte fermée par le vote interne du PCF.

Etonnée également de voir d’anciens compagnons de route nous suggérer de mettre notre mouchoir sur nos convictions pour préserver l’unité. Au nom de l’unité, il nous faudrait donc aujourd’hui renoncer aux principes qu’hier encore nous défendions ensemble au sein du Front de Gauche ? Démarrer cette belle aventure du rassemblement, axée sur le renouvellement des pratiques politiques, en commençant par renier nos engagements publics, sur lesquels nous ont rejoint depuis des centaines de citoyens ? Ce n’est pas sérieux. Ce n’est pas acceptable. Et ce n’est pas responsable.

L’histoire nous a appris que la fin ne pouvait justifier les moyens en politique. C’est ce que nous hurlent tous nos concitoyens qui s’abstiennent, toujours plus nombreux.

Alors oui je regrette le choix de mes camarades communistes. Je sais que je ne suis pas la seule, y compris dans les rangs du PCF. Beaucoup nous le disent, certains nous rejoignent. Mais la réalité est là. Les représentants du PCF ont quitté la table des discussions. Nous leur avons écrit. Ils ont procédé au vote. Sans faire état de nos propositions. Des mensonges ont circulé. Sur le financement, sur les places. Des insultes, certes minoritaires, allant jusqu’à nous traiter de "putes à fric des Verts". L’Humain d’abord en a pris un coup.

La plupart d’entre vous connaissent mon opiniâtreté et ma sincérité je crois. Je les mets entièrement aujourd’hui au service de notre campagne pour battre Laurent Wauquiez. Je suis lasse des guerres internes. Nous ouvrir et sortir des querelles intestines, voilà l’alternative. Et oui, que chacun soit mis face à ses responsabilités. Même si ce n’est pas la première fois que nous faisons des choix différents, comme aux municipales notamment, je suis navrée de cette situation. Mais chers trolls de Twitter et de Facebook, je vous le dis très franchement : il est inutile d’essayer de me culpabiliser car j’ai passé des mois, des soirées, vous n’imaginez pas, toute mon énergie à essayer. Jusqu’au bout. Maintenant c’est vers les citoyens que je veux me tourner. À eux que je veux consacrer mon temps. C’est désormais ma priorité.

Alors vous savez quoi ? Sortons des logiques de partis, oui, plus que jamais, et revenons au projet. Lisez-le, regardez nos communiqués sur l’hopital de Moutiers, sur l’emploi à ST Microelectronics ou à Cenntro, contre la baisse des dotations aux collectivités, en soutien à la Conf Paysanne ou encore à la qualité de la vie en montagne... Regardez nos actions sur le terrain, la construction de l’assemblée représentative qui permet d’associer des citoyens de toute la région aux décisions prises sur les listes, le projet ou encore sur le second tour au-delà des partis. Venez aux cafés citoyens, regardez de près les votes du mandat écoulé. Voilà des faits. Tout y est. Vous avez tous les éléments. D’adulte à adulte, de citoyenne à citoyens. Chacun en responsabilité.

Evidemment c’est mon point de vue, vous entendrez sans doute d’autres sons de cloche et je ne cherche pas à convaincre tout le monde, mais au moins que chacun dispose de l’ensemble des éléments pour juger. De mon côté en tout cas tout est là, sur la table. Et le Rassemblement reste largement et chaleureusement ouvert à toutes les bonnes volontés.

Ah, et une dernière petite citation pour la route : "Ceux qui pensent que c’est impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui essayent", merci...

À vous.

A vite.

Corinne Morel-Darleux

B) Construire l’alternative en Rhône-Alpes (Mediapart)

Associatifs, syndicalistes, militants et élus, membres du PG, EELV, Ensemble, PCF, Nouvelle Donne... 80 citoyens engagés, issus des huit départements de la région, lancent un appel « à s’unir sans attendre, pour redonner élan et espoir à toutes celles et ceux qui ne se résignent pas à la situation actuelle ».

Reconstruire la politique : urgent, désirable et possible. En Rhône-Alpes, nous y sommes prêts.

Parce qu’il existe une alternative aux politiques d’austérité menées par le gouvernement, qui pèsent sur nos citoyen-ne-s et étranglent les territoires dans lesquels nous vivons,

Parce que nous en avons assez de voir la politique libérale actuelle nous priver petit à petit des services publics indispensables pour bien vivre et travailler au pays,

Parce que l’eau, l’air, les sols, le climat, notre patrimoine commun, sont progressivement transformés en marchandises, confiés au privé et détruits sans que les “ grands dirigeants ” ne bougent le petit doigt,

Parce que nous sommes inquiets de voir le repli sur soi et les sectarismes se développer sur le terreau de la misère sociale et du chômage,

Inquiets du boulevard qu’ouvrent ces politiques délétères à la droite et au FN, mais fermement convaincus que la réponse au “ tous pourris ”, c’est l’engagement citoyen :

Nous, signataires de cet appel, avons décidé de prendre l’initiative pour dire l’urgence et notre disponibilité à créer une dynamique de rassemblement à gauche, écologiste et citoyenne, à vocation majoritaire. Nous déclarons qu’il est urgent, désirable et possible de construire cette dynamique à l’échelle régionale en Rhône Alpes. Ensemble, nous sommes prêt-e-s à construire un projet de transformation sociale et écologique ancré résolument à gauche pour « changer la vie » pour de bon, enfin ! Mobilisons les énergies et les ressources régionales pour créer des activités et des emplois utiles et relocalisés, partager les richesses et le temps autrement, développer la coopération plutôt que la concurrence et la prédation des ressources naturelles, avancer vers un projet de société différent.

Nous nous retrouvons déjà sur de nombreuses luttes communes, nous partageons le même désir de vie bonne pour tou-te-s, les mêmes valeurs républicaines, les mêmes objectifs de réappropriation citoyenne et de justice sociale, la même urgence à mener la bifurcation écologique. Nous appelons donc tou-te-s les citoyen-ne-s, collectifs, réseaux, syndicalistes, quartiers, militants, associatifs et élu-e-s de Rhône Alpes qui en ont assez, à s’unir sans attendre, pour redonner élan et espoir à toutes celles et ceux qui ne se résignent pas à la situation actuelle.

Nous nous déclarons disponibles pour lancer et participer à cette dynamique de rassemblement, seule à même de bloquer l’arrivée au pouvoir de la droite dans notre région, en proposant une alternative crédible à la politique libérale et d’austérité menée par le PS au gouvernement. L’annonce des prochaines échéances régionales, fin 2015, nous laisse le temps de nous organiser. Ne le gaspillons pas, soyons à la hauteur des responsabilités qui nous échoient.

Surmontons nos différences, les égos, les jeux d’appareil et les étiquettes. Rassemblons-nous !

Paul Ariès, objecteur de croissance, rédacteur en chef du mensuel les Zindigné(e)s (Rhône) ; Georges Arpin, conseiller municipal PCF Oyonnax, conseiller communautaire du Haut-Bugey (Ain) ; Elliott Aubin, adjoint au maire du 1er arrdt de Lyon, étudiant, conseiller national PG (Rhône) ; Julian Augé, co-secrétaire PG (Haute-Savoie) ; François Auguste, conseiller régional PCF-Front de Gauche (Isère) ;

Lela Bencharif, conseillère régionale EELV (Loire) ; Corinne Bernard, conseillère régionale EELV (Isère) ; Laurence Boffet, conseillère du 1er arrdt de Lyon, Ensemble ! Front de Gauche (Rhône) ; Danielle Bonnel, Assemblée citoyenne Chambéry (Savoie) ; Sofiène Boumaza, militant PG, Assemblée citoyenne ouest-lyonnais (Rhône) ; Sylvie Brianceau, conseillère municipale PG à Passy (Haute-Savoie) ;

Marylène Cahouet, syndicaliste (Rhône) ; Annick Cappoen, Assemblée citoyenne de Chambéry (Savoie) ; Danielle Carasco militante féministe Villeurbanne (Rhône) ; Robert Cartier, maire de Saint-Martin-de-Clelles (Isère) ; Albane Colin, conseillère régionale EELV (Ain) ; Alain Coulombel, conseiller régional EELV (Haute Savoie) ; Agnès Crepy, militante associative, conseillère municipale à Ugine (Savoie) ; Armand Creus, conseiller régional Ensemble - FdG (Rhône) ;

Jean-Pierre Delbonnel, militant Ensemble (Savoie) ; Bruno Dolik, co-secrétaire départemental PG (Loire) ; Alain Dontaine, militant PG Grenoble (Isère) ; Tifen Ducharne, militante de l’éducation populaire et membre du Bureau national PG (Savoie) ; Gisèle Duchateau, bénévole au Comité d’action juridique pour l’accès au droit rural (Drôme) ; Gilbert Dumas, syndicaliste (Rhône) ;

Antoine Fatiga, conseiller régional FdG (Savoie) ; Jérôme Faynel, militant associatif (Rhône) ; Eleni Ferlet, co-secrétaire départementale PG (Rhône) ; Marc Ferrapie, militant de l’éducation populaire et de la solidarité internationale, ancien responsable syndical régional dans le bâtiment (Ardèche) ; Mylene Ferri, conseillère municipale PCF Oyonnax (Ain) ;

Colette Grange, militante des droits de l’homme et de la femme (Rhône) ; Patrick Guerini, co-secrétaire du PG comité Annemasse Agglo (Haute-Savoie) ; Bruno Guillaud-Bataille, maire de Charavines (Isère) ; Jean-Jacques Gury, militant Nouvelle Donne (Rhône) ;

Corinne Iehl, élue communautaire Grand Lyon EELV (Rhône) ;

Maurice Jacquet, militant associatif Attac, Collectif Roosevelt et PG (Ain) ; Christian Jeannot, militant de l’éducation et de la culture (Drôme) ; Robert Joumard, militant Attac (Rhône) ;

Olivier Keller, conseiller régional EELV (Ardèche) ; Andrea Kotarac, co-secrétaire départemental PG (Rhône) ;

Hélène Lacheret, précaire de l’Education Nationale et co-secrétaire départementale PG (Drôme) ; Raphael Laine, militant Ensemble ! Jeunes - Front de Gauche (Rhône) ; Danièle Lebail, conseillère régionale PCF-Front de Gauche (Rhône) ; Pascal Le Brun, syndicaliste EDF (Rhône) ; Marie-Claude Lefort, militante communiste (Drôme) ; Hélène Legardeur, conseillère régionale EELV (Drôme) ; Bruno Léna, militant de l’enseignement (Drôme) ; Gérard Leras, conseiller régional EELV (Isère) ; Philippe Leeuwenberg, conseiller général de la Drôme, conseiller municipal de Die, communiste (Drôme) ; Véronique Louis, maire de Saint Maurice d’Ibie, vice-présidente de la CDC "Berg et Coiron" PG (Ardèche) ;

Alain Manach, militant associatif Grenoble (Isère) ; Elisa Martin, première adjointe à la Mairie de Grenoble (Isère) ; Pierre Mériaux, conseiller régional EELV (Isère) ; Daniel Mino, CAP à Gauche Chablais (Haute-Savoie) ; Dominique Monterrat, militant Alternatifs/Ensemble (Ain) ; Véronique Moreira, conseillère régionale EELV (Rhône) ; Corinne Morel Darleux, conseillère régionale Parti de Gauche - Front de Gauche (Drôme) ; Laurent Moreno, conseiller municipal de Thizy-les-Bourgs Ensemble !/FDG (Rhône) ;

Richard Neuville, militant Ensemble (Ardèche) ;

Anne-Sophie Olmos, conseillère municipale déléguée Nouvelle Donne de Grenoble (Isère) ; Corinne Oumakhlouf, co secrétaire départementale PG (Loire) ;

Raymonde Poncet, conseillère générale EELV (Rhône) ;

Philippe Quintin, adjoint au maire Miribel les Echelles, syndicaliste (Isère) ;

Dominique Rols, militant syndical à l’Inspection du Travail (Loire) ; Marianne Rouxin, Militante Ensemble ! (Savoie) ;

Bernard Sauvat, militant du PG, membre du bureau du comité de Bourg-en-Bresse (Ain) ; Cesar Scaglia, militant associatif, Albertville (Savoie) ; Benoit Schneckenburger, membre du Secrétariat national du PG (Rhône) ; Odile Schwertz-Favrat, militante engagée dans le mouvement social pour la représentation associative "Femmes en Luth, citoyennes à part entière", "Coordination régionale Rhône-Alpes de soutien aux sans papiers" et "Mêmes droits pour toutes et pour tous" (Drôme) ;

Didier Thévenieau, porte-parole du Parti de Gauche 26, Responsable du collectif anti-gaz de schiste Drôme Sud (Drôme) ; Serge Tissot, syndicaliste (Ain) ; Michele Tortonese, militante Ensemble !-Front de Gauche (Rhône) ; Alain Touleron, Militant Ensemble ! - Front de Gauche (Rhône) ; Sylvie Touleron, militante Ensemble (Haute Savoie) ;

Marie-Christine Vergiat, députée européenne, Front de Gauche ; Benoit Verrier, militant syndical à l’inspection du Travail (Isère) ; Patrice Voir, conseiller régional PCF-Front de Gauche (Isère) ;

Michel Wilson, militant EELV (Rhône) ;

Saïd Yahiaoui, universitaire (Rhône).

EELV ensemble front de gauche gauche nouvelle donne Parti de gauche PCF Rhône-Alpes

A) Réponse à M. Queyranne (président PS de la région) : Nous voulons donner à Rhône-Alpes Auvergne un autre avenir

Die, le 19 mai 2015

Bonjour,

Par un courrier que vous nous avez adressé le 11 mai et que vous avez rendu public dès le 12 mai, vous demandez qu’une rencontre puisse avoir lieu entre nos deux organisations politiques en vue d’une alliance dès le premier tour des régionales.

Permettez-nous tout d’abord de regretter la médiatisation immédiate de votre courrier qui nous fait nous interroger sur sa sincérité. Et ce, d’autant que, comme vous le rappelez, vous avez déjà été investi tête de liste, que les grands axes de votre programme sont déjà ficelés, et vos listes déjà soumises au vote des adhérents du PS. Voici quoiqu’il en soit nos éléments de réponse sur les différents points soulevés, que nous nous permettrons donc de rendre publics à notre tour.

Tout d’abord, dans notre conception de la politique, les contours d’une alliance doivent être définis non par des cartels politiques traditionnels, mais par un projet commun. Or tout au long de ce mandat depuis 2010 nous avons pu constater nos nombreux désaccords sur différents dossiers, encore aggravés par l’arrivée à la présidence de la République de Monsieur Hollande en 2012 et par la politique d’austérité qui s’en est suivie, émaillée de trop nombreux reculs d’essence libérale, tant sur le plan social qu’environnemental. Nous n’en ferons pas la longue liste ici pour nous concentrer sur l’aspect régional, mais celui-ci en est fatalement impacté. Nous pensons notamment aux personnels territoriaux et aux collectivités pour lesquelles la région doit être un point d’appui, aux habitants des zones délaissées et aux services publics de proximité : ils n’ont pas à faire les frais de budgets de plus en plus contraints par l’austérité imposée par l’Union européenne et relayée par le gouvernement.

A la Région Rhône-Alpes que vous avez présidée durant déjà deux mandats, que ce soit en matière d’aides économiques, de mode de gouvernance de la Région et plus globalement d’une vision de ce que devrait être le bien vivre dans notre Région pour tous ses habitants, nous avons rencontré de nombreux points d’achoppement qui se sont à plusieurs reprises traduits par des votes différents. Comment pourrions-nous faire un "bilan commun" comme vous nous y invitez, quand nos orientations ont été si différentes ? Les citoyens n’y croiraient pas, et ils auraient raison. Cessons de créer des façades de circonstances. Un jour vous traitez les écologistes d’Amishs, le lendemain nous devenons des alliés ? Avouez qu’il ne serait pas raisonnable de nous présenter devant les électeurs déjà bien fatigués des jeux politiciens en commençant par leur proposer une illusion d’unité.

Concernant le programme, deux de vos points portent sur l’union de nos deux régions et l’égalité territoriale. Il faut en parler en effet ! Mais que ne l’avons-nous fait avant que soit adoptée cette réforme territoriale décidée d’en haut, par le Président de la République, et qui n’a associé ni les habitants, ni les élus de proximité ? Le phénomène de concurrence entre les territoires et de métropolisation sont dans la droite ligne de la politique de pôles de compétitivité que vous avez par ailleurs toujours encouragée. Parlons de l’emploi également : votre politique régionale a fait le pari de cette mondialisation à laquelle vous parlez de "résister" dans votre courrier. Les aides publiques régionales, directes ou indirectes, accordées à de grands groupes privés qui réalisent des profits, délocalisent, ou se domicilient dans les paradis fiscaux, en pleine période de restriction budgétaire, non seulement est indécente, mais elle n’a pas porté ses fruits. Le modèle de rayonnement à l’international ne peut pas être l’alpha et l’omega du soutien à nos acteurs économiques régionaux. Trop de fonds publics y ont été consacrés, sans effets. Ils doivent désormais être réorientés pour permettre la relocalisation des activités.

Vous parlez à ce sujet de "transparence des choix budgétaires" et de l’utilisation des fonds publics, mais où sont les critères d’emplois pérennes, d’utilité sociale, d’impact environnemental que nous réclamons depuis 2010 ? Vous parlez de transition énergétique, tout en restant fondamentalement attaché à l’industrie nucléaire dans une région qui est la plus nucléarisée d’Europe, présentant de forts risques pour les habitants et les salariés. Vous évoquez la défense des services publics, tout en privilégiant sur de nombreux dossiers l’externalisation et les partenariats public-privé. Un travail a été mené sur la protection du foncier agricole, mais celui-ci est sacrifié sur de trop nombreux projets commerciaux que vous soutenez par ailleurs. Et que penser de la défense des populations les plus précaires et des opprimés, quand les fonds européens sur l’inclusion sociale et l’hébergement d’urgence n’ont pas été mobilisés pour le dernier budget régional ?

Tout au long de cette mandature, le PS n’a cessé d’affirmer objectifs et politiques contradictoires, manquant de cohérence et de vision pour notre région, à l’heure où les défis n’ont pourtant jamais été aussi vifs. Cet effet d’éparpillement se retrouve jusque dans le contrat de plan Etat-Région qui vient d’être adopté. Pourtant, nous savons qu’Auvergne et Rhône-Alpes sont deux régions riches de leur diversité, de leurs habitants, de leurs territoires. Elles ont tous les atouts nécessaires en main. Ce dont elles ont besoin aujourd’hui c’est d’un projet d’avenir cohérent, qui associe l’ensemble des forces vives sur nos valeurs républicaines et dans une visée d’intérêt général.

Diviser la gauche pour mieux régner a trop souvent été le mode de communication privilégié du PS, et votre courrier n’y déroge pas - comme le souligne d’ailleurs l’article de Lyon Capitale qui lui a été consacré. Le "poison mortel" de la désunion comme vous l’appelez n’est pas de notre fait, mais le résultat des politiques menées. Notre autonomie et la recherche d’unité sincère est en réalité tout au contraire une garantie de renouveau pour nos concitoyens et l’opportunité historique de voir la gauche se relever sur ses valeurs et de changer la vie vraiment. C’est aussi l’espoir pour les abstentionnistes et tous les déçus de la politique, las de voir les promesses de campagne si vite oubliées, d’enfin voir une alternative se créer à gauche pour briser les hégémonies et sortir de l’alternance avec l’UMP qui dure depuis trop d’années. C’est enfin, tout simplement, une question de démocratie que d’offrir aux électeurs la possibilité de voter selon leurs convictions.

Les résultats des dernières élections appellent avant tout au renouvellement de la vie politique et à un véritable projet de changement.

La confiance, l’exemplarité, le projet : voilà ce qui nous permettra de battre la droite et de contrer l’extrême-droite. Il est temps que le vote "utile", si souvent brandi comme une menace, change de camp. Face à la droite dure incarnée par Monsieur Wauquiez et au Front National, seule une liste de rassemblement proposant une alternative de gauche peut, dès le premier tour, créer un véritable élan de renouveau et changer la donne au second tour.

En 2010, le Front de Gauche s’était présenté de manière autonome et avait effectué avec votre liste une fusion technique au second tour, sans signer de contrat de mandature afin de rester libre de ses votes. Nous assumons totalement le bilan de nos deux élues PG de Rhône-Alpes, Elisa Martin et Corinne Morel Darleux. Aujourd’hui, notre objectif est d’élargir ce rassemblement, en tirant les leçons de ces cinq années et sur la base d’une vision nouvelle pour notre région.

Pour toutes ces raisons, les adhérents du Parti de Gauche, réunis en assemblée générale Auvergne - Rhône Alpes, ont collectivement réaffirmé leur choix, conforme à nos orientations nationales, de construire pour ces élections une liste de rassemblement citoyen la plus large possible à gauche, indépendante du PS, avec comme objectif d’arriver en tête de la gauche le soir du premier tour.

Nous avons donc initié des discussions pour former une liste commune avec toutes celles et ceux qui en partagent les bases, avec nos partenaires du Front de Gauche, Europe-Ecologie-les-Verts et Nouvelle Donne notamment, mais aussi avec des citoyens engagés en dehors des partis. C’est le choix de nos militants mais c’est aussi le désir maintes fois exprimé par nos concitoyens qui voient bien eux, chaque jour, l’urgence à ce que leur quotidien change. C’est ce qu’ont montré les élections départementales où ce rassemblement large s’est construit. Là où vous voyez un affaiblissement de la gauche, nous y voyons une réaffirmation et un renforcement de ses valeurs. Lycées et formation professionnelle, culture, transports, agriculture et ruralité, climat et énergie, économie : dans tous les domaines ce sont la démocratie, l’égalité, la relocalisation de l’activité, la transition écologique et la défense du bien public qui doivent guider notre action.

Nous ferons donc tout pour que cette démarche de rassemblement aboutisse, en lien permanent avec les citoyens et la société civile, afin que les politiques régionales soient mises au service d’un projet de solidarité et de bien vivre ensemble.

Voilà ce qui, pour le Parti de Gauche, s’appelle "faire preuve de responsabilité". Oui, notre belle région aura besoin de l’intelligence de tous. Mais cette intelligence collective se construit dans le débat argumenté, dans l’élaboration d’un projet partagé, et non dans des accords électoraux faisant fi du passé et de l’avenir.

Un "projet de vie et d’espoir", écrivez-vous. Oui. Celui du changement.

Nous voulons donner à Rhône-Alpes Auvergne un autre avenir.

Corinne Morel Darleux,

pour le Parti de Gauche en Rhône-Alpes et Auvergne


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