Dans la région parisienne EELV refuse l’alliance avec le Front de Gauche

vendredi 25 septembre 2015.
 

Le résultat du Conseil Politique Régional Ile de France d’EELV a clos les débats : il n’y aura pas une liste citoyenne commune EELV/FDG en Ile de France.

On me dit que les 34,66% obtenus par la motion de la gauche d’EELV en faveur d’une telle liste est un bon résultat vu l’instance en question. Je le prends donc comme tel et me dit que c’est peut-être un signe d’espoir pour l’avenir. En attendant Emma Cosse et ses ami-e-s ratent une occasion.

Je connais les arguments puisqu’ils nous ont été avancés tout au long de ces semaines par l’entourage de la N°1 d’EELV et de divers responsables de son parti.

Le premier reposait sur un sondage de juin montrant, soi-disant, qu’une liste EELV pur sucre faisait 9% et avec le FDG 12 %. Leur conclusion : nos électorats ne s’additionneraient pas. On pourra déjà rétorquer, et nous l’avons amplement fait, que lorsque votre précédente candidate, Cécile Duflot, a fait 16% aux Régionales de 2010, mieux vaut partir en campagne à deux chiffres qu’à un. Mais, surtout, baser sa stratégie sur un sondage à froid, six mois avant l’élection, sur une liste vendue comme une hypothèse aux sondés est soit une bêtise soit un prétexte. Il eut été intéressant de tester, par exemple, la liste de rassemblement citoyen menée par Eric Piolle et Elisa Martin pour les municipales à Grenoble six mois avant qu’elle ne remporte la mairie. Je pense que le résultat ne devait guère être différent, pire peut-être. Se souvient-on que Jean-Luc Mélenchon en juin 2011 était crédité de 3% des intentions de vote… On voit d’ailleurs bien que c’est depuis qu’elle existe réellement que la liste de rassemblement citoyen et d’unité FDG/EELV/ND/NGS grimpe dans les sondages en Midi Pyrénées –Languedoc Roussillon… Et les excellents résultats de telles listes de rassemblement lors des élections départementales dans les zones urbaines, comparables donc à l’Ile-de-France, prouvent à l’inverse tout le potentiel de cette stratégie.

Le second, plus « off » était sans doute moins fallacieux : la secrétaire générale de EELV, Emma Cosse jugeait impossible de prendre une option aussi tranchée dans un parti partagé sur cette question. Autrement dit l’autonomie était le moyen de rester au milieu du gué surtout quand les plus droitiers de ses membres, et élus ce qui a des conséquences financières, s’en vont ou menacent de le faire. Paradoxalement donc le succès des listes de rassemblement ailleurs en France (on en compte cinq aujourd’hui et d’autres pourraient s’ajouter) rendait encore plus compliqué pour la secrétaire générale d’EELV d’incarner à son tour un tel choix sauf à en faire désormais la stratégie nationale de son parti ce qu’elle se refuse à faire…

Peut-être. Peut-être que ces arguments internes l’auront finalement emporté mais des choix politiques décidés en fonction de telles considérations ne sont jamais bons. C’est d’ailleurs à cela que l’on reconnaît la qualité d’un-e responsable politique apte à proposer des choix en fonction de l’intérêt général de son camp, et plus largement de ses concitoyen-ne-s, et non de je ne sais quelle question interne.

Car à l’inverse les arguments rationnels pour faire une telle liste étaient légions.

Je sais bien que dans la dernière ligne droite, préparant surement en interne le terrain de son refus, EELV a voulu à travers une lettre envoyée à chacune des composantes du FDG pointer nos différences programmatiques plutôt que nos proximités mais la réponse argumentée que nos trois SN Jean-Charles Lallemand, Paul Vannier, tous deux responsables de la région IDF, et Sarah Legrain, en charge des relations unitaires, ont fait parvenir au Conseil politique régional mardi matin, (je la reproduits ci-dessous intégralement), en révèle l’inanité. Si effectivement des débats de fond existent entre nous, ils ne nous empêchaient pas pour le coup de gérer ensemble une région en y proposant des choix alternatifs à l’austérité, au productivisme, à un aménagement du territoire et de l’organisation des transports franciliens contraires aux intérêt des habitants de la région et de la préservation de l’environnement etc… Il suffit d’ailleurs pour s’en convaincre d’analyser attentivement les votes et les débats des assemblées plénières du Conseil régional pour s’en convaincre. Sur plusieurs des grands dossiers présentés lors de ce mandat nous avons été d’accord et quand nos votes ne se sont pas retrouvés c’est plus d’une fois en raison de l’accord de gestion qui liait EELV au PS et non de la conviction de ses conseillers régionaux. Tout cela pour dire que comme dans d’autres régions, nous n’aurions pas eu trop de difficultés à écrire un programme commun.

Et si d’ailleurs il était encore besoin de s’en convaincre, il suffirait de se remémorer les mobilisations sur lesquelles nous nous retrouvons bras dessus, bras dessous depuis 3 ans, souvent en opposition à la politique gouvernementale : soutien à la Grèce, soutien à l’amnistie sociale, lutte sur le logement, en solidarité avec les migrant-e-s, contre l’ANI, contre les GPII, pour le climat… On ferait mieux en réalité d’énumérer celles pour lesquelles ce n’est pas le cas. Je cherche encore.

Enfin, et ce dernier argument aurait du tout emporter, dès lors que nous sommes des partis aspirant à gouverner le pays et que nous ne voulons pas le faire derrière le PS, nous avons la responsabilité de proposer une alternative. Ce sera nécessaire à l’avenir. C’est aussi valable dans ces élections régionales dont nul n’ignorera le caractère national à un an des présidentielles. Toute démonstration en ce sens est un bien précieux pour l’avenir et du coup pour lutter concrètement contre la montée de l’extrême-droite et les ambitions de la droite. Pour répondre également aux appels politiciens de Cambadélls à l’unité derrière son parti pour contrer une menace FN. Ensemble nous avions la possibilité d’être en tête de la gauche au soir du 1er tour voir même de mettre Emma Cosse en situation de présider la région. Le passage était certes étroit mais il existait tant je suis certain de l’enthousiasme qu’aurait suscité un tel rassemblement. Une telle occasion, sans risque, ne se refuse pas. A moins qu’en réalité on ne la souhaite pas… Ce qui est peut-être d’ailleurs le fond du problème en ce qui concerne la tête de liste d’EELV.

Je m’arrêterai là. Je sais que beaucoup de militants et sympathisants EELV, y compris des candidats pressentis, éprouvent le même regret que moi aujourd’hui. Dans d’autres régions mes camarades feront tout pour les aviver en asseyant d’obtenir le meilleur score possible pour leurs listes de rassemblement. En attendant sur l’Ile de France qu’on compte sur nous pour mener la bataille pour faire vivre une véritable alternative citoyenne, écologique et sociale aux listes de tous les partis de l’austérité. J’y mettrais pour ma part toute mon énergie. Emma tu as raté une sacrée occasion de la mener avec nous. Il n’y a sans doute que le PS qui puisse vraiment s’en satisfaire.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message