Quel est le bon candidat à la présidentielle ? (Bernard Teper, président de l’UFAL)

mardi 20 mars 2007.
 

Philippe Schwartz dans un papier récent posait la question ainsi : « devons-nous participer à la formidable “fabrique de brouillard” médiatique ou au contraire tenter avec nos modestes moyens de clarifier les termes du débat ? ... En posant la question, on y répond. »

Le tohu-bohu médiatique est clair : la vie est conditionnée par le match à trois Sarko-Bayrou-Ségo, le trio majeur du oui au traité constitutionnel européen. Alors le débat devient y compris à gauche ou à l’extrême gauche, pour ou contre Bayrou ou pour ou contre Ségo. Et voilà que beaucoup de militants de gauche et d’extrême gauche soit embrayent sur ce même viatique soit vont se perdre dans les arcanes des candidats qui n’auront pas les signatures ou dans des candidats marginaux qui participeront à la prévisible bérézina du 22 avril 2007 qui sera alors comparé à celle du 21 avril 2002.

Quelle est la caractéristique de la campagne ? Puisque le peuple a comme préoccupations les conséquences sociales du turbocapitalisme, les candidats « gauchissent » leurs discours y compris l’extrême droite. Comme l’ancien coup de la fracture sociale de Chirac. Et ce sont les mêmes communicateurs que d’antan !!! Comme le peuple répond aux discours laïques et républicains prisés par lui, tous les candidats laïcisent leurs discours et républicanisent leurs rhétoriques. Mais cela trompe qui ?

Ceux qui veulent être trompé et ceux qui s’enfoncent dans la confusion : les promesses n’engagent que ceux qui y croient !

Que dans cette élection ou beaucoup n’auront pas de candidats qui les satisferont dès le premier tour, chacun vote en son for intérieur est normal. Que les votes soient différents, normal pour la période. Mais que certains fassent campagne pour des candidats qui ont soutenu ou exécuté une politique contraire à leur idéal et qui continuent à produire du discours antagonique avec leur idéal dépasse l’entendement. Au moins les férus d’histoire rappelleront qu’il faut au moins manger avec une longue cuillère !!! Ce qui frappe, c’est le nombre de militants qui n’ont pas une réflexion globale et usent d’amnésie et de focalisation le tout marqué par un fort ressentiment dénué d’une analyse politique globale. Auraient-ils oublié le vote du non au traité constitutionnel européen, aurait-il oublié l’attaque contre les retraites et l’assurance-maladie, etc.

Je passe sur l’extrême droite qui reste à l’écart, et fort heureusement des militants de gauche et d’extrême gauche.

Sarkosy se paye le luxe d’avoir comme soutien au deuxième tour Roger Hanin qui se targue de voter communiste au premier tour. Roger Hanin le dit, c’est par ressentiment contre les socialistes qui ont été indignes avec son beau-frère ! Que Sarkosy soit le premier homme de droite qui écrive un livre disant que dans les banlieues, ce n’est pas le social et le laïque qui manque ,mais le lien religieux et que c’est à l’Etat d’y pourvoir, lui importe peu. Bien sûr que ce bushiste français est à combattre politiquement !

D’autres militants de gauche choisissaient Dupont-Aignan. Devant la maigreur des troupes gaullistes de ce candidat, il fallait bien le renfort des militants de gauche qui, par RESSENTIMENT contre le communautarisme de gauche et d’extrême gauche, le soutiennent les yeux bandés. Mettant en avant son non au TCE et sa défense du service public de l’énergie, ils oubliaient son soutien indéfectible à tous les votes des lois antisociales de la présidence Chirac. Amnésie quand tu nous tiens !

Corine Lepage : la candidate qui défend à la télévision la laïcité et le néolibéralisme. Elle fait la même chose que les Indigènes de la république mais en inversé (les Indigènes de la république combattent le néolibéralisme en défendant le communautarisme !). Pour un militant de gauche , soutenir Lepage, c’est agir par RESSENTIMENT en lieu et place d’une analyse politique globale et surtout :

Comment peut-on aujourd’hui ne pas voir que le néolibéralisme est allié au communautarisme. Si on s’oppose à l’un on doit s’opposer à l’autre.

Bayrou : la nouvelle coqueluche de la gauche !

Ces militants de gauche qui mettent en avant qu’il a promis un référendum pour le TCE et qui se laissent manœuvrer par un discours laïcisant. Quand même, c’est lui qui a voulu aggraver la loi Falloux et qui a mit 1 million de personnes dans la rue. J’ai changé dit-il.

On parle de vote révolutionnaire. Mais ce n’est pas cela le vote révolutionnaire. Là ; il s’agit d’un vote à droite franco de port et d’emballage ! Le vote révolutionnaire est d’appeler à un vote de gauche.

Quand Bayrou propose sur l’affaire Airbus la même proposition que Sarko à savoir un nouveau pacte d’actionnaires publics et privés, ces camarades voient-ils que c’est en contradiction avec notre conception de la laïcité économique qui vise à séparer la sphère publique économique de la sphère privée économique. Non, nous devons demander qu’Airbus soit un pôle public européen à 100%. Point barre.

Quand Bayrou propose, entre autres, la TVA sociale pour remplacer les cotisations sociales, ces camarades se rendent-il compte que le programme économique de Bayrou est le plus réactionnaire de tous les candidats de droite ?

Quand Bayrou se targue d’être dans la lignée de Barre et que celui-ci, le lendemain fait la sortie que l’on sait sur Papon et Gollnisch, est-ce que cela ne mériterait pas un désaveu de la part de Bayrou. Rien ! Nada ! Il reste un démocrate-chrétien fidèle à toutes les démocrates -chrétiens du monde !

Par ailleurs, je rappelle que François Bayrou a combattu et n’a pas voté la loi du 15 mars 2004 contre les signes religieux à l’école.

Il faut un fort RESSENTIMENT et avoir abandonné la réflexion politique globale pour en arriver là.

N’essayons pas de finasser. Nous avons une crise de la représentation politique et les conditions objectives et subjectives ne sont pas réunies pour avoir un candidat que nous pouvons soutenir urbi et orbi. Mais alors disons-le ! Armons les militants pour aller porter notre discours dans le mouvement social. Mais nous n’avons pas le droit de participer à la confusion et de faire croire qu’il y a là une stratégie gagnante dans le champ politique aujourd’hui du premier tour de la présidentielle.

Par ailleurs, nous avons déjà dit que nous étions hostiles à la 5ème république et ses règles du jeu. Et on oublierait notre combat pour une 6ème république laïque ,féministe, écologique et sociale ? Pourquoi certains acceptent-ils aussi facilement les règles de la 5 ème république ?

Ecoutons Philippe Schwartz« Plutôt que de favoriser les illusions d’optiques du passager du train qui croit que celui-ci fait marche arrière quand c’est l’autre train de la voie d’à coté qui quitte le quai, notre rôle est, à mon avis, de favoriser et d’accélérer la dynamique du pendule idéologique vers la gauche en combattant toute forme de “fixité” trompeuse »

Que chacun vote en conscience dans sa sphère privée, mais ne fasse pas croire que son vote nous fait jouer dans la cour des grands.

Pour le reste, nous devons « accélérer la dynamique du pendule idéologique » par notre action dans le mouvement social en mettant en avant le fait d’être de gauche, laïque, féministe et social.

bernard.teper@ufal.org

Président de l’UFAL


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