Ségolène Royal invitée de l’émission "A vous de juger" sur France 2

lundi 19 mars 2007.
 

Arlette Chabot

J’ai d’abord envie de vous demander, est-ce que vous aviez bien mesuré la difficulté d’une campagne présidentielle ?...

Ségolène Royal

Oui c’est très rude. C’est très rude, mais en même temps cette rudesse est à la hauteur de l’enjeu je crois. Les Français nous observent, je veux que cette élection serve à quelque chose, c’est-à-dire qu’ils aient un choix, un vrai choix. Et donc c’est en même temps quelque chose d’essentiel, je crois que la France est dans une crise très profonde et le choix qui sera fait par les Français dans quelques semaines va définir notre avenir commun, pas seulement pour cinq ans, j’en ai la conviction profonde, mais sans doute pour toute une génération et donc il ne faut pas se tromper.

Arlette Chabot

Alors il y a des gens qui disent, on ne la reconnaît pas bien Ségolène Royal depuis quelque temps, parce qu’on la voyait libre, elle disait des choses qui pouvaient paraître extrêmement audacieuses pendant justement cette campagne au parti Socialiste, et puis depuis quelques semaines on dirait que vous êtes un peu plus cadenassée. Alors est-ce que c’est le poids du parti Socialiste, est-ce que c’est la peur du dérapage, est-ce que vous êtes, allez je ne vais pas dire, non pas sous contrôle, je ne me permettrais pas mais un peu coincée, beaucoup plus et vous avez perdu cette liberté ?

Ségolène Royal

C’est un peu vrai, je crois que j’ai eu beaucoup de libertés dans le débat interne du parti Socialiste, j’ai été désignée par 60 % des militants, notamment par tous les nouveaux adhérents qui m’ont porté, par l’opinion publique aussi qui m’a porté et puis j’ai eu cette phase d’écoute, parce que je veux répondre à la crise démocratique et je crois qu’aujourd’hui on ne peut plus faire de la politique comme avant. La France a changé, le monde a changé, la politique donc doit changer, les citoyens sont devenus exigeants, ils se sont souvent détournés des urnes et ce cri, cette attente, ces colères j’ai voulu les entendre avant de proposer ce pacte présidentiel.

Arlette Chabot

Mais vous êtes moins libre maintenant ou pas alors ?

Ségolène Royal

J’ai été moins libre c’est vrai parce que je crois que je suis appuyée par une organisation politique...

Arlette Chabot

Ce n’est pas un poids quand même, ça vous aide quand même aussi.

Ségolène Royal

C’est une chance, c’est une chance parce que ça prépare aussi la stabilité du pouvoir pour après dans le cadre d’une majorité parlementaire, mais en même temps il a fallu que je compose dans cette phase mais aujourd’hui, je suis dans la dernière ligne droite et je reprends Arlette Chabot, je reprends toute ma liberté.

Arlette Chabot

Alors vous dites ce matin dans une interview à notre confrère les Echos, justement que la ligne, c’est vous qui la définissez donc je cite, c’est moi qui la trace, je regarde la réalité de la France, telle qu’elle est et je propose des solutions efficaces sans être prisonnière d’aucun dogme. Donc ça c’est la liberté de Ségolène Royal qui s’affranchit à nouveau de tout ?

Ségolène Royal

Oui parce que je crois que c’est ce que les Français veulent, une élection présidentielle par nature est un lien direct entre une personne et le peuple français, ce n’est pas l’élection d’un parti politique, ce n’est pas une élection législative... Donc c’est pour cela que par définition, c’est la nature même de l’élection présidentielle, il m’appartient d’être libre et d’être en cohérence avec mon histoire et avec ce que je propose pour les cinq ans qui viennent et je l’ai dit tout à l’heure, même au-delà...

Je crois que les Français cherchent, ils regardent, ils observent, ils écoutent, ils ne veulent pas se laisser avoir une nouvelle fois. Il y a eu en politique tant de promesses faites et non tenues. Et puis les gens ont parfaitement compris, je l’ai vu dans les débats participatifs, ils ont parfaitement compris que la situation de la France était difficile, que la France était gravement endettée, que la machine économique était bloquée, qu’il y avait des turbulences dans le monde, qu’il y avait une montée des insécurités, des précarités, des nationalismes, des terrorismes et donc par rapport à ces turbulences du monde, ils veulent comprendre qu’elle est encore la place de la politique...

Je pense pouvoir incarner ce changement profond tout simplement parce que je porte sur le monde un regard neuf, que la France a besoin de ce regard neuf, de solutions nouvelles et en même temps de solutions bien encrées sur ce qui fait notre unité nationale.

Arlette Chabot

C’est impossible que vous ne soyez pas au second tour de l’élection présidentielle ?

Ségolène Royal

Ce sont les Français qui choisiront, mais ce débat là il est un combat essentiel parce que je veux que les Français aient un vrai choix, qu’ils ne soient pas comme en 2002 privés de ce choix projet contre projet, valeur contre valeur. Et le choc des projets il doit avoir lieu pour que les Français choisissent. Ils choisissent entre la précarité ou au contraire la revendication de sécurité pour tous et moi je considère contrairement au programme de la droite qui estime qu’avec la précarité on fait de l’efficacité économique, moi je crois que tout le contraire, que c’est en sécurisant les citoyens qu’on les mobilisera dans le travail et que les entreprises seront plus efficaces.

Arlette Chabot

Donc il n’y aura pas de droite droite au second tour cette fois selon vous, il n’y a pas de risque. Il n’y a pas de risque sauf si les Français...

Ségolène Royal

Mais tout dépend de moi. Tout dépend de moi et c’est pourquoi ce combat il est absolument crucial, et c’est pourquoi je suis déterminée à me faire comprendre des Français, d’abord parce que ce pacte présidentiel, ils l’ont construit avec moi, j’ai pris le temps de les écouter. Je connais la France qu’ils ne veulent pas et la France qu’ils veulent. Je sais à quoi ils sont attachés. Et en même temps j’ai compris aussi leurs doutes, leurs souffrances, leurs incertitudes, le sentiment de ne compter pour rien, une attente désespérée de quelque chose qui ne vient pas et en même temps aussi leur talent, leur espoir, leur potentiel, et que la France mérite mieux que ce qu’elle a...

Arlette Chabot

Il reste quelque chose de cette éducation un peu catholique ou pas chez vous. Vous êtes croyante ou vous avez abandonné la religion ?

Ségolène Royal

Il reste toujours quelque chose d’une éducation de l’enfance, ça structure toujours surtout quand on est...

Arlette Chabot

Même la religion.

Ségolène Royal

Bien sûr même la religion. Il y a dans les religions aussi des morales universelles lorsque l’on apprend le respect des autres, la lutte contre la pauvreté, l’attention à porter, bien sûr que ça structure mais en même temps ça permet aussi de s’en affranchir. Et je crois que les enfants les plus en souffrance sont ceux à qui on ne transmet aucune règle, parce que si on n’a aucune règle, on ne peut plus choisir ses libertés et donc je suis favorable moi à l’autorité parentale par exemple.

Arlette Chabot

On en parlera tout à l’heure parce que c’est vrai que...

Ségolène Royal

Parce que je crois que c’est l’autorité qui permet de grandir, parce que ça permet la transgression et dans la religion c’est pareil je crois, c’est-à-dire on garde à la fois des racines d’une identité culturelle et en même temps on a la possibilité de s’en affranchir et de les transgresser pour en choisir d’autres.

Arlette Chabot

Alors on va regarder parce que cette enfance a quand même été difficile. On a retrouvé ce que vous disiez à notre ami Henry Chapier, sur le divan, c’était en 1994.

Ségolène Royal

Moi-même j’ai eu une enfance et une adolescence extrêmement pénible, violente, ces épreuves que j’ai connu, c’est aussi ce qui fait ma force. Toute mon enfance et toute mon adolescence, j’ai entendu mon père dire, vous les filles, vous êtes faite pour le mariage et vous ne ferez pas d’études. Donc mes sœurs qui étaient les aînées ont été sacrifiées à cette logique là et moi qui ait eu plus de chance, puisqu’étant au milieu de la fratrie, je suis arrivée à un moment où j’ai pu me révolter. Et puis j’avais trop souffert des valeurs de la droite traditionnelle dans ma vie d’adolescente que c’est quelque chose aussi avec laquelle j’ai été en rupture...

Le regard que je porte maintenant sur mon passé est positif parce que je sais ce qui m’a été transmis et qui me rend solide aujourd’hui et j’ai eu la chance d’avoir à me battre pour échapper au destin qui m’était tracé. Et je crois que c’est ce qui a forgé aussi ma volonté de socialiste, c’est-à-dire avoir une révolte bien intacte et se dire que si je suis un jour présidente de la République, je veux pour tous les enfants de France dont le destin est tracé d’avance qu’ils puissent se dire, que non, que la République va leur donner les moyens de s’échapper à ce destin tracé d’avance pour qu’ils puissent choisir le leur. Je crois que c’est ça le socialisme moderne du 21ème siècle...

Arlette Chabot

Alors on avance nous aussi dans l’histoire. Deux modèles peut-être, vous allez voir, il faut regarder sur les deux images. Jeanne D’ARC, ça on se disait, c’est une héroïne que vous avez côtoyé ou découverte quand vous étiez en Lorraine. Jeanne D’ARC, c’est un symbole pour vous ?

Ségolène Royal

Bien sûr c’est une vie extraordinaire.

Arlette Chabot

Courte.

Ségolène Royal

Courte, elle n’a pas eu 20 ans, elle a transgressé les interdits en remettant un habit d’homme. Elle a essayé de sauver la France, bien sûr c’est une femme extraordinaire et il n’y a aucune raison d’en laisser le monopole à je ne sais qui...

Arlette Chabot

Si François Bayrou vous faisait des propositions un jour pour un second tour, vous diriez non, non pas du tout ou discutons ?

Ségolène Royal

Mais moi je ne suis pas dans des négociations d’appareil et de personne, moi je suis pour défendre le pacte présidentiel que j’ai construit avec les Français et pour les convaincre. Pour les convaincre que la France peut à nouveau se relever.

Arlette Chabot

Donc pas de négociation avec qui que ce soit.

Ségolène Royal

Il n’y aura aucune négociation. Je n’en ai même pas eu au sein du parti Socialiste, des négociations, alors vous imaginez que je ne vais pas en avoir avec des personnes qui cherchent un peu où est la meilleure sortie. Non, non, moi je suis pour la clarté, la clarté des valeurs, la clarté des objectifs, la clarté des programmes, la clarté du débat politique et donc pour que cette campagne et cette élection présidentielle servent à la France.

Arlette Chabot

Petite question justement, précision, vous avez reproché, je ne vais pas dire aux éléphants, ça les vexe, mais je vais dire à certaines personnalités importantes du parti Socialiste de ne pas avoir fait bloc tout de suite autour de vous, mais en même temps, vous dites je suis seule, je décide de tout, franchement vous soutenir, ils ont peut-être du mal, il faut les comprendre.

Ségolène Royal

Je n’ai rien reproché.

Arlette Chabot

Vous avez dit, ils ont mis du temps à faire bloc autour de moi.

Ségolène Royal

J’ai répondu à une question. Vous savez moi je réponds très clairement aux questions qui me sont posées.

Arlette Chabot

Bon alors moi je vous la pose, donc...

Ségolène Royal

C’est vrai ils ont eu un peu de mal, ce que je comprends d’ailleurs.

Arlette Chabot

Mais vous en aviez vraiment envie qu’ils fassent bloc ou ça faisait un peu rétro...

Ségolène Royal

Ce n’est jamais désagréable quand même que tout le monde fasse bloc.

Arlette Chabot

Ca fait rétro, les anciens reviennent, ce n’est pas terrible pour l’image de Ségolène Royal, il y en a qui disaient ça aussi.

Ségolène Royal

Oui, mais je comprends qu’ils aient mis du temps sur le plan humain, parce que je crois que, c’était imprévu, quand même ma désignation, ce n’était pas dans les logiques du parti Socialiste. Il y a eu un débat interne assez vif, il y a eu tous ces nouveaux adhérents, pourquoi est-ce que j’ai été désignée, parce que les nouveaux adhérents sont à l’image des Français et ils ont une soif de changement. Ils veulent le socialisme du réel. Ils veulent aussi que l’on regarde au delà du parti socialiste et qu’on se tourne vers les Français et ceux qui m’ont désigné ont compris cela, donc c’est difficile, c’est une mutation aussi du parti Socialiste que j’entraîne, un changement profond sur la façon de faire de la politique et en plus je suis une femme. Donc ça fait beaucoup à la fois. Mais maintenant je me tourne vers l’avenir et je crois qu’aujourd’hui tout le monde est à son poste...

Arlette Chabot

61 % en plus disent qu’ils ne croient ni en la droite ni en la gauche pour gouverner...

Ségolène Royal

Mais qu’est-ce que ça veut dire ça, arrêtons-nous un instant. Ca ne veut pas dire que les clivages ont disparu, je crois bien au contraire, nous avons la responsabilité de faire en sorte qu’il y ait des choix très clairs avec des valeurs qui s’opposent et qui ne s’appuient pas sur les mêmes ressorts. Je l’ai esquissé tout à l’heure, on pourra peut-être y revenir. Je pense en particulier que la sécurisation, la lutte contre la précarité est un élément de l’efficacité économique, la droite pense le contraire. Je pense que l’efficacité des services publics est un élément de l’efficacité économique. La droite, l’UMP, le projet de l’UMP, c’est le contraire puisqu’ils proposent de supprimer un fonctionnaire sur deux. Je pense que la justice sociale est un élément de l’efficacité économique. Je crois aussi qu’il est possible de protéger l’Europe contre les délocalisations en faisant en sorte que les Etats assument leurs responsabilités. La droite croit davantage au marché. C’est un débat noble, ce n’est pas une mise en cause des personnes, ce sont des choix fondamentaux entre lesquels les Français doivent choisir. Mais quand ils disent, si je peux juste prolonger là dessus qu’ils ne croient plus dans la droite et dans la gauche...

Arlette Chabot

Parce qu’elles ne tiennent pas leurs promesses.

Ségolène Royal

Non, je crois que c’est plus grave que cela, c’est qu’ils ne veulent pas être instrumentalisés dans un vote. Eh bien moi ce soir je dis aux Français qui m’écoutent, votre vote je ne l’instrumentaliserais pas, c’est-à-dire que si vous m’apportez votre voix, je ne dirais pas que c’est le parti Socialiste qui a gagné l’élection présidentielle et qu’on va tout refaire comme avant. Et c’est de cela dont les Français ont peur, ils ont peur qu’il y ait, vous voyez une mauvaise interprétation de leur vote. Et moi je leur dis que votre vote, je sais que je l’aurais mérité, que ce n’est pas facile de faire confiance une nouvelle fois à des responsables politiques qui donnent le sentiment d’avoir les réponses aux problèmes avant l’élection et puis on attend après l’élection que cette efficacité se mette en place. Et moi comme je pense et que je crois que ce pacte m’engage et qu’il a été fait avec les Français, je suis tenue par la parole que j’ai donné, j’ai écouté pour agir juste, alors demain j’ai la responsabilité de tenir ma parole parce que c’est peut-être la dernière fois que les Français feront confiance à un vote et à un vote politique.

Arlette Chabot

Mais alors après c’est quoi si vous dites c’est la dernière fois, sinon après ce sera quoi à votre avis ?

Ségolène Royal

Sinon après ils ne viendront plus voter, ils s’échapperont vers les extrêmes. Ils feront des votes de protestation, et ils viennent déjà de se comporter comme cela lors des précédents scrutins et donc il faut écouter cette crise démocratique et ne pas instrumentaliser les votes. Je suis socialiste, fidèle à mon histoire, je veux rassembler la gauche, mais au-delà je veux m’adresser au plus grand nombre possible de Français et je leur dis très clairement votre vote ne sera pas instrumentalisé. C’est-à-dire les socialistes ne pourront pas dire, vous voyez on a pris notre revanche. Ce n’est pas un vote de revanche, c’est un vote de projet pour l’avenir...

Arlette Chabot

Question rapide avant que vous ne répondiez aux autres questions posées par les Français qui sont là et ceux qui vous interrogent, encore une fois, par le téléphone puis répondre aux questions de Nicolas Hulot qui viendra vous demander si vous vous souvenez bien de son pacte, que vous avez signé, de notre confrère Eric Le Boucher. Je vais vous poser deux questions. Vous aviez dit sur les 35 heures qu’elles avaient été adoptées de façon un peu technocratique et qu’elles avaient eu des effets négatifs sur des personnes un peu fragiles. Qu’est-ce que vous faites sur les 35 heures alors que le Parti socialiste dit qu’il faut généraliser ces 35 heures ? Quelle est votre position aujourd’hui ?

Ségolène Royal

Je pense qu’au niveau auquel je me situe dans cette candidature à l’élection présidentielle, ce qui est important c’est l’approche globale de la façon dont je vais aider les entreprises à redémarrer. La question du temps de travail en fait partie mais elle ne peut pas être isolée des autres problèmes.

Arlette Chabot

Alors vous allez parler des autres problèmes mais je voudrais juste que vous répondiez à ça. Est-ce que vous avez une position ou pas ?

Ségolène Royal

J’ai une position sur la relance de la machine économique. Et je veux m’appuyer sur les petites et moyennes entreprises qui aujourd’hui créent de l’emploi, qui ont des difficultés, qui sont en panne, qui ont besoin d’être aidées pour garder un coup d’avance dans l’innovation et dans la recherche, pour conquérir des marchés étrangers. Et donc je veux leur donner de l’agilité et de la souplesse.

Arlette Chabot

Donc c’est pas en leur imposant les 35 heures ?

Ségolène Royal

Donc c’est pas en leur imposant unilatéralement les 35 heures mais cette question fera partie de la nouvelle donne sociale. Parce que je veux aussi faire la démocratie sociale, je pense que c’est un des nouveaux ressorts de l’efficacité économique. Un dialogue social achevé avec des syndicats responsables et forts qui seront donc capables comme dans les pays du Nord de l’Europe de faire des compromis sociaux dans l’intérêt des ...attendez c’est très important parce que cette vision-la des choses m’oppose au projet de la droite. Je considère que c’est dans un dialogue social approfondi et j’ai rencontré les organisations syndicales et j’ai rencontré les jeunes dirigeants d’entreprise.

Arlette Chabot

Ce soir vous allez en parler avec les dirigeants d’entreprises.

Ségolène Royal

Juste d’un mot, qui ont tous envie de sortir rapidement de la logique de la confrontation pour aller vers une culture de la négociation, de l’anticipation qui donne à la fois de la sécurité aux salariés et de l’agilité, de la souplesse, de la flexibilité aux entreprises. Mais pas la flexibilité que pour les salariés...

La négociation sociale est l’association des citoyens aux décisions qui les concerne dans tous les domaines parce que, vous le savez je pense, je crois beaucoup dans l’intelligence collective et je pense que l’une des valeurs nouvelles à faire monter en France, c’est faire en sorte que les intérêts des uns convergent avec les intérêts des autres.

Arlette Chabot

Que vous appelez le gagnant gagnant ?

Ségolène Royal

C’est ce que j’appelle le gagnant gagnant. C’est ce que j’appelle aussi les cercles vertueux. C’est un peu plus complexe mais ça veut dire qu’au lieu de s’affronter, de se détruire, quand il y a une grève très dure dans une entreprise tout le monde y perd alors que si il y a un dialogue social par anticipation et si les salariés ont le sentiment que l’entreprise se comporte bien. Et si les employeurs peuvent compter sur une certaine souplesse parce que les pouvoirs publics et l’Etat sera garant du juste équilibre du dialogue social...

Arlette Chabot

Mais vous vous souvenez tout ce que le Parti socialiste a dit, on annule, on annule, on annule ?

Ségolène Royal

Le Parti socialiste a dit cela et moi j’ai dis un certain nombre de choses. J’annule ce qu’il faut annuler, je remets des contrats à durée indéterminée. Par exemple comme le contrat...

Arlette Chabot

Le contrat nouvelle embauche par exemple ?

Ségolène Royal

Comme le contrat de référence sera le contrat à durée indéterminée. Je mets fin au désordre et je remets de l’ordre juste partout où la droite a semé du désordre...

Arlette Chabot

On parlera avec des chefs d’entreprise dans un instant. Petite question, grande question, la dette. On a le compteur, 1221 milliards d’euros. On fait tourner. C’est à dire qu’à la fin de l’émission, on sera à 121 milliards 773. On en prend 13, 14 millions d’euros pendant les émissions. La dette, vous avez dit c’est épouvantable, en commençant votre discours de Villepinte. Vous avez une décision à prendre pour arrêter de creuser la dette ? Comment au moins arrêter de creuser la dette avant de la réduire. Qu’est-ce que vous faites ?

Ségolène Royal

C’est de faire redémarrer le pays. Pourquoi est-ce qu’il y a une dette ? Parce que quand il y a du chômage...

Arlette Chabot

Il y a trop de dépenses de l’Etat.

Ségolène Royal

Il y a trop de dépenses donc il faut faire des économies sur les dépenses de l’Etat. On en a parlé tout à l’heure. Il faut remettre de l’ordre dans la répartition des compétences. Aujourd’hui il y a des chevauchements entre les compétences de l’Etat, celles des Régions, celles des départements.

Arlette Chabot

Ca c’est la réforme de l’Etat. Et ça suffit pour arrêter les dépenses ?

Ségolène Royal

Je pense que c’est très important de remettre au clair les compétences parce que ça évite tous les doublons.

Arlette Chabot

Mais ça suffit pour réduire la dette ou arrêter le déficit budgétaire ?

Ségolène Royal

Et le troisième volet, c’est la relance économique. Si il y a moins de chômage, les cotisations reviennent dans les caisses, les recettes fiscales reviennent dans les caisses. Donc on ne peut pas déconnecter la question de la dette de la question du déblocage de la machine économique. Et le déblocage de la machine économique, c’est d’abord une question de confiance. Et si la France croit à nouveau en son avenir, si elle a à nouveau l’audace, le goût du risque, le goût d’entreprendre, le goût d’avancer...

Arlette Chabot

La croissance repartira ?

Ségolène Royal

Mais bien sûr.

Arlette Chabot

Et c’est vrai vous dites, si je suis élue ça fait 3% de croissance en France ?

Ségolène Royal

C’est pas moi qui l’ai dit, c’est l’ambassadeur des Etats Unis. IL m’a fait un beau compliment d’ailleurs.

Arlette Chabot

Alors vous êtes soutenue par l’ambassadeur des Etats Unis.

Ségolène Royal

Oui parce qu’il a dit...

Arlette Chabot

Alors ça, ça va étonner tout le monde.

Ségolène Royal

Les patrons américains ont dit, mais quand même si la France a l’audace de voter pour elle, c’est un signe de telle confiance dans l’avenir en disant, allez maintenant il faut que ça change, il faut qu’on avance, il faut regarder les choses autrement.

Arlette Chabot

Ca fera 3% de croissance ?

Ségolène Royal

Je ne sais pas mais en tous cas, le compliment je le prends parce que je crois en effet que c’est d’abord un lien de confiance mais c’est ensuite, bien évidemment, un euro dépensé, un euro utile. Et donc mettre fin au gaspillage. Et surtout penser le monde autrement. Et la question majeure, c’est celle des délocalisations...


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