Ouganda : allons-nous vraiment les laisser mourir de faim ?

lundi 19 mars 2007.
 

Le 11 mars dernier, Jacques Chirac nous convoquait, toutes et tous, pour nous tenir ce language : "il serait immoral et dangereux de laisser, sous l’effet d’un libéralisme sans frein, se creuser le fossé entre une partie du monde de plus en plus riche et des milliards d’hommes, de femmes et d’enfants abandonnés à la misère et au désespoir. Le devoir de la France, c’est de peser de tout son poids pour que l’économie mondiale intègre la nécessité du développement pour tous"

Vendredi, confronté à un manque de fonds critique, le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué qu’il était "forcé de diviser par deux les rations alimentaires à près d’un million et demi de déplacés et de réfugiés en Ouganda, et ce dès le début du mois d’avril".

Le PAM avait appelé tous les gouvernements des pays donnateurs à une aide d’urgence. De la France, rien, ou presque. Cette France qui se veut un modèle pour le monde...

"Si nous ne réduisons pas nos rations de 50% dans les prochaines semaine, l’opération de secours serait contrainte à l’arrêt au mois de mai", a expliqué le Directeur du PAM en Ouganda, Tesema Negash, dans un communiqué publié hier.

Depuis 2005, le PAM a réduit ses rations à moins de 40% du minimum requis quotidiennement par personne dans certaines régions d’Ouganda.

En mars, il a retiré le mélange blé soja dans le porridge pour les enfants, élément nutritif de base pour les colis de secours aux familles.

Même si 230.000 personnes déplacées ont pu retourner chez elles en 2006 dans le nord de l’Ouganda, il reste 1,28 million d’entre elles toujours réfugiées dans des camps misérables, incapables de rassembler assez de nourriture pour leurs familles.

Le PAM fournit aussi de la nourriture à 182.000 réfugiés en Ouganda, ainsi qu’une aide à 500.000 personnes touchées par la sécheresse dans la région de Karamoja, qui devrait coûter plus de 10 millions de dollars jusqu’au mois de juin prochain.

La survie de 90% des personnes déplacées, principalement des femmes et des enfants, dépend du PAM. 

Si le manque de fonds se poursuit, le PAM se verra contraint au mois de mai de procéder à de nouvelles coupes dans les rations distribuées à 600.000 enfants scolarisés, ainsi qu’à 240.000 personnes touchées par le VIH/sida.

Le PAM a jusqu’ici reçu seulement 37 millions de dollars sur les 127 millions qu’il avait réclamé aux donateurs.

170.000 tonnes de nourriture sont nécessaires pour poursuivre les programmes engagés en 2007.

"37 millions de dollars, cela peut sembler être une grosse somme, mais un mois d’opération de secours en Ouganda coûte environ 11 millions au PAM", a souligné Tesema Negash.

"Même si la situation sécuritaire dans le nord de l’Ouganda s’est améliorée et si le processus de paix avec l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) avance, les besoins humanitaires de la population restent considérables", a-t-il ajouté.

"Il est essentiel de ne pas abandonner les déplacés à ce stade critique du processus de paix", a-t-il dit. "Même après leur retour, nous savons qu’ils ont besoin de soutien humanitaire jusqu’à ce qu’ils récoltent suffisamment de nourriture pour leur famille", a enfin indiqué le Directeur du PAM en Ouganda.

Les volontaires au retour se voyaient notamment attribuer par le Programme un paquet d’aide alimentaire pour une période de trois mois. Aujourd’hui, plus rien...


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