Chrétiens d’Orient

dimanche 23 août 2015.
 

L’actualité m’y invitait. Sur ma page Facebook, j’ai voulu dire ma solidarité avec les chrétiens d’Orient à l’occasion de la manifestation de solidarité qui leur était consacrée le 15 août à l’initiative de l’Eglise catholique. Je veux développer ici mes arguments. J’ai agi dans la tradition des « Lumières ». Pour cette école de pensée, la liberté du culte est mère, historiquement, de la liberté de conscience. C’est pour garantir l’une qu’on formula l’autre en France après des décennies de vaines persécutions contre les protestants.

La liberté de conscience est la seule liberté qui n’accepte ni bornes ni limites. Elle transforme en droit positif l’intime certitude que je pense donc je suis, moi comme personne dont la singularité découle de cette conscience. Et celle-ci m’indique que je peux savoir si je suis capable de douter de ce qui m’est donné pour évident même par ma propre perception. Le doute méthodique est la forme concrète de la liberté de conscience. En ce sens, elle enracine toutes les autres libertés. C’est dans la liberté de culte que la liberté de conscience trouve son champ d’épreuve. En effet les religions sont toutes dogmatiques. Elles affirment chacune détenir la vérité qui leur est révélée par divers truchements directs venus de Dieu lui-même. Le dogme ne se discute ni ne se prouve autrement que par les arguments d’autorité. L’autorité la plus forte a le dernier mot. C’est cela que nous n’acceptons pas. Le chemin vers la vérité ne peut être celui que dessine la force de la contrainte. Nous y voici.

Les chrétiens d’Orient sont atrocement persécutés au seul motif de leurs convictions religieuses. Les Français qui n’ont pas aimé les guerres de religion dans leur pays, et ont inventé la laïcité pour y mettre un terme, ne peuvent rester insensible à aucune des formes de persécution religieuse. Comme nous avons pris fait et cause pour les musulmans martyrisés par les bouddhistes Birmans nous devons prendre position pour la liberté de culte des chrétiens d’Orient. Il faut le faire lucidement et sans outrage à la vérité de la situation. C’est-à-dire sans récupération. Les chrétiens d’Orient sont des orientaux pleinement partie prenante du cadre national dans lequel ils évoluent. Au contraire d’autres religion comme le judaïsme, le christianisme oriental ne prétend pas fonder une nationalité ni avoir des droits sur un territoire en tant que communauté religieuse. Ce ne sont donc des Irakiens, des Syriens, des Palestiniens, des Libanais et non des « occidentaux » par délégation du fait de leur religion.

Les soutenir ce n’est ni soutenir un Etat ni une politique en particulier. C’est soutenir la démocratie et l’Etat de droit dans la zone que les interventions militaires pétrophiles stupides des Etats-Unis ont plongé dans le chaos. C’est vouloir la laïcité de l’Etat partout dans une région où la religion est l’habillage des luttes d’influence des nations du secteur. Par retour de cohérence, vouloir la liberté de conscience et la laïcité de l’Etat là-bas, c’est s’interdire de laisser y attenter ici chez nous. C’est donc cohérent avec la demande d’abolir le délit de blasphème dans toute l’Europe et notamment en France. Bref, défendre les chrétiens d’Orient est un combat laïque.


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