Pour un Podemos à la française

dimanche 9 août 2015.
 

En quelques mois, Podemos a rendu crédible l’accession au pouvoir des Indignés. Et lorsque ce parti-mouvement se laisse lui-même dépasser par des convergences citoyennes locales, c’est toute la vie politique du pays qui est renversée. Madrid ou Barcelone sont aujourd’hui gouvernées par et pour ceux que certains croyaient à jamais mis sur le côté par la crise et la corruption, et écœurés de la gauche et de la politique. Mais la France n’est pas l’Espagne. La belle histoire grenobloise ne peut occulter la faible dynamique des alternatives écologiste et de gauche. Pourtant, partout dans le pays, dans nos villes, nos quartiers ou dans nos campagnes, le sentiment de mise à l’écart grandit. Le chômage, le manque de soins ou les discriminations sont le lot quotidien de trop de nos amis, de nos concitoyens. Il est temps de mettre les 99 % au pouvoir et d’offrir aux Françaises et aux Français autre chose qu’une classe politique en retard de vingt ans sur la réalité du pays.

Je le dis haut et fort, les Français sont ainsi dans leur grande majorité écolos. Nous ne voulons pas d’OGM ni de gaz de schiste. Nous sommes tous prêts à réduire nos déchets et notre consommation d’énergie si cela s’accompagne d’économies. Partout dans le pays, des initiatives associatives ou entrepreneuriales veulent faire gagner ensemble l’emploi, le lien social et l’environnement. Partout dans le pays, des agriculteurs aimeraient passer au bio, des ouvriers et salariés aimeraient reconvertir leur entreprise pour préserver durablement l’emploi et leur savoir-faire.

Ces aspirations à mieux vivre se heurtent au mur du conservatisme et des rentes et à ceux qui ne veulent pas que cela change. Ce 1 % qui assène à longueur de journée aux Français qu’ils sont trop ceci ou pas assez cela. Ce 1 % qui maintient une fiscalité avantageuse pour les énergies fossiles, qui arrose de subventions des secteurs qui n’en ont pas besoin, qui facilite les licenciements et qui veut supprimer nos trains. Ce 1 % que le président Hollande prétendait remettre à sa place mais qu’il défend aujourd’hui au nom d’une croissance qui même si elle revient bénéficiera toujours aux mêmes.

Podemos en France, c’est la volonté de faire sauter les verrous qui organisent les inégalités et les injustices. C’est un mouvement qui estime que celui qui roule en 4x4 à Paris devrait payer plus cher pour que celui qui est obligé d’utiliser sa Clio pour aller au travail puisse payer moins tout en polluant moins. C’est un mouvement qui estime que l’encadrement des loyers ou le prix des médicaments ne devraient pas être décidés par ceux qui vivent de leurs rentes.

Un Podemos en France, c’est aussi une volonté de remettre le peuple au cœur du projet européen. C’est une stratégie assumée de confrontation pour mettre un terme à l’ignominie que nous faisons vivre au peuple grec et pour réorienter profondément les politiques européennes. Pour que souffle à nouveau un vent de démocratie et de justice.

Enfin, un Podemos, c’est un projet de conquête du pouvoir destiné à redistribuer ce pouvoir. L’indignation n’est pas un métier et nous ne devrions être que de passage en politique. Nous voulons un cadre démocratique participatif, plus local, moins concentré pour faire avec les citoyens et non contre eux.

Ce projet devra renverser les logiques politiques classiques pour prendre racine dans le pays. Nous sommes nombreux à vouloir y prendre part. Et dès 2016, il faudra envisager une candidature à l’élection présidentielle. Une candidature pour gagner dont le succès et la dynamique nous feront dire  : c’est possible  !

Texte publié par L’Humanité


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