De la surconsommation vers la décroissance, pas d’alternatives... (site de campagne de José Bové)

mercredi 14 mars 2007.
 

De la surconsommation vers la décroissance, pas d’alternatives... La croissance économique au sens actuel du terme n’est plus un moteur envisageable pour une autre forme d’économie car elle se nourrit de l’accroissement exponentiel de la production et de la consommation donc de la prédation de notre environnement et de ses ressources.

En effet, notre planète nous offre 2 types de ressources :

- les renouvelables mais qui se reconstituent plus ou moins vite : le vivant dans son ensemble (faune, flore, sols, eau, energie)

- les non-renouvelables qui s’épuisent de plus en plus vite et de façon irréversible : tous les éléments fossiles que nous a légué l’histoire de notre planète : roches, minerais, hydrocarbure, gaz, eaux fossiles des nappes profondes de grande qualité.

Or, nous avons mis à mal les unes et les autres.

Pour les ressources essentielles à la survie humaine comme l’eau et la nourriture, le constat est terrible : alors que les besoins élémentaires de nombreux êtres humains ne sont pas ou mal satisfaits, les ressources disponibles diminuent en quantité et en qualité (eaux accessibles et précipitations dans certaines régions, terres cultivables...). Même la qualité de l’air que tous les êtres humains respirent est aujourd’hui très menacée.

Pour d’autres, non essentielles, mais indispensables à notre système économique actuel comme le pétrole, les métaux et bientôt l’uranium ou le gaz, la limite de l’épuisement se rapproche à grands pas. D’autres facteurs environnementaux majeurs comme le réchauffement, la pollution ou tout incident technologique grave (OGM, nucléaire, biotechnologie) risquent de compliquer la donne et d’aggraver encore des problèmes de plus en plus dramatiques.

Inutile d’évoquer les désordres sociaux que cette pénurie planétaire risque d’engendrer à brève échéance.

La seule alternative viable est de rendre notre système socio-économique dans son sens le plus large et à toutes les échelles, de moins en moins gourmand de l’ensemble des ressources encore disponibles tout en sauvant la part essentielle de notre "développement". Pour celà, il est nécessaire d’économiser de façon drastique les non-renouvelables et d’utiliser intelligemment les renouvelables.

Cette perspective de décroissance soutenable est la seule solution envisageable pour répondre au formidable défi écologique auquel nous sommes confrontés. Nous allons devoir construire un nouveau système économique "économe" en ressources, par principe mais hélas très vite par obligation, tout en étant capable de subvenir aux besoins fondamentaux de la vie humaine (eau, alimentation) et à ceux indispensables à son épanouissement : logement, santé, éducation, culture, communication... Et celà pour l’ensemble de la population planétaire.

Contrairement à ce que pensent certains, il me semble évident que la fuite en avant technologique ne résoudra pas ces problèmes capitaux et que nous n’émigrerons pas sur Mars. L’adaptation brutale que la situation globale exige passera par le renoncement progressif mais inéluctable à nombre de consommations superflues voire néfastes dans un monde de pénurie grandissante et de plus en plus généralisée.

Cette adaptation se fera de façon voulue, maitrisée et donc soutenable si nous prenons les décisions nécessaires suffisamment vite mais elle se produira de toute façon et de manière d’autant plus brutale qu’elle n’aura pas été anticipée. Le renoncement à certains "bienfaits" du confort moderne : objets inutiles, accès à une infinie variété de produits venus des 4 coins du monde, transport individuel, loisirs gourmands (sport mécaniques ou techniques), voyages à longue distance...semble inévitable.

Toutefois, il ne doit pas être vu comme une perte irrémédiable mais plutôt comme une occasion de redécouvrir des espaces d’épanouissement de l’être humain : citoyenneté au sens vrai, relations humaines de proximité, culture et connaissance, création artistique et artisanale, loisirs non consommateurs, spiritualité ou que sais-je ?.. au moins aussi enrichissants que ceux proposés par le système actuel de consommation de masse.

Voilà, le compte à rebours est enclenché et nous en ignorons la durée : 20, 30, 50 ans ? mais l’échéance est certaine et concernera inévitablement nos enfants ou leurs enfants. Pour affronter ce terrible challenge écologique, bien pire que celui des glaciations pour nos ancêtres préhistoriques, nous disposons des deux mêmes atouts qu’eux : notre précieuse planête avec les moyens fragiles et limités mais incroyablement diversifiés qu’elle nous procure et l’intelligence qui caractérise soi-disant notre espèce pour les utiliser le mieux possible.

Il est temps de lancer cet immense chantier car le temps presse et la toute première étape passe par la fin du libéralisme, dogme tout puissant de l’économie actuelle, dont la doctrine se fonde sur une croissance sans limites et à n’importe quel prix de la production, elle même basée sur une consommation effrénée des ressources, sans pour autant réussir à satisfaire les besoins fondamentaux de l’humanité.

Patrick Tanet


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