24 mai 2015 : percée électorale historique des « indignés » à Barcelone, Madrid, Saragosse, La Corogne, Séville, Cadix...

lundi 24 mai 2021.
 

Les Espagnols ont voté ce 24 mai 2015 pour les élections régionales et municipales. La gauche radicale serait en tête dans plusieurs villes et pourrait diriger Barcelone et Madrid. Le PP (droite) et le Psoe (sociaux-libéraux) réunissaient à eux deux 82 % des suffrages lors des européennes de 2009. Cinq ans plus tard, en 2014, ils ne recueillaient plus que 49 % des voix. Ce pourcentage baisse encore en mai 2015.

Ces élections à un tour s’opérant à la proportionnelle, pour savoir quelles majorités dirigeront les régions et villes, il faudra encore attendre plusieurs jours.

E) « Ceci est une révolution imparable » (Ada Colau)

Elections municipales et régionales dans l’Etat espagnol : Barcelone, épicentre du changement

Ce « sí se puede » – « oui, c’est possible »,– qui, des mois durant, a résonné sur les places et dans les rues suite à l’inoubliable Printemps Indigné de 2011 arrive aujourd’hui comme un tremblement de terre dans les institutions, ce qui était inimaginable alors. La victoire de Barcelona en Comú – Barcelone en Commun – à Barcelone, avec Ada Colau en tête de liste, a fait voler en éclat l’échiquier politique.

Si, des mois durant, nous avons dû subir des accusations de différents acabits selon lesquelles le 15M – 15 mai, date à laquelle le mouvement des indignés a été initié, ndr – serait radical, antisystème et « punk à chien », accompagnées de « si vous voulez faire de la politique, formez un parti », comme si la politique se limitait à faire de la politique partisane, sans compréhension aucune ou volonté de comprendre quoi que ce soit de ce qu’a signifié ce « soulèvement populaire » indigné, aujourd’hui les pires cauchemars de l’establishment sont devenus réalité.

Le discours contre-hégémonique qui s’est construit à ce moment-là sur toutes les places, capable de dessiner un nouvel imaginaire collectif, qui a montré sans détours le lien entre crise économique et détournement de la politique et a su, comme jamais auparavant, se connecter à une majorité sociale ébranlée par trois longues années de coupes budgétaires, prend aujourd’hui d’assaut les institutions, dépassant les limites du possible qui nous étaient imposées.

Il ne s’agissait pas, comme le prétendaient certains « je sais tout », d’uniformiser l’hétérogénéité du mouvement dans un parti unique sans plus, mais bien de mettre sur pied de nouveaux instruments politiques, de nouvelles méthodologies et confluences et d’élaborer des processus qui permettraient de faire passer cette indignation de la rue aux institutions. De faire de la majorité sociale étouffée par la crise une majorité politique. Sans oublier que tout processus de changement réel viendra de la prise de conscience collective, de l’auto-organisation populaire et de la mobilisation continue. En définitive, occuper les institutions, comme nous avions occupé les places, pour les mettre au service de « monsieur et madame tout le monde ». Et c’est ce qui vient d’être réalisé.

L’éclosion fulgurante de Podemos il y a un an, en mai 2014, lorsque la formation obtenait de façon inespérée 1,2 millions de votes et 5 eurodéputés aux élections européennes, en a été le meilleur exemple. Une feuille de route envisagée auparavant, en avril 2013, avec le Processus Constituant en Catalogne, lancé par la none bénédictine Teresa Forcades et l’économiste Arcadi Oliveres, qui appelait à construire par en bas une nouvelle majorité politico-sociale. Un défi que Guanyem Barcelona – « Gagnons Barcelone », la liste emmenée par Ada Colau, ndr – et Ahora Madrid – « Madrid maintenant », la liste emmenée par Manuela Carmena, ndr –, bien que celle-ci n’ait pas gagné en termes de nombre d’élus, ont relevé comme personne dans ces élections. Une expérience étendue à de nombreuses municipalités et communautés, comprenant l’émergence de nouvelles forces politiques, résultat de la confluence sociale, capables d’atteindre les secteurs les plus touchés, qui se sont bien mobilisés et ont voté à cette occasion.

Les résultats de cette bataille électorale rompent avec les schémas de la politique telle que nous la connaissions depuis la transition. L’échiquier compte désormais plus de deux équipes. Et l’arrivée des « sans voix », des précaires, des expulsés, des chômeurs… en fait, des « outsiders », en tête de la municipalité de Barcelone démontre que l’on peut gagner et que tout est possible. C’est le moment de mettre en pratique cette fameuse consigne de « diriger tout en obéissant ». Mais le chemin du changement en lettres majuscules ne sera pas facile. La pression de l’establishment, de ses lobbies économiques à sa machinerie médiatique, ne se fera pas attendre. Les entraves et les tentatives de disqualification seront multiples, soyons-en assurés. La responsabilité, tout comme l’opportunité est énorme.

Nous vivons aujourd’hui un moment historique. Quatre années se sont écoulées depuis qu’on s’est mis à crier sur les places : « Ils ne nous représentent pas ! » Suite au tremblement de terre politique que représentent ces élections, un nouveau mot d’ordre s’impose : « Oui, ils nous représentent ». En Catalogne, les élections du Parlement seront le prochain assaut. À Madrid, le Congrès des Députés qui se prépare. Comme le disait Ada Colau en cette nuit électorale historique : « Ceci est une révolution imparable ».

Esther VIVAS

* « Barcelone, épicentre du changement ». Article publié dans Publico.es, 25/05/2015 :

http://esthervivas.com/francais/bar...

* Traduit de l’espagnol par Matilde Dugaucquier.

D) Les listes « Convergences citoyennes » enterrent le bi-partisme en Espagne

par Martine Billard, secrétaire nationale à l’international, Eric Coquerel, secrétaire national à la coordination politique

Après la victoire de Syriza en janvier en Grèce, celle de la liste Convergences Citoyennes soutenue par Podemos à Barcelone, sa victoire frôlée à Madrid et Saragosse à un siège près et sa percée dans d’autres villes comme à la Corogne, Séville ou Cadix constituent deux nouveaux coups de tonnerre en Europe. Les électeurs ont ainsi dit clairement qu’ils ne voulaient plus des politiciens corrompus, de l’austérité et des tenants du libéralisme. Alors que le PP et le PSOE étaient habitués à monopoliser plus des deux tiers des votes et à avoir des majorités locales à eux seuls, ce n’est plus le cas. Le PP atteint son pire score depuis 1991 avec une chute de 40% de ses voix et le PSOE continue à reculer. En Espagne, le temps du bipartisme est fini.

Les résultats montrent que le peuple Espagnol s’est mobilisé là où une nouvelle offre politique était présente. La perspective d’en finir avec les partis du système a entrainé une hausse de la participation comme à Barcelone de plus de 7 points. Et ce malgré l’impossibilité légale de vote depuis l’étranger qui pénalisent les nombreux jeunes qui ont du s’exiler faute de pouvoir trouver du travail

Après la Grèce, l’Espagne montre que le temps des bouleversements est peut-être venu.

Source : https://www.lepartidegauche.fr/actu...

C) Elections régionales et municipales en Espagne : séisme politique, percée des « indignés » (dossier du Monde)

C1) Elections en Espagne : percée historique des « indignés »

L’Espagne connait un bouleversement politique dimanche 24 mai, au soir des élections régionales et municipales. Le bipartisme qui organise la vie politique depuis 40 ans se voit ébranlé par la percée de forces politiques nouvelles, Ciudadanos (« Citoyens », centre) et Podemos (« Nous pouvons », gauche radicale).

Le Parti populaire (PP, conservateur) du chef du gouvernement, Mariano Rajoy, paie ainsi le prix de quatre années de politique d’austérité et de scandales de corruption, qui touchent aussi le Parti socialiste ouvrier (PSOE).

Si le PP arrive en tête, juste devant le PSOE, il réalise son pire score depuis 1991 et est en passe de perdre la majorité absolue dans la plupart de ses régions. Selon les calculs de El Pais, le PP a perdu 2,55 millions de votes par rapport aux précédentes élections, en 2011.

Le parti conservateur contrôlait 10 régions sur les 13 appelées aux urnes dimanche. Au terme du scrutin, il et n’est assuré de rester au pouvoir que dans trois Comunidad (régions). Celles de Castille-et-León, La Rioja et Murcie. Il a par ailleurs perdu sa majorité absolue dans quatre régions : Cantabrie, Castille-La Manche, Valence et Madrid, et pourrait être poussé dans l’opposition — par la constitution de coalitions de gauche, une situation qu’il n’a plus connue depuis 20 ans — à Aragnon, Estrémadure et les Îles Baléares.

Le PSOE reste le deuxième parti du pays en nombre de vote, mais il a perdu 775 000 électeurs depuis 2011. Pedro Sanchez, secrétaire général du Parti socialiste, a estimé dimanche que les Espagnols avaient montré qu’ils voulaient un coup de barre à gauche, assurant qu’il appartiendra à son mouvement de faire en sorte qu’il y ait « des gouvernements progressistes » et « un changement sûr ».

Les différents partis entame à présent une délicate période de tractations et de compromis pour former des coalitions régionales.

A Madrid, bastion conservateur depuis 1991 et berceau du mouvement des « indignés », le PP, bien qu’arrivé en tête du scrutin, pourrait perdre au profit de l’alliance de gauche « Ahora Madrid » (Maintenant Madrid), menée par l’ex-juge Manuela Carmena et soutenue par Podemos. Si le Parti socialiste la soutient, ce qui fait peu de doute, Manuela Carmena deviendra maire de la capitale espagnole.

A Barcelone, deuxième ville d’Espagne, une autre alliance de gauche dirigée par Ada Colau, fondatrice de la Plate-forme des victimes d’hypothèques qui milite contre les expulsions immobilières, et soutenue là-aussi par Podemos, l’a emporté face aux partisans de l’indépendance de la Catalogne, un coup dur pour le mouvement séparatiste. Sa liste obtient onze sièges, contre dix pour les nationalistes conservateurs de CiU, cinq pour le nouveau parti Ciudadanos (centre droit) et quatre pour le Parti socialiste catalan (PSE).

C2) Séisme politique en Espagne

Sur les places publiques de Madrid et de Barcelone, des milliers de personnes dansaient de joie dimanche 24 mai. Les élections municipales et régionales en Espagne font figure de véritable séisme politique. Elles marquent la fin du bipartisme qui articule les institutions espagnoles depuis la transition démocratique (1975-1982).

Après quatre ans au pouvoir, le Parti populaire (PP, droite), marqué par la politique d’austérité menée durant la crise et par une succession de scandales de corruption, s’effondre. Il perd 40 % des voix par rapport à 2011, permettant au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de remporter la victoire dans de nombreuses régions et mairies, malgré une nouvelle chute de 12,5 % des voix. L’entrée en force du parti de la gauche radicale Podemos, qui ne se présentait sous ce nom que pour les élections régionales, et du parti de centre droit Ciudadanos, va obliger les deux grands partis à sceller des accords avec ces nouvelles formations s’ils veulent gouverner.

C3) Les clefs de Barcelone, Madrid... aux Indignés

A Barcelone, la liste citoyenne emmenée par Ada Colau, figure de la plate-forme de lutte contre les expulsions immobilières (PAH) et du mouvement des Indignés, qui regroupe Podemos, les écologistes catalans et des activistes de gauche, a remporté la mairie avec une courte majorité de vingt et un conseillers municipaux, devant les nationalistes de droite de Convergence et Union (CIU, vingt conseillers). Les Indignés devraient obtenir, grâce à l’abstention probable des autres forces politiques, les clefs de la capitale catalane, avec un programme centré sur la lutte contre les inégalités sociales et la corruption. « Sans pouvoir médiatique, économique, judiciaire, nous avons démontré que l’on peut faire les choses autrement et (…) que le rêve et l’espoir peuvent l’emporter, » a déclaré, émue, Ada Colau, en séchant des larmes de joie devant une foule de sympathisants. La mobilisation des abstentionnistes à Barcelone, où la participation a augmenté de huit points par rapport aux dernières élections, a été la clef du scrutin.

Avec des moyens réduits, mais beaucoup d’enthousiasme et une imagination débordante, la plate-forme Ahora Madrid, emmenée par l’ancienne juge de 71 ans Manuela Carmena, soutenue par Podemos, par les écologistes d’Equo et par des membres critiques du parti des écolo-communistes de la Gauche unie, est parvenue à se hisser à la seconde position dans la capitale, à un siège du Parti populaire, qui gouvernait Madrid avec une majorité absolue depuis 1991. Il ne fait pas de doute qu’elle sera la prochaine maire de la capitale, grâce au soutien attendu du PSOE, qui a besoin de Podemos pour prendre le pouvoir dans de nombreuses régions. C’est donc en vainqueur que Manuela Carmena s’est présentée devant une foule déchaînée qui scandait son nom.

« Le plus singulier, spécial et extraordinaire de cette campagne est que notre unique monnaie pour la faire a été l’imagination, la joie et la créativité, » a-t-elle déclaré, en référence aux multiples initiatives nées en dehors de la plate-forme autour de sa candidature. Des graphistes ont créé bénévolement des centaines de logos à partir de son image et les ont diffusés sur les réseaux sociaux ; des artistes ont composé des chansons, écrit des poèmes, créé des tee-shirts et des autocollants, que des chauffeurs de taxi de la capitale arboraient sur leurs véhicules. « Cette victoire est la vôtre, » a-t-elle conclu, la voix couverte par les cris de joie de ses sympathisants, réunis devant le musée Reina Sofia.

Changement « irréversible »

La mine déconfite, Esperanza Aguirre, la candidate du Parti populaire, n’a pas vraiment cherché à démentir la victoire que s’est attribuée Manuela Carmena, se contentant de rappeler sans conviction qu’« en tant que parti qui a reçu le plus de voix, nous devrions avoir la mairie si les autres partis ne scellaient pas d’accord ».

L’ampleur de la débâcle du PP se mesurera plus clairement durant les prochains jours ou semaines. Bien qu’il soit le parti qui a recueilli le plus de suffrages en Espagne, avec 27 % des voix, il perd les majorités absolues qu’il avait arrachées en 2011, et ses principaux barons devraient se retrouver dans l’opposition. C’est d’autant plus dramatique pour le PP que les régions espagnoles disposent d’un fort degré d’autonomie et contrôlent par exemple les dépenses en matière d’éducation et de santé.

En tête dans la région de Valence, en Aragon ou en Castille-La Manche, le PP ne devrait pas pouvoir gouverner si Podemos soutient l’investiture des socialistes, comme tout porte à le croire. Dans la région de Madrid, où il gouverne depuis 1995, c’est Ciudadanos qui jouera les arbitres, comme en Murcie, dans La Rioja ou en Castille-et-Léon.

Pour Pablo Iglesias, le chef de file de Podemos, il ne fait guère de doute que la victoire de la gauche dans les grandes villes augure une défaite du PP lors des élections générales de cet automne. « Nous aurions aimé que l’usure des vieux partis soit plus rapide, » a avoué Pablo Iglesias tout en soulignant que « les grandes villes sont le moteur du changement politique » et que ce changement est « irréversible ».

C4) L’indignée Ada Colau, future maire de Barcelone ?

Ada Colau, 41 ans, menait la liste Barcelone ensemble, alliance de plusieurs partis de gauche, intégrant notamment la jeune formation antilibérale Podemos, portée par le souffle du mouvement des Indignés, qui avait occupé les places d’Espagne en 2011. Elle obtient onze sièges contre dix pour celle du maire nationaliste conservateur sortant, cinq pour Ciudadanos (centre droit) et quatre pour le Parti socialiste catalan.

Devant des militants euphoriques, Ada Colau, en larmes, a déclaré dimanche soir qu’avec sa liste, c’est « l’espoir » qui a gagné : « Le désir de changement a vaincu la campagne de la peur, de la résignation, et avec ça, c’est nous tous qui gagnons, surtout Barcelone. »

Premier bastion des Indignés

Accusée d’être populiste, inexpérimentée et radicale par ses rivaux, Ada Colau a rallié les suffrages de plus de 176 000 électeurs, faisant de la deuxième ville la plus peuplée d’Espagne, avec 1,6 million d’habitants, le premier bastion des Indignés.

Cheveux courts et ondulés, son visage rond était déjà célèbre dans le pays. Son travail à la tête de la PAH, organisation luttant contre les expulsions de familles surendettées, l’a convertie en héroïne des victimes de la crise.

Ada Colau veut leur consacrer ses premières mesures une fois au pouvoir : paralyser les expulsions dans la ville ; convertir les appartements vides en logements sociaux ; forcer les entreprises à réduire les prix de l’eau, du gaz, de l’électricité ; ou encore lancer un revenu mensuel minimal de 600 euros pour les familles au bord de la misère.

La liste d’Ada Colau n’ayant pas recueilli la majorité absolue, des tractations vont à présent s’ouvrir pour former des alliances avec les autres partis. Les chances qu’elle soit renversée par une coalition d’opposants sont minces.

C5) A Madrid, Manuela Carmena « la rouge », a toutes les chances de l’emporter

« Je ne te comprends pas, Esperanza… Qu’après nous avoir fait tant de mal, tu veuilles encore gouverner. » C’est ainsi que Manuela Carmena, une femme blonde de 71 ans au sourire en apparence doux, s’est adressée à l’une des plus redoutables femmes politiques espagnoles, la conservatrice Esperanza Aguirre, 63 ans, lors de la campagne pour les élections municipales à Madrid.

Dimanche 24 mai, les Madrilènes ont donné vingt sièges à la liste de Manuela Carmena, candidate d’une plate-forme comprenant des Indignés et le parti antilibéral Podemos, soit seulement un de moins qu’à celle d’Esperanza Aguirre. Si le Parti socialiste (qui a obtenu neuf sièges) la soutient, elle deviendra maire de la capitale espagnole, gouvernée par la droite conservatrice depuis 1991.

Ferveur

Encore récemment, Manuela Carmena était inconnue du grand public et des médias, qui n’ont pas encore pu décortiquer son passé. Elle fait maintenant l’objet d’une véritable ferveur au sein de la gauche madrilène, y compris des sympathisants du Parti socialiste.

Issue d’une famille de commerçants madrilènes, elle est entrée en campagne en organisant des petites réunions de quartier au succès si fulgurant que les autres candidats de gauche ont rapidement disparu des radars des médias. Elle propose de lutter contre la corruption, de renforcer les transports en commun, d’aider les plus pauvres, d’ouvrir la gestion de la mairie aux citoyens et de diviser par deux son salaire, de 100 000 à 45 000 euros par an.

Ex-militante communiste, membre d’un groupe de travail sur la détention arbitraire aux Nations unies, elle a été nommée magistrate en 1981 dans une Espagne encore très machiste et a gravi les échelons, jusqu’au Tribunal suprême.

Victoire quasi assurée

En face, « Espe » — ex-ministre, ex-présidente du Sénat, présidente de la région de Madrid entre 2003 et 2012 et comtesse par mariage, entrée en politique il y a trente-deux ans — a une réputation d’indestructible en raison des nombreuses épreuves qu’elle a surmontées. Comme le cancer du sein qu’elle a vaincu, ou lorsqu’elle a échappé en chemise de nuit et pieds nus aux attentats de Bombay qui ont frappé son hôtel en 2008.

Le leader de Podemos, Pablo Iglesias, l’a par contre surnommée la « comtesse de la corruption », l’accusant, comme le fait Manuela Carmena, d’avoir protégé des responsables de son parti impliqués dans des affaires.

Selon la correspondante du Monde à Madrid, Sandrine Morel, il ne fait pas de doute que Manuela Carmena sera la prochaine maire de la capitale, grâce au soutien attendu du PSOE, qui a besoin de Podemos pour prendre le pouvoir dans de nombreuses régions.

Sandrine Morel ; Le Monde.fr

B) Elections en Espagne : à Madrid et Barcelone, les nouvelles héroïnes de la gauche (L’Express)

L’une lutte contre les expulsions, l’autre est une ex-juge inconnue du grand public. Ada Collau et Manuela Carmela pourraient ravir les mairies de Barcelone et Madrid à la droite. Portraits.

Ces deux femmes ont, parmi d’autres, bouleversé l’échiquier politique espagnol ce week-end. Ada Colau, 41 ans, et Manuela Carmena, 71 ans, sont bien placées pour prendre la tête des deux plus grandes villes du pays après les élections municipales et régionales de dimanche. Ces deux figures de la gauche issue du mouvement des Indignés écarteraient ainsi les sortants, la droite nationaliste à Barcelone, le Parti populaire à Madrid.

A Barcelone : Ada Collau, militante anti-expulsions

C’est son action à la tête d’une organisation luttant contre les expulsions de familles surendettées, la PAH, qui a fait d’Ada Colau l’héroïne des victimes de la crise.

Elle a mené la liste "Barcelone en commun" aux municipales. Cette alliance de plusieurs partis de gauche, intégrant notamment la jeune formation antilibérale Podemos, portée par le souffle du mouvement des "Indignés", qui avait occupé les places d’Espagne en 2011.

Sans passé politique ni avoir milité dans aucun parti, Ada Colau est accusée d’être populiste, inexpérimentée et radicale par ses rivaux. Les électeurs ont été d’un autre avis. Sa liste obtient 11 sièges, contre 11 pour le maire sortant. Elle a rallié les suffrages de plus de 176 000 électeurs, faisant de la deuxième ville la plus peuplée d’Espagne, avec 1,6 million d’habitants, le premier bastion des "indignés".

Ada Colau a promis de consacrer aux familles surendettées ses premières mesures une fois au pouvoir : stopper les expulsions, convertir les appartements vides en logements sociaux, forcer les entreprises à réduire les prix de l’eau, du gaz, de l’électricité, établir un revenu minimum de 600 euros pour les familles au bord de la misère.

Elle abaissera son propre salaire à 2200 euros par mois, contre 143 000 euros par an pour le maire actuel, le nationaliste conservateur Xavier Trias, réduira le nombre de voitures officielles et limitera à deux le nombre de mandats successifs.

Etudiante en philosophie, Ada Colau avait dû quitter l’université alors qu’il ne lui manquait plus que quelques matières à passer, pour aider financièrement sa famille. Enchainant les petits jobs elle a finalement été embauchée en 2007 dans un Centre d’études économiques et sociales.

A Madrid, Manuela Carmena, ex-juge, ancienne militante communiste

Dans la capitale Espagnole, Manuela Carmena est en passe de faire tomber un poids lourds du Parti populaire au pouvoir, Esperanza Aguirre, figure de l’aide droite du parti, ex-ministre, ex-présidente du Sénat, présidente de la région de Madrid entre 2003 et 2012.

Une belle prouesse pour cette ex-juge de 71 ans qui était encore inconnue du grand public il y a quelques semaines. Manuela Carmena a mené une liste composée d’ "indignés" soutenue par le parti antilibéral Podemos.

Les Madrilènes lui ont attribué dimanche 20 sièges, un de moins seulement qu’à la liste d’Esperanza Aguirre. Si le Parti socialiste (9 sièges) la soutient, ce qui semble probable puisque le PSOE aura besoin du soutien de Podemos pour reprendre certaines régions à la droite, elle deviendra maire de la capitale espagnole.

Issue d’une famille de commerçants madrilènes, Manuela Carmena n’avait pourtant pas l’intention de se présenter,

après 45 ans passés à travailler comme avocate, puis comme juge. "Des amis m’ont dit : ’Allez, file un coup de main, il faut quelqu’un avec de l’expérience, qui amène beaucoup de propositions’", a-t-elle raconté.

Et elle est entrée en campagne, animant de petites réunions de quartier au succès si fulgurant que les autres candidats de gauche ont rapidement disparu des radars des médias.

Elle propose de lutter contre la corruption, de renforcer les transports en commun, d’aider les plus pauvres, d’ouvrir la gestion de la mairie aux citoyens et de diviser par deux son salaire, de 100 000 à 45 000 euros par an.

Ex-militante communiste, membre d’un groupe de travail sur la détention arbitraire aux Nations unies, elle a été nommée magistrate en 1981 dans une Espagne encore très machiste et a gravi les échelons, jusqu’au Tribunal suprême.

Source : http://www.lexpress.fr/actualite/mo...

A) Espagne : Podemos vainqueur à Madrid et Barcelone (L’Humanité)

Lourde défaite pour la droite espagnole. Les élections municipales et régionales confirment une percée des nouvelles forces politiques Podemos et Ciudadanos

Le Parti populaire (PP) au pouvoir en Espagne aurait perdu la municipalité de Madrid, qu’il contrôlait depuis 1991, au profit de l’alliance de gauche soutenue par le parti anti-austérité Podemos, montrent dimanche des sondages à la sortie des urnes.

Le PP du président du gouvernement Mariano Rajoy serait aussi battu dans la région de la capitale espagnole, un de ses bastions électoraux, et perdrait la majorité dans la plupart des douze autres régions, même s’il y a obtenu le plus grand nombre de voix, selon ces sondages.

Les élections municipales et régionales ont comme attendu vu une percée des nouvelles forces politiques Podemos et Ciudadanos (centre), l’alliance soutenue par Podemos étant également donnée victorieuse à la mairie de Barcelone qui était convoitée par les partis favorables à l’indépendance de la Catalogne. La transformation radicale du paysage politique espagnol renforce l’incertitude en vue des élections législatives attendues cet automne.

Car si la croissance économique est repartie en Espagne, le chômage frappe encore 24% de la population active et les scandales de corruption à répétition qui visent tant le PP que le Parti socialiste ouvrier (PSOE) favorisent l’émergence des nouvelles formations.

"C’est la première fois depuis des décennies que les électeurs auront véritablement la possibilité de changer les choses. Pas seulement changer de gouvernement, mais changer notre démocratie", avait souligné avant le vote de dimanche Carolina Punset, qui a dirigé la campagne de Ciudadanos dans la région de Valence.

Initialement basée en Catalogne, cette formation centriste a émergé sur le plan national. En multipliant par dix le nombre de ses adhérents, à 22.000, et comptant une centaine de milliers de sympathisants, le parti d’Albert Rivera ne ressemble plus guère à la petite formation qu’il était à sa création, il y a neuf ans.

Podemos, le parti de la gauche radicale issu du mouvement des Indignés de la Puerta del Sol, en 2011, s’est également installé dans la classe politique, après avoir réuni 8% des voix lors des élections européennes d’il y a un an, deux mois seulement après sa création.


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