Crime contre l’humanité : L’Union Européenne veut les richesses de l’Afrique, mais pas les personnes

dimanche 7 juillet 2019.
 

Des milliers de personnes meurent toutes les années dans leur tentative de rejoindre l’Europe. Elles ne vont pas vers le « rêve européen », elles fuient le cauchemar dans lequel sombre l’Afrique à cause du pillage des multinationales : ces personnes suivent la route qu’ont précédemment empruntée les richesses extraites dans leurs pays. Mais l’Union Européenne veut les richesses de l’Afrique, mais pas les personnes. La Dictature du Capital oblige les personnes à accomplir des exodes terribles, dans des conditions de danger extrême.

À l’aube du 19 avril 2015, un bateau avec plus de 900 personnes migrantes a fait naufrage dans le détroit de la Sicile, à 110 km de la côte : il essayait d’amener des centaines de personnes depuis la Libye jusqu’en Italie. Le ministère public de Catania a signalé que 950 personnes pourraient avoir péri dans ce naufrage (1). 24 cadavres ont été retrouvés, et seulement 28 survivants. Les gardes-côtes avaient reçu un appel leur avertissant qu’un bateau se trouvait en danger, mais selon ces mêmes gardes-côtes, c’est lors de l’opération de sauvetage que le bateau a chaviré, car les voyageurs se sont mis tous d’un même côté, dans leur désespoir pour survivre (2).

Dans le même mois d’avril 2015, plus de 400 personnes migrantes ont disparu, et 150 seulement ont survécu, lors d’un autre naufrage sur la même route le 15 avril. La Méditerranée est devenue une immense tombe. Au total 90 mil personnes ont traversé depuis l’Afrique vers l’Europe entre le 1er juillet et le 30 septembre 2014, et au moins 2.200 ont perdu la vie. Dans le trimestre antérieur ce furent 75.000 personnes qui réussirent à traverser, avec au moins 800 pertes de vies humaines, selon L’UNHCR.

Ces tragédies représentent une longue souffrance pour les familles des victimes ; et d’un autre côté une longue succession de jongleries pour les politiciens de l’UE, qui essayent d’éclipser le soleil d’un doigt. Ils veulent occulter que le saccage et les « guerres humanitaires » perpétrées par l’UE et les Etats-Unis contre l’Afrique ont comme conséquence l’exode massif de populations. Ont voit sur les écrans les politiciens et les représentants des institutions internationales jouer des coudes pour se montrer les plus « charitables », les plus « légalistes » : rivaliser dans leurs propositions de solutions. Et chacune de leurs solutions est pire que la précédente. Ils s’acharnent à imposer l’artificielle version des « mafias » de transport comme responsable de la tragédie ; alors que le supposé « mafieux » n’est dans bien des occasions qu’un pêcheur reconverti en conducteur d’embarcation clandestine, car il ne peut plus survivre de la pêche parce que la mer est saccagée par les grandes multinationales qui pratiquent la pêche industrielle. Et quand bien même cela peut s’avérer que certains transporteurs de ces voyages clandestins profitent des personnes en situation d’exode, ces transporteurs ne peuvent être tenus pour les responsables de cette tragédie. À moins que ce que l’on veuille se soit l’occultation des véritables responsables. Certains de ces éclipseurs de vérité vont même jusqu’au délire de proposer le bombardement des embarcations sur les côtes de sortie : le fascisme de l’Union Européenne laisse complètement tomber ses masques.

Parmi les survivants de la tragédie du 19 avril, les médias ont choisi leurs boucs émissaires : deux membres de l’équipage sont la cible de toutes les haines ; boucs émissaires parfaits pour occulter les véritables responsables de ces crimes contre l’humanité. On les accuse d’homicide multiple, et les médias du grand capital s’efforcent à faire porter le chapeau de la tragédie continue qui se produit en Méditerranée et dans l’Atlantique, aux supposées « mafias de la traite de personnes ».

Cette tragédie de la mort atroce de centaines de personnes en provenance de la Libye, est aussi une conséquence de l’invasion de la Libye, perpétrée par Les Alliés en 2011. L’invasion de la Lybie fut une intervention au service du grand capital transnational, exécutée par l’OTAN avec l’aide de mercenaires paramilitaires injectés en Lybie depuis les services secrets européens et étatsuniens. Cette invasion s’est produite avec la totale complicité de l’appareil médiatique du capitalisme, qui nommait les paramilitaires« rebelles », avec la finalité de justifier l’invasion et le génocide contre le peuple libyen et son gouvernement de l’époque, celui de Muammar Al Gaddafi. Durant le gouvernement de Gaddafi, la Libye était le pays avec le meilleur niveau de vie de toute l’Afrique ; raison pour laquelle de nombreux africains provenant d’autres pays avaient choisi de s’y établir. Ces africains aujourd’hui s’ajoutent aussi aux libyens et aux autres africains qui essayent d’atteindre l’Europe-Forteresse : cette UE qui saccage volontiers les richesses de l’Afrique, mais qui ensuite ne veut pas des personnes.

La Libye fut la cible de la cupidité capitaliste pour plusieurs motifs : elle a dans son sous-sol un pétrole des plus légers du monde, avec un potentiel productif estimé à plus de 3 millions de barils quotidiens. Depuis 2009 Gaddafi essayait de nationaliser le pétrole libyen, mais la nationalisation trouvait des oppositions au sein même du gouvernement. Plusieurs de ces opposants à la nationalisation jouèrent le rôle de « chefs rebelles » au service des intérêts des multinationales.

La Libye possède en plus une énorme réserve hydrique souterraine, estimée en 35.000 kilomètres cubiques d’eau, qui forme partie du Système Aquifère Nubien (NSAS). Dans les années 1980 la Libye avait initié un projet d’approvisionnement d’eau à grande échelle : la Grande Rivière Artificielle de Libye. Le système une fois fini, fournirait de l’eau à la Libye, à l’Égypte, au Soudan, et au Tchad, et il favoriserait ainsi la souveraineté alimentaire d’une région fortement touchée par la sécheresse. Ceci aurait évité que ces pays eussent eu à recourir au FMI : chose qui s’opposait au monopole global des ressources hydriques et alimentaires. D’un autre côté, la Libye possédait des millions de dollars en réserves internationales, qui furent confisquées par ses agresseurs. Ce furent là les mobiles du crime contre la Libye.

La Libye a été détruite par l’intervention impérialiste : l’infrastructure aquifère et routière, les écoles, les hôpitaux ont été bombardés. Avant l’invasion impérialiste, les femmes en Libye vivaient avec beaucoup plus de liberté que dans d’autres pays de la région, mais après la guerre, le gouvernement des mercenaires de l’UE et des États Unis décrétait, parmi ses premières mesures, l’instauration de la Loi de la Sharia, atrocement cruelle envers les femmes. Une autre des conséquences de l’invasion de la Libye, est le surgissement de groupes de terrorisme paramilitaire dans différents pays de la région : les mercenaires employés par les services secrets européens et étatsuniens se recyclent dans d’autres opérations de la terreur. Dans ce cadre surgit l’État Islamique.

La Libye fut torturée par ce que les mensonges médiatiques eurent le cynisme de nommer les« bombardements humanitaires ». La droite européenne, et aussi une partie de ‘la gauche’ furent complices de cette aberrante opération de néocolonialisme ayant pour finalité l’appropriation des immenses ressources pétrolières et aquifères de la Libye. Les transnationales gonflèrent leurs fortunes grâce à la souffrance du peuple libyen.

Le capitalisme est le responsable de la tragédie en Méditerranée ; concrètement les grands capitalistes qui s’enrichissent de l’exploitation d’autrui et du saccage de la planète : ce sont eux les criminels contre l’humanité, ceux que les médias nous montreront comme des « entrepreneurs de talent ». 85 multimillionnaires possèdent une richesse équivalente à celle que se partagent 3.570 millions de personnes qui survivent à peine : exploitées dans des mines infernales, en vendant leurs organes, en travaillant dans des fabriques qui les ensevelissent vivantes, en se prostituant dès l’enfance, où en devant se mettre en péril dans des exodes terribles, dont la culmination ne sera pas autre chose que la mort par noyade, ou la noyade de la vie, en devant travailler pour des miettes dans l’Europe Forteresse.

La mer avale des milliers de jeunes hommes, de femmes et d’enfants. Une mer dont les vagues vont et viennent entre l’Afrique et l’Europe, témoins silencieuses du génocide capitaliste, embrassant les plages des pays saccagés, et aussi les plages qui sont les portes du cynisme absolu.

Cecilia Zamudio


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