Nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir humainement...

vendredi 9 mars 2007.
 

Le 13 juin dernier, la cour d’Appel de Bordeaux s’est prononcée pour le renvoi devant la cour d’assises du docteur Laurence Tramois et de l’infirmière Chantal Chanel, mises en examen pour empoisonnement et complicité d’empoisonnement après avoir aidé à mourir dignement, à sa propre demande, une patiente en fin de vie pour laquelle toutes les thérapeutiques étaient devenues inopérantes.

Elles comparaîtront devant la cour d’assises de la Dordogne, dans quatre jours, du 12 au 16 mars 2007.

2.134 soignants, chefs de services, médecins, infirmiers, déclarent aujourd’hui avoir pratiqué l’euthanasie. Ces soignants demandent une réforme législative sur l’euthanasie. "Nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir avec décence", peut-on lire dans un manifeste publié ce jeudi par le Nouvel Observateur.

Ce sont donc 2.134 infirmiers et médecins qui assument publiquement le fait d’avoir aidé des patients à mourir dignement tout en demandant au gouvernement de légiférer sur cette pratique répréhensible par la loi.

"Parce que, de façon certaine, la maladie l’emportait sur nos thérapeutiques, parce que, malgré des traitements adaptés, les souffrances physiques et psychologiques rendaient la vie du patient intolérable, parce que le malade souhaitait en finir, nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir avec décence" est-il indiqué.

Les signataires demandent l’acquittement des soignantes, Laurence Tramois et Chantal Chanel et "une révision de la loi dans les plus brefs délais, dépénalisant sous conditions les pratiques d’euthanasie, en s’inspirant des réformes déjà réalisées en Suisse, en Belgique et aux Pays-Bas" ainsi "que des moyens adaptés permettant d’accompagner les patients en fin de vie, quels que soient les lieux (domicile, hôpital, maisons de retraite) et les conditions de vie." En effet, l’euthanasie est autorisée, sous conditions, dans certains pays européens, comme la Belgique, le Danemark ou les Pays-Bas, pour certains malades atteints de maladies incurables.

"En avril 2005, les députés avaient voté à l’unanimité un texte, la loi Leonetti, réaffirmant la nécessité de lutter contre la douleur, autorisant le "laisser mourir" et permettant sous certaines conditions l’arrêt des traitements à la demande des patients. Une loi nécessaire mais insuffisante pour les signataires du manifeste qui plaident pour une législation proche de celles en vigueur en Belgique ou aux Pays-Bas."

Texte du Manifeste :

" Parce que, de façon certaine, la maladie l’emportait sur nos thérapeutiques, parce que malgré des traitements adaptés, les souffrances physiques et psychologiques rendaient la vie du patient intolérable,

parce que le malade souhaitait en finir,

nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir humainement.

Tous les soignants ne sont pas confrontés à ce drame, mais la majorité de ceux qui assistent régulièrement leurs patients jusqu’à la mort, utilisent, dans les circonstances décrites, des substances chimiques qui précipitent une fin devenue trop cruelle, tout en sachant que cette attitude est en désaccord avec la loi actuelle.

Des améliorations ont été apportées par les textes législatifs d’avril 2005 (loi Leonetti) mais elles sont insuffisantes. Les récentes mises en examen de médecins et d’infirmières ayant aidé leurs patients à mourir prouvent que la loi est toujours aussi répressive et injuste car en décalage avec la réalité médicale.

Aussi, nous demandons :

l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires à l’encontre des soignants mis en accusation ;

une révision de la loi dans les plus brefs délais, dépénalisant sous conditions les pratiques d’euthanasie, en s’inspirant des réformes déjà réalisées en Suisse, en Belgique et aux Pays-Bas ;

des moyens adaptés permettant d’accompagner les patients en fin de vie, quels que soient les lieux (domicile, hôpital, maisons de retraite) et les conditions de vie.

Il s’agit là d’accorder à chaque personne une singularité, une valeur absolue, qui se nomme, selon le préambule et l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 : la dignité.


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