Respecter les Grecs et tous les peuples

dimanche 15 février 2015.
 

De quelque côté que l’on se tourne, nous n’observons que le déploiement d’une politique de la force et de la puissance contre la vie des peuples et leur expression citoyenne. Dans cette Union européenne présentée comme un espace de solidarité et de paix, ceux-là mêmes qui font confondre projet européen et pérennisation du capitalisme s’acharnent à nier, à contourner, à violer le vote majoritaire des Grecs.

Le parti de l’argent roi actionne les manettes de la Banque centrale européenne pour asphyxier le pays. Le président de la Commission de Bruxelles affirme, sentencieux, qu’il ne peut y avoir de choix démocratiques contre les traités européens. Il ne dit pas que ces traités sont imposés de force à des populations qui, comme en France, aux Pays-Bas et en Irlande, les ont rejetés. Invoquer ces traités aujourd’hui pour contester la souveraineté de la Grèce prouve donc qu’ils assignent à l’Union européenne la fonction de contrecarrer les aspirations au changement sur tout le continent, pas à y répondre. Ces oukases portent en germe le danger d’une dislocation de l’Europe dont on ne peut prédire les néfastes conséquences. Elles en disent plus qu’on ne l’estime généralement sur la véritable guerre qu’a déclenchée le capitalisme mondialisé contre les populations, leurs droits, leurs États, la démocratie.

Dans un monde de plus en plus bordé par l’horizon de la guerre, les dirigeants européens deviennent irresponsables et dangereux. Il est urgent qu’un processus de paix remplace les bruits sourds de la mitraille entre l’Ukraine et la Russie. Toutes les initiatives diplomatiques et politiques sont et seront les bienvenues face aux guerrières têtes brûlées aux États- Unis, en Ukraine et en Russie.

Les guerres passées au Proche et Moyen-Orient, combinées avec la domination et l’exploitation de ces pays comme ceux de l’Afrique, nourrissent de nouveaux affrontements avec la déstabilisation et la destruction de nations entières, livrées à des bandes barbares et fascisantes qui n’ont que faire de la vie humaine. Ces monstres ont profité de la mise à mort des mouvements progressistes engagée par les directions nord-américaines. Ils font reculer l’humanité de plusieurs siècles, tuant pour une multitude de femmes et d’enfants toute idée et projet d’émancipation. Laisser, dans un quasi-silence, détruire à petit feu la Palestine par l’État d’Israël ne peut qu’accentuer encore les injustices, les humiliations et nourrir les ressentiments et les haines.

Les manipulations monétaires, les pressions à la baisse depuis quelques mois sur les prix des matières premières, appauvrissent encore les pays en développement alors que les huissiers du Fonds monétaire international viennent chaque jour voler leurs maigres économies. Et si le coup de force de la Banque centrale européenne à l’encontre de la Grèce se confirmait, c’est aussi la Chine et la Russie qui seraient touchées car elles détiennent une part importante des réserves monétaires libellées dans la monnaie européenne.

Raison de plus pour faire en sorte que l’arrogance de la BCE, de la chancelière allemande et de M. Juncker laisse place au respect de la volonté populaire grecque. Le gouvernement français aurait un nouveau rôle à jouer pour que prime la voix des citoyens qui, plus largement aujourd’hui, contestent les choix européens d’austérité.

Malheureusement, à part répéter de manière grotesque comme un mot de passe magique « l’esprit du 11 janvier », le président de la République et le gouvernement ne tirent aucune leçon pratique de la formidable mobilisation citoyenne unitaire des lendemains des crimes commis à « Charlie Hebdo », contre des concitoyens de confession juive, des policiers, ou les insultes et violences contre des musulmans.

Le projet d’un service civique facultatif ne fait pas une politique, quand on laisse l’école s’affaiblir, quand on offre à la jeunesse soit le délaissement, soit la précarité, soit le chômage. Invoquer de manière permanente le danger de l’extrême droite, certes bien réel, ne peut non plus constituer un programme, et encore moins se donner une chance de la faire reculer.

L’esprit de la République appelle à faire de la petite enfance, de la jeunesse et de leur accès aux humanités et au travail une grande cause nationale et européenne. C’est évidemment incompatible avec les choix de l’austérité, de la régression sociale que prépare la loi Macron, ou la régression culturelle qu’induisent les réductions de crédits pour la création et l’éducation. La démocratie n’existera pas tant que ne vivra pas l’égalité des droits, tant que les citoyens seront considérés comme des sujets et ne disposeront pas des pouvoirs de prendre en main leur destin.

Tout le contraire des diktats d’organismes supranationaux comme la BCE, la Commission de Bruxelles, et la Cour de justice européenne, qui prétendent être dépositaires d’un intérêt général européen, alors qu’ils ne servent que les puissants. Refonder l’Europe, faire, chez nous, réellement vivre les idéaux et les valeurs d’une République sociale, laïque, écologique, conduire une nouvelle action internationale visant une mondialisation de coopération, de justice et de paix, telles sont les ambitions profondément modernes dont la concrétisation appelle, en France et en Europe, les rassemblements les plus larges.


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