En tant que banquier, le ministre de l’économie Emmanuel Macron a gagné plusieurs millions d’euros avant d’arriver à Bercy.
La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a publié vendredi dernier les déclarations d’intérêts et de patrimoine des derniers entrants au gouvernement, ainsi que les rectifications de certains anciens.
Suite à l’affaire Cahuzac, le gouvernement avait mis en place cette instance pour récolter les déclarations d’intérêts des ministres et des parlementaires. Comme lors des précédentes livraisons, les formulaires ne sont pas toujours très lisibles, les sommes données indifféremment en brut ou en net et la lisibilité informatique des données insuffisante.
Les millions de Macron
On y découvre toutefois certains chiffres intéressants, en premier lieu que le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, a gagné près d’un million d’euros par an en 2011 et 2012 en tant qu’associé de la banque Rothschild. Soit au total 2,884 millions d’euros de 2009 à 2012.
Si l’on fait la somme du passif (il a environ 1,05 million d’euros d’emprunts) et de l’actif (environ 1,2 million) du patron de Bercy, ce dernier n’est pas redevable de l’impôt sur la fortune (ISF, redevable au-delà d’1,3 million d’euros de patrimoine net).
Mais comme, par ailleurs, il indique posséder un appartement parisien de 83 mètres carrés estimé à 935 000 euros et qu’il déclare un prêt de 350 000 euros concernant des « travaux résidence secondaire » alors qu’aucune résidence secondaire n’est mentionnée dans ses biens immobiliers, on peut se demander si la propriété de sa femme au Touquet ne devrait pas être incluse dans le patrimoine du foyer... qui serait alors redevable de l’ISF, comme l’explique Mediapart.
Listes à la Prévert
Rien de particulièrement marquant dans les déclarations des autres nouveaux entrants qui ressemblent, comme celles de parlementaires et de leurs prédécesseurs, à des listes à la Prévert.
La secrétaire d’Etat chargée du droit des femmes, Pascale Boistard, déclare une maison de 120 mètres carrés dans le Puy-de-Dôme (qu’elle détient avec sa sœur) et une autre dans les Hautes-Pyrénées en nue propriété. Elle possède aussi une Citroen C3.
Myriam El Khomri, secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville, n’est propriétaire d’aucun bien immobilier ou mobilier dont la valeur serait supérieure à 10 000 euros. Elle déclare uniquement la cession des parts de l’entreprise de son époux avec qui elle est mariée en communauté des biens.
Matthias Fekl, secrétaire d’Etat au commerce, précise, lui, dans sa déclaration d’intérêts que son frère travaille dans l’énergie chez E-on à Hambourg. Il possède un bien immobilier d’une valeur d’environ 180 000 euros.
Variations et omissions
Certaines modifications sont clairement explicables : ainsi, le nouveau ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, Patrick Kanner, reçoit par voie de succession, en juin, un appartement de 40 mètres carrés valorisé à hauteur de 170 000 euros alors que sa première déclaration de patrimoine a été signée le 2 mars (démarche zélée puisqu’il n’entre au gouvernement qu’en août).
La déclaration de George-Pau Langevin a été substantiellement modifiée pour des raisons aussi compréhensibles : la ministre des outre-mer a divisé la valeur de tous ses actifs par deux – ce qu’elle est en droit de faire puisqu’elle est mariée sous le régime de la communauté des biens réduite aux acquêts depuis 1974 avec Philippe Langevin, ingénieur à la DDE de Seine Saint Denis. En revanche, elle note avoir fait l’acquisition d’un terrain de 2 000 mètres carrés en Guadeloupe mais n’en donne pas la valorisation.
Quant à Manuel Valls, il déclare avoir vendu son appartement dans l’Essonne pour 243 000 euros en juillet, ce qui lui a permis de rembourser des prêts bancaires. Mais, contrairement à George-Pau Langevin, le premier ministre ne redonne pas le détail de son patrimoine. L’absence dans la deuxième déclaration, grâce à un tour de passe-passe décrit par le Figaro, des 80 000 euros de meubles et objets divers mentionnés dans sa première déclaration avait donné un air de dissimulation à des comptes déjà minimalistes (le ministre ne déclare par exemple aucun véhicule).
Exception dans l’effort de transparence des politiques, Jean-Marc Todeschini, qui a remplacé Kader Arif comme secrétaire d’Etat aux anciens combattants en novembre dernier, n’a pas encore publié ses déclarations.
On peut regretter également que les déclarations n’aient pas été actualisées. Pour les membres du gouvernement qui ne désiraient pas apporter de modifications, les formulaires sont ceux d’avril dernier... alors que plusieurs données ont forcément changé ; au moins l’évolution des remboursements d’emprunts ou la valorisation de valeurs boursières.
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