La discrimination envers les femmes bloque la "renaissance" arabe

lundi 13 avril 2009.
 

L’émancipation des femmes du Maghreb, Driss Chraïbi l’a rêvée dans un livre brillant et drôle " La Civilisation ma mère !... " (1972) une allégorie où deux fils racontent leur mère découvrant l’écrit, le monde extérieur, la modernité... après être restée longtemps recluse dans la maison d’un homme, ni méchant, ni despote, mais ancré dans la tradition. La mère se libère peu à peu des préjugés et de l’ignorance. Elle s’intéresse au combat pour l’indépendance, adhère aux mouvements de libération des femmes et milite en faveur du Tiers monde... Le parcours de cette femme est tout un symbole. Mais la réalité n’a pas dépassé la fiction littéraire et les espoirs des idées libératrices des années 1960-1970 sont restés lettre morte.

Ouvrir aux femmes les portes de l’éducation, de la santé, de l’économie

"La promotion des femmes constitue une condition sine qua non de la renaissance arabe ", estime le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) dans son rapport annuel sur le monde arabe. Le rapport, rédigé par une équipe d’experts arabes, appelle les pays concernés à prendre des mesures de " discrimination positive " en faveur des femmes et à leur ouvrir davantage les portes de la santé, de l’éducation et de l’économie.

En ce qui concerne l’éducation, moins de 80 % des filles vont à l’école secondaire dans tous les pays arabes. L’illettrisme touche la moitié des femmes contre seulement un tiers des hommes. Pourtant, au Liban, en Tunisie, en Jordanie ou dans les territoires palestiniens, les filles sont davantage scolarisées que les garçons.

Côté santé, " les maladies privent les femmes d’un nombre plus important d’années de leur vie ", un phénomène lié à " des styles généraux de vie caractérisés par la ségrégation à l’encontre des femmes ", selon le rapport. La mortalité des mères à la suite d’une grossesse ou d’un accouchement atteint des niveaux " inacceptables ", avec 270 morts pour 100 000 accouchements dans l’ensemble de la région. Une grande aspiration à l’égalité

Selon un sondage mené pour le Pnud dans quatre pays (Liban, Égypte, Jordanie, Maroc), l’immense majorité des Arabes, hommes et femmes confondus, aspire à davantage d’égalité entre les sexes. Mais dans beaucoup de pays, la mise à l’écart des femmes est inscrite dans la législation, alors que la Constitution de ces mêmes États leur accorde en principe les mêmes droits qu’aux hommes. " La rédaction des lois, leur mise en œuvre et leur interprétation relèvent avant tout d’une culture dominée par l’homme ", constate le rapport. Selon ses auteurs, la religion musulmane n’est pas directement responsable de la situation. Les conflits, les occupations étrangères, le terrorisme et la domination des sociétés par " des forces politiques conservatrices et inflexibles " qui protègent " les cultures et valeurs masculines " sont les principaux obstacles à la libération des femmes, estiment-ils. Mais ces mêmes auteurs plaident pour une révision de la " jurisprudence islamique ", ou interprétation du Coran, pour mieux prendre en compte l’évolution de la société. L’étude souligne les écarts au sein du monde arabe en ce qui concerne le statut des femmes, relevant par exemple Dans la sphère politique, la plupart des États concernés - à l’exception de la région du Golfe - ont accordé le droit de vote aux femmes dès les années 1950 et 1960. Avec 10 % de députées, les pays arabes conservent la plus faible proportion mondiale de femmes.


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