Fin d’année 2014 encourageante, des grèves générales en Europe à la reconnaissance de Cuba...

mercredi 24 décembre 2014.
 

Les bonnes nouvelles sont suffisamment rares pour que le vent soufflant sur l’Europe en cette fin d’année soit apprécié à sa mesure. Il est venu d’abord du sud-est, de l’autre côté des Alpes, où la grève générale déclenchée le 12 décembre a rassemblé 60 % des salariés et mis 1,5 millions d’italiens dans la rue contre le budget d’austérité de Renzi et une loi de dérèglementation du travail. Le vent s’est orienté ensuite au nord où, après une manifestation historique le 26 novembre et trois journées de grève tournante, la grève générale décidée par les syndicats belges a paralysé leur pays le lundi 15 décembre contre le report de l’âge de la retraite à 67 ans et, là encore, l’austérité. Un peu plus loin de nous, géographiquement, mais si proches politiquement, nos camarades de Syriza vont retenir leur souffle en ces derniers jours de décembre : si au 3ème tour de l’élection du Président de la République il ne se trouve pas 180 députés pour élire le candidat proposé par la droite, il y aura des élections législatives anticipées en février prochain. Avec, à la clef, la possible accession au pouvoir du parti d’Alexis Tsipras, largement en tête dans les sondages.

Cela constituerait un séisme politique en Europe. La commission européenne et l’oligarchie s’affolent au point d’avoir envoyé le commissaire Moscovici à la rescousse de Stavros Dimas en vue du 1er tour. C’est à la fois pitoyable et risible, car la venue de l’ex-ministre des finances n’a rien fait gagner au candidat à la présidentielle. On peut même se demander si cela ne lui a pas fait perdre des voix. Ce dernier en a, en effet, péniblement atteint 160… Tout devrait être tenté pour acheter les 20 voix manquantes, mais rien n’est moins sûr. En Espagne, cette fois, c’est Podemos qui le 31 janvier va organiser sa première manifestation dans la rue. Un test de plus pour le parti crédité de près de 30 % dans les sondages et donné, lui aussi, possible vainqueur des élections législatives de novembre prochain.

En cette fin d’année, c’est bien une contagion sociale venue de Belgique et d’Italie que l’on souhaite d’abord pour notre pays. Cela nous changerait de la contagion libérale qui a touché depuis belle lurette les socio-libéraux qui nous gouvernent. Ne sont-ils pas allés chercher leur consigne à Bruxelles et Berlin en échange d’un sursis de quelques mois octroyé à notre budget ? Il ne faut pas chercher plus loin l’aspect régression « fourre tout » de la loi Macron : elle est le récipient de toutes les « réformes structurelles » exigées par Merkel et Juncker. Nous faisons du combat contre cette loi notre priorité. Manifestement, Hollande se figure Emmanuel Macron comme le maillon fort de son gouvernement, mais il peut en réalité devenir son maillon faible tant cette loi va additionner les mécontentements. Jusqu’au sein d’une majorité parlementaire où beaucoup disent que, cette fois, ils voteront contre.

Nous savons bien sûr que seule une mobilisation forte, du type justement de celles de nos voisins Belges et Italiens, peut les contraindre à tenir leur promesse. Nous savons aussi qu’il faudra éviter le piège tendu : se concentrer sur la seule question du travail de dimanche. Nous sentons bien en effet que le gouvernement est prêt à lâcher des miettes sur ce point en échange d’un vote sur le reste de la loi.Or cette loi va bien plus loin. Bien sûr elle vise à déréguler le travail de dimanche et de nuit, ce qui justifie déjà notre opposition, mais il s’agit également d’une destruction supplémentaire du code du travail ( en s’attaquant notamment à l’Inspection du travail et aux prud’hommes), d’un assouplissement supplémentaire des PSE et des licenciements, de la privatisation d’aéroports et de barrages hydrauliques, de la dérégulation de plusieurs professions au nom d’une concurrence qui se résume souvent à alimenter encore la finance, etc. Il faut donc s’opposer à cette loi dans son ensemble.

Déjà, une intersyndicale du commerce parisien unissant CGT, Solidaires, UNSA et CFDT a appelé à manifester le jour de l’ouverture des débats parlementaires le 26 janvier, en espérant un élargissement. A sa demande, le Collectif 3A a soutenu cette première initiative en attendant, le mois prochain, d’en travailler à d’autres notamment en soutien aux mobilisations syndicales que nous espérons les plus larges possibles. Nos vœux pour la nouvelle année porteront donc sur l’essor de la mobilisation jusqu’au rejet de la Loi Macron. L’irruption d’un mouvement social serait sans conteste un air frais qui ferait du bien dans la période.

Nos vœux vont également à la réussite des candidatures citoyennes que nous voulons opposer dans le pays aux libéraux de droite comme de gauche et à la poussée du FN que l’on nous annonce de partout. Plusieurs initiatives commencent à éclore dans le même esprit sous des formes différentes, parfois lancées par des personnalités comme les appels à une majorité citoyenne en Haute-Garonne ou dans le Jura, d’autres fois initiées par des alliances rassemblant diverses forces jusqu’à présenter, dans certains départements, une palette complète allant du FDG au NPA en passant par EELV et Nouvelle Donne. La déclaration du FDG sur les départementales devrait constituer un aide précieuse pour développer cette démarche. Elle appelle, en effet, à des candidatures alternatives à celles des forces gouvernementales et à une véritable dynamique citoyenne s’appuyant sur des assemblées citoyennes de canton pour discuter et décider du contenu des propositions et des candidatures.

Le FDG propose d’ailleurs que « l’ensemble de ces candidatures soit identifié nationalement par une appellation et des propositions inscrites dans un document qui fasse référence ». On reconnaitra là, sous d’autres noms, le label et la charte que notre résolution adoptée par notre Conseil national de fin novembre espérait mettre en place. Le FDG a décidé en outre de rencontrer début janvier les forces de gauche et écologistes refusant la politique du gouvernement qui pourrait épouser cette démarche nationalement ou au moins départementalement. Ce texte stratégique appliqué à une élection est une première depuis les Présidentielles pour le FDG. Il n’était pas acquis il y a quelques mois. C’est une étape utile d’accomplie.

Dernière bonne nouvelle de la semaine : la décision de Barack Obama d’amener son pays à en finir avec le blocus de Cuba en reconnaissant par ailleurs son caractère inutile et nocif. La ténacité du peuple cubain va donc peut-être payer. Il faut certes que le Congrès américain, à majorité républicaine, vote cette proposition, ce qui n’est pas gagné. Mais la dynamique est du côté du président Obama. Etonnant paradoxe qui fait que si nous étions Nord-américains nous ferions sans doute pression sur le parlement pour permettre l’adoption des décisions présidentielles alors qu’ici nous comptons bien presser notre assemblée pour s’opposer à François Hollande et sa Loi Macron… Il est vrai que François Hollande aura accompli l’exploit de faire passer un président américain comme plus à « gauche » que son homologue français. Mieux vaut en rire en cette fin d’année pour mieux nous mobiliser en 2015 !


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