Podemos et Izquierda Unida : énorme potentiel et grandes difficultés d’orientation

lundi 1er décembre 2014.
 

- D) Survivre au tsunami Podemos sera difficile pour Izquierda Unida

- C) Le potentiel énorme de Podemos dans l’état espagnol

- B) Podemos : Les Indignés premier parti d’Espagne ?

- A) La dernière assemblée citoyenne de Podemos lève le voile sur un certain nombre d’interrogations

D) « Survivre au tsunami Podemos ne sera pas facile pour Izquierda Unida »

par Manuel Moreno

Manuel Monereo, né à Jaen en 1950, intellectuel communiste de référence étroitement lié à Julio Anguita, en particulier au cours de ses années de plus grande activité politique entre 1990 et 2004, revendique l’ancrage à gauche d’Izquierda Unida comme une nécessité pour faire face à Podemos, pour éviter que se répète la dégénérescence du PSOE dans les années 1980. Après avoir fait partie de l’exécutif d’Izquierda Unida et du PCE et avoir travaillé avec Pablo Iglesias, le politologue examine l’avenir de la gauche espagnole, « nous devons penser comment construire un nouvelle organisation au-delà de Podemos et d’Izquierda Unida ».

Question. Quel est l’impact de Podemos sur Izquierda Unida ?

Réponse. Il y a une grande contradiction à l’intérieur d’Izquierda Unida. Quand Pablo Iglesias était attaché à la fédération, nous avons vu très clairement que le mouvement du 15 mai est venu changer ce pays. Il y avait un grand débat sur le choix de la rébellion démocratique, de la révolution organisationnelle et de l’ouverture à la société, un projet commun au-delà des limites d’Izquierda Unida. Le plus curieux est qu’à côté de cette lecture il y avait une pratique contraire. Des personnes comme Pablo Iglesias pensaient que l’avenir allait se construire en dehors d’Izquierda Unida. Le paradoxe est que la ligne, la stratégie et les mécanismes de Podemos sont dans les statuts d’Izquierda Unida. Nous vivons dans la schizophrénie. Quelqu’un réalise notre projet au-delà de nous.

Question. Cayo Lara a fait valoir en 2012 qu’Izquierda Unida était le « Syriza espagnol », le point de réunion de la gauche. Mais au cours des dernières années, plusieurs forces sont nées au-delà d’Izquierda Unida, Compromis, Equo et Podemos. Qu’est-il arrivé ?

Réponse. Cela reflète la contradiction dans laquelle vit Izquierda Unida, il y a une partie qui ne croit pas que nous pouvons être une force de gouvernement.

Lorsque vous construisez quelque chose comme Syriza ou Podemos, vous avez dans la tête une force alternative qui ne veut pas être la gauche du système, le PSOE. C’est ce que nous étions au cours des dix dernières années, la gauche du PSOE. Le PSOE était le modèle. Le problème que nous avons est qu’il manque ce que Julio Anguita appelle « l’alternative », la capacité de construire une force de gouvernement. A l’intérieur d’Izquierda Unida, il y a une autre logique, aider le PSOE à changer le pays. Ce n’est pas de la théorie, c’est ce qui se fait en Andalousie. C’est un désastre.

Question. Pablo Iglesias et Juan Carlos Monedero critiquent-ils Izquierda Unida pour cette raison, parce qu’ils refusent d’être la béquille du PSOE ?

Réponse. Izquierda Unida n’est pas à la hauteur des circonstances. Nous avons à construire quelque chose qui va au-delà d’Izquierda Unida. C’est ce que Pablo Iglesias a essayé de faire avec Inigo Errejón, de la meilleure manière, dans la campagne électorale d’Izquierda Unida en Galice. Sans l’expérience de la Galice, Pablo Iglesias n’aurait pas conçu Podemos. Ils y trouvèrent un phénomène étonnant, deux petites organisations d’outsiders, avec Beiras et Yolanda Diaz, un vieil homme du style de Julio Anguita et un jeune avocat du travail, qui n’étaient rien, qui se sont réunis et qui ont avancé. Cela prouve qu’il y avait une base sociale pour des projets nouveaux comme Syriza. Pablo Iglesias l’a vu et a fait la campagne avec Cayo Lara, ils ont travaillé ensemble. En Europe, ils ont constaté que cette logique d’alternative à gauche a été abandonnée par une personne comme Willy Meyer, qui n’a pas été capable de réfléchir à ce qui se faisait de nouveau. Voilà ce qui a conduit Pablo Iglesias à faire Podemos. Podemos est le résultat de la frustration de la gauche d’Izquierda Unida.

Question. Lorsque le mouvement du 15 mai criait « ils ne nous représentent pas », faisait-il référence seulement au Parti Populaire et au PSOE ou aux vieilles structures et manières de faire de la politique, y compris Izquierda Unida ?

Réponse. Le mouvement du 15 mai implique une rupture culturelle et politique conduite par les nouvelles générations qui entrent en politique. Il a été dit que la jeunesse était apolitique, ancrée dans la consommation, qu’elle ne voulait rien faire. C’est ce qu’ont dit les pères de la gauche sur leurs enfants. Mais d’abord, avant une crise politique, sociale et culturelle, même anthropologique, de nouvelles générations apparaissent. La rupture générationnelle va de dix-huit à quarante ans. Dans ce contexte, Izquierda Unida a été un protagoniste du mouvement du 15 mai. Il y a des milliers de militants d’Izquierda Unida sans lesquels le mouvement du 15 mai n’aurait pas été possible. Mais à notre tour, nous vivons la contradiction selon laquelle une grande partie de ces jeunes nous voient comme la vieille politique.

Ils ne nous voient pas comme le même problème que les grands partis, parce que nous sommes une minorité. En fait, l’une des revendications était que le système électoral arrête de bénéficier à deux partis. La majorité de l’organisation s’est engagée dans le mouvement du 15 mai, les marées et les marches de la dignité.

Toutefois, quand Izquierda Unida devait aller plus loin, dans les élections européennes, nous avons échoué. Tant de gens fuyaient la vieille politique.

Izquierda Unida est maintenant la gauche de Podemos, mais survivre au tsunami de Podemos ne sera pas facile.

D’autre part, le noyau dirigeant de Podemos apporte une expérience nouvelle à laquelle la gauche traditionnelle n’a pas suffisamment réfléchi, par exemple, l’importance des élections, moi, le premier. Lorsque nous parlons des élections, nous avons le tic de dire que « nous ne sommes pas électoralistes ». Nous ne sommes pas capables de voir l’importance des élections pour mener un processus de transformation profonde.

Question. Izquierda Unida va-t-elle passer de la béquille du PSOE à celle de Podemos ?

Réponse. Ce serait un désastre pour Izquierda Unida et pour Podemos. L’Espagne vit une crise de culture, de régime, très profonde. Quand quelque chose comme cela se produit, il y a deux blocs principaux, le bloc du système et le bloc contre le système. Les forces de la restauration soutiennent ceux qui ont traditionnellement le pouvoir, et nous sommes une rupture démocratique. Les forces qui sont pour un processus constituant font partie des forces contre le système. Nous devons nous transcender. Podemos et Izquierda Unida sont complémentaires, ils ne sont pas antagonistes. Le PSOE et Izquierda Unida ne sont pas complémentaires parce qu’ils sont des deux côtés d’une confrontation politique. Podemos a des choses que nous n’avons pas et nous avons des choses qu’ils n’ont pas. Si nous allons à une compétition non-coopérative, ce serait négatif pour le projet de rupture démocratique.

Question. Quelle est la force de Podemos et quelle est la force d’Izquierda Unida ?

Réponse. Podemos a l’audace de son équipe de direction. Ils ont une force dans les médias qu’ils ont décidé de créer. Le noyau central savait exactement le type de société dans lequel nous étions et qu’il y avait une très grande fenêtre d’opportunité politique. Il faisait une meilleure analyse que nous. Ils ont également la possibilité de déplacer des images qui font partie d’un scénario plus complet, la rupture contre la continuité, l’innovation contre la tradition, le nouveau contre le vieux. Izquierda Unida garde l’image traditionnelle de la gauche contre la droite, d’une force secondaire du PSOE, mais n’apparaît pas comme une entité propre.

Qu’avons-nous, l’organisation. Cela ne s’improvise pas. Le noyau dirigeant de Podemos le sait. Nous avons vingt-cinq mille adhérents dans toute l’Espagne, avec une grande tradition culturelle, avec un poids idéologique fort, clairement de gauche et de classe, nous avons deux mille cinq cent conseillers et une grande expérience de travail institutionnel et dans la société.

La perspective de Podemos connaîtra une contradiction entre l’approfondissement et l’élargissement, il faut alterner des propositions radicales avec d’autres plus modérées pour pénétrer les secteurs sans lesquels vous ne pouvez pas gagner les élections, pour battre le PSOE et contester une base de centre droit, l’obligeant à faire de nombreux équilibres. Nous avons une base de gauche qui peut aider à rééquilibrer Podemos. Nous sommes une ancre de gauche pour le changement dans le pays. Et cela est très important.

Question. Podemos a-t-il besoin d’Izquierda Unida ?

Réponse. Absolument, il a besoin de ses cadres, de sa capacité tactique. Gramsci a dit que tout processus de révolution porte en lui une restauration. Beaucoup d’entre nous ont vu ce qu’était le PSOE en 1982. Beaucoup ont pensé qu’il voulait un changement, modéré, mais un changement. Et ce qui se passait était une usurpation d’identité, le PSOE, qui voulait transformer le pouvoir, a été transformé par le pouvoir. Et il peut arriver la même chose avec Podemos. Il y a un noyau dirigeant dans lequel j’ai une énorme confiance, avec une base sociale hétérogène, diffuse et contradictoire. Il manque une structure de cadres, horizontale et verticale, pour faire la liaison entre la base et le sommet. Ce qui vient du monde des cercles est assez chaotique. Et je ne dis pas cela comme une critique, car c’est ainsi.

Question. Izquierda Unida doit-elle dissoudre son organisation et faire entrer ses cadres dans Podemos ? Le maintien du sigle d’Izquierda Unida a-t-il un sens ?

Réponse. Tous les sigles sont identiques. Ils sont positifs car ils définissent l’appartenance. Mais ils ne me semblent jamais décisifs. Un processus d’alliance entre Izquierda Unida et Podemos est naturel et normal. Nous sommes une force contre le bipartisme et contre le système de la monarchie parlementaire, pour un nouveau régime, tout le reste est secondaire. L’unité n’est pas facile, mais nous devons réfléchir à la façon de construire une nouvelle organisation, au-delà de Podemos et d’Izquierda Unida. L’essentiel est d’être clair sur ce que nous voulons faire, nous sommes pour la rupture démocratique, pour un processus constituant, pour la république, le reste est secondaire. La machine électorale sert à Podemos ? Excellent, nous allons essayer de parvenir à une alliance stratégique avec Podemos. Cela peut se traduire par des phénomènes comme Guanyem à Barcelone, Ganemos à Madrid, nous sommes ouverts. Pablo Iglesias est l’un des nôtres.

Question. L’alliance avec Podemos doit-elle être faite avant ou après les élections ? Podemos la voit comme un fardeau.

Réponse. Il y a une partie qui nous voit comme un fardeau, mais pas une autre. Une partie avec une identité de gauche, de classe et de transformation, est pour la convergence. Ces gens ne votent pas pour Podemos parce qu’ils sont contre Izquierda Unida, mais parce qu’ils croient qu’ils peuvent faire mieux. Mais il y a des gens avec un préjugé anticommuniste très grand. La présence d’Izquierda Unida ancre le projet à gauche.

Question. Pablo Iglesias a-t-il toujours la même idéologie ?

Réponse. Certainement, le noyau dirigeant de Podemos est une partie de la gauche révolutionnaire. Il l’a toujours été. Nous gardons à l’esprit l’expérience latino-américaine, quand nous travaillions dans le CEPS. Nous avons réalisé qu’il y avait certaines similitudes entre les situations de l’Amérique Latine et de l’Europe du Sud. Nous avons pensé qu’il était possible de traduire en castillan l’expérience latino-américaine. Et Podemos a justement brisé de nombreux tabous de la vieille gauche. C’est le débat que nous avons avec Izquierda Anticapitalista.

Question. Y a-t-il des communistes à la direction de Podemos ?

Réponse. Bien sûr, je ne doute pas qu’une partie importante de ce qui est maintenant le phénomène Podemos, pour arriver, au milieu et à la base, est communiste. Quand on voit les personnes qui sont dans le noyau dirigeant de Podemos, il ne fait aucun doute qu’ils sont communistes, de la gauche révolutionnaire. Il n’y a aucun doute.

Question. Si le PCE a les cadres dont Podemos a besoin, pourquoi n’y a-t-il pas un cercle communiste à Podemos ?

Réponse. Je n’y avais pas pensé, mais il n’y aurait aucun problème. Il y a de nombreux communistes à Podemos. La clé de l’unité est la politique. Mais l’idéologie et la politique ne vont pas toujours ensemble. Par exemple, Pablo Iglesias défend à juste titre une vision patriotique. Le nationalisme espagnol est colonisé par l’extrême droite. Nous ne pouvons pas augmenter la confiance en soi d’un pays si les gens ne sont pas fiers de leur propre pays. C’est un marécage.

Nous devons reconstruire une vision commune de l’Espagne. Pour nous, et je pense que pour la direction de Podemos aussi, un processus démocratique est aussi l’idée de construire une patrie, également avec les autres peuples de l’état espagnol, avec les galiciens, avec les catalans et avec les basques, aller ensemble vers un état construit collectivement. Podemos affirme avec de nombreuses autres forces non seulement le droit à l’auto détermination des nations, mais aussi une patrie commune avec ces nations construite collectivement. C’est ce qui a toujours été appelé la république. Cela doit être la troisième république.

Question. S’il y a la création d’un cercle communiste, pourra-t-il mettre les cadres du PCE à la disposition de Podemos sans mettre en danger son identité ?

Réponse. Le parti organique de la révolution espagnole, que nous devons construire collectivement et qui sera le sujet de la transformation du pays, sera une maison commune de la gauche de transformation et alternative. Sa caractéristique fondamentale sera le pluralisme. Et il y aura des secteurs plus proches de ce qui a toujours été la sociale démocratie et d’autres, communistes de diverses tendances. La question fondamentale est le point de vue de classe.

Izquierda Unida ancre Podemos à gauche parce que nous défendons un projet du point de vue de la base, de la classe ouvrière. Et il y a une deuxième connotation, si c’est un projet de classe, c’est un projet anti impérialiste. Et troisièmement, c’est un projet national populaire, qui deviendra le moment venu un projet socialiste. Cela semble vieux, mais des secteurs réformistes et révolutionnaires vont coexister dans cette partie organique du prolétariat. Le courant communiste de ce parti est le parti de Karl Marx dans le Manifeste Communiste. Quand vous demandez « ce qui distingue les communistes des autres », nous répondons que les communistes ne forment pas un parti distinct.

Et nous nous caractérisons par deux choses, dans chaque lutte partielle, nous n’oublions jamais que le but ultime est le socialisme, et nous avons toujours une perspective internationaliste. Voilà mon parti. Si vous appelez cela cercle communiste, je serai dans le cercle communiste. Et je suis convaincu que le noyau de base de Podemos est d’accord.

Question. Cette maison commune qui était déjà le Front des Gauches dans les années 1930, Izquierda Unida en 1986, Syriza en Grèce, sera-t-elle construite en 2015 ?

Réponse. Ce ne sera pas facile, mais il serait important que nous soyons unis, comme parti organique, comme une force unifiée, aux élections générales.

Izquierda Unida et Podemos sont encore insuffisantes. Il faut des forces supplémentaires. Qu’allons-nous faire avec Equo et avec les nationalistes de gauche ? Ne sont-ils pas nécessaires, ne sommes-nous pas dans un état pluri national ? Je ne pense pas que nous ne parviendrons à un accord ni avec Bildu ni avec les secteurs indépendantistes catalans, mais nous devons parvenir à un accord avec chacune des nationalités. Il y a un vent de changement plus fort dans le pays et le PSOE et la droite ne sont pas assez forts pour freiner Podemos. Et attention, il peut y avoir un appel pour une élection générale à tout moment.

Question. Izquierda Unida et Podemos sont-ils prêts pour les élections ?

Réponse. Nous ne sommes jamais prêts pour des élections anticipées. Izquierda Unida doit encore faire ses devoirs. Les choses que nous n’avons pas faites avant. Les élections primaires, par exemple, qui vont faire une nouvelle direction. Je souhaite qu’Alberto Garzón soit le visage de ce changement. Dans cette perspective électorale, il y aura des élections primaires internes, une nouvelle équipe de direction et un candidat avec des possibilités. Nous n’aurions aucun problème à faire une élection primaire entre Pablo Iglesias et Alberto Garzon, si cela sert à régler les problèmes. Ce sont les gens qui résolvent les problèmes, ce n’est pas la direction. Izquierda Unida doit faire son auto réforme, qui doit être approuvée, et qui ne sera pas faite par l’Europe. En décembre 2014 ou en janvier 2015 il y aura une élection primaire qui fera une nouvelle direction politique d’Izquierda Unida. Cela aidera beaucoup. Izquierda Unida veut travailler dans le vent du changement.

Question. Une assemblée extraordinaire d’Izquierda Unida sera-t-elle nécessaire en 2015 ?

Réponse. Il devrait y avoir une situation extraordinaire.

Question. Quelle sera cette situation extraordinaire ?

Réponse. Vous devriez voir un problème grave, si le changement était refusé dans l’organisation. Maintenant, l’organisation a une feuille de route qui passe par des élections primaires et par l’émergence d’une nouvelle figure, celle d’Alberto Garzón. Si ce n’est pas possible, il y aura une assemblée extraordinaire. Si les élections primaires génèrent une nouvelle direction, l’assemblée aura lieu après les élections générales pour pouvoir consacrer toutes les forces à la société. Si Izquierda Unida fait ce qu’elle a à faire, ce sera une force importante dans les prochaines élections. Mais Izquierda Unida doit faire sa propre auto-réforme pour se connecter avec la société.

Source : http://www.lamarea.com/2014/11/10/t...

10 novembre 2014

Traduit par http://robert-duguet.fr/

C) Le potentiel énorme de Podemos dans l’état espagnol

Depuis cet été, des dizaines de textes, écrits par les militants de Podemos de manière individuelle ou plus collective, circulent et sont discutés à travers les centaines de « cercles » qui rassemblent les militants de base à travers l’état espagnol et au-delà, comme en Belgique.

Il s’agit ni plus ni moins de décider collectivement de tout ce qui constitue le projet politique de Podemos. Le week-end dernier, tous ces textes ont été présentés en assemblée à Madrid à l’occasion de « l’assemblée citoyenne » de Podemos, présentée comme assemblée de fondation d’un nouveau parti politique, avec pas moins de huit mille personnes. Du 20 au 26 octobre, les membres votent par internet pour l’adoption de trois textes, politique, organisationnel et éthique. Ensuite, il s’agira de choisir les membres du conseil citoyen, l’organe direction de Podemos. Les candidats feront encore campagne pendant une semaine avant une élection par internet. Nous n’écrirons pas ici un rapport détaillé des deux jours intensifs de l’assemblée citoyenne, mais donnerons plutôt un aperçu du projet politique, organisationnel et éthique de Podemos dont il est question, ainsi que du potentiel de cette formation à gouverner et à prendre le pouvoir dans l’état espagnol. Nous verrons que, à ce niveau, la question organisationnelle est déterminante.

Le projet politique

Commençons par mentionner les résolutions soumises au vote ce week-end à côté des textes politique, organisationnel et éthique. Les cinq sujets les plus soutenus par internet et qui ont été adoptés à l’assemblée par les membres de Podemos portent sur l’éducation, la santé, le logement, la lutte contre la corruption et l’audit de la dette. Ce sont des thèmes qui reflètent bien l’accord général avec la ligne politique établie par l’équipe de Pablo Iglesias qui met l’accent sur l’opposition à l’austérité et la reconquête du « sens commun » par la population.

Parce qu’elles correspondent à une réalité sociale criante, ces revendications devraient permettre de mobiliser une grande partie de l’électorat de l’état espagnol, beaucoup plus large que les militants et sympathisants qui s’identifient déjà de gauche. Mais il s’agit d’une approche populiste qui écarte des questions plus polémiques comme l’autonomie des communautés et qui engendre des problèmes multiples par son accent patriotique et la défense des « entreprises moyennes ». Nous ne traiterons pas de ces problèmes ici car les débats du week-end étaient plus que dominés par les questions organisationnelles.

La structure organisationnelle

La discussion la plus importante était programmée dimanche avant-midi. Elle était l’aboutissement de discussions intenses et largement médiatisées entre les documents « Claro que Podemos » de l’équipe d’Iglesias et « Sumando Podemos » rassemblant les propositions de plusieurs équipes dont les figures les plus connues sont les eurodéputés Pablo Enchenique, Teresa Rodriguez et Lola Sanchez. L’importance du document organisationnel montre l’aspiration profonde d’une partie importante des militants des cercles de base de Podemos, avant de pouvoir développer et défendre un projet politique, il faut des structures démocratiques à l’intérieur de l’organisation.

Le projet de l’équipe de Pablo Iglesias, avec un secrétaire général et la limitation du pouvoir des cercles, fâchait et générait une résistance très large. Son équipe, par la voix de Juan Carlos Monedero, a essayé de faire passer toute contestation réclamant plus de démocratie comme une contestation nocive montée de toutes pièces par Izquierda Anticapitalista, section espagnole de la quatrième internationale à l’origine de ce projet avec plusieurs personnalités indépendantes.

Dimanche avant-midi, l’équipe de Pablo Iglesias a dû constater et reconnaître que la contestation était beaucoup plus large que prévu en s’étendant grosso modo à la moitié des huit mille participants dans la salle et, ce qui est plus important, à la majorité des cercles les plus actifs.

Par manque de temps, de nombreuses propositions alternatives n’ont pas pu être regroupées.

Ainsi, à côté du document « Sumando Podemos » rassemblant déjà plusieurs propositions, il existait des dizaines d’autres documents contestataires. Quand Pablo Enchenique et Teresa Rodriguez sont montés sur le podium pour défendre leur document, ils ont assuré pouvoir être bref, « tout a déjà été dit » par les autres équipes. Effectivement, la majorité des documents alternatifs et la majorité des cercles défendent eux aussi plus de pouvoir aux cercles, un processus constitutionnel plus démocratique et permanent, des structures territoriales et intermédiaires entre les cercles et la direction et une direction plurielle avec une équipe de porte-paroles plutôt qu’un seul secrétaire général.

Le choix se porte entre une structure présidentielle et plébiscitaire ou un modèle « d’empoderamiento » des gens. Le modèle organisationnel et le discours politique de Pablo Iglesias pourrait peut-être gagner les élections en mobilisant des votes et des supporters pour coller des affiches. Mais, tandis que « l’efficacité » que brandit Pablo Iglesias comme argument pour défendre ses propos s’arrête à la formation d’un gouvernement, les documents alternatifs « Sumando Podemos » (organisatif) et « Construyendo Pueblo » (politique) soulèvent le fait que la prise le pouvoir ne se limite pas à gouverner.

Pour Teresa Rodriguez, l’auto-organisation et le « pouvoir populaire » sont fondamentaux pour prendre le pouvoir, « pour nous, gagner les élections et avancer dans le processus d’auto-organisation citoyenne font partie du même processus. Nous aurons besoin de la mobilisation citoyenne pour gagner les élections et nous en aurons besoin quand nous gagnerons les élections pour gouverner. Peut-on douter que les marchés nous mettront sous pression quand nous gagnerons les élections, que la caste s’opposera à la perte de ses privilèges ? ». Le document qui est poussé par Pablo Iglesias dans le coin des « rêveurs » prétend donc non seulement être plus démocratique mais aussi plus efficace si l’objectif est de prendre le pouvoir et changer la société.

Le vote atomisé par internet dans lequel participeront cette semaine beaucoup plus de personnes que les militants actifs dans les cercles, se portera sans doute massivement en faveur de l’équipe de Pablo Iglesias grâce à la popularité de ce dernier. D’autant plus que ce dernier avait fait savoir que, si sa proposition n’était pas acceptée, il n’assumerait plus de responsabilités. Mais cela n’empêche pas que l’assemblée citoyenne a démontré de manière puissante que la majorité des militants ne se contente pas d’une structure centralisatrice et plébiscitaire. L’énoncé de « Claro que Podemos » qu’il s’agit du « propos organisationnel le plus démocratique dans l’histoire espagnole » ne convainc guère. Un courant large pour plus de démocratie est né à travers ce processus de constitution d’une nouvelle force politique.

Le document éthique

Le « document éthique » était le moins important des trois documents. Le temps avait encore permis une certaine unification des propositions organisationnelles et politiques, mais cela ne s’était pas avéré possible pour le document éthique.

Le texte éthique de « Claro que Podemos » n’est pourtant pas innocent. La présentation, très démagogique sur le mode meeting, par Juan Carlos Monedero samedi matin n’oubliait pas de mentionner l’aspect le plus important, l’interdiction de la « double militance ». « Hors de Podemos, hors de nos rangs », ce slogan n’était pas uniquement dirigé vers les potentiels arrivistes débarquant des partis traditionnels pour rejoindre une formation politique avec le vent en poupe. Il visait aussi les militants d’Izquierda Anticapitalista. Avec l’adoption de ce document éthique, les militants de la formation qui se sont investis depuis le début pour construire Podemos seraient exclus d’office des mandats organiques du nouveau parti. L’équipe « Claro que Podemos » n’accepte qu’une tendance organisée, la sienne.

Pour conclure, le potentiel de Podemos est énorme. Les mobilisations des indignés (mouvement du 15 mai), les mouvements pour le maintien d’un enseignement (marea verde) et d’une santé (marea blanca) publiques et contre les expulsions de logement, les « marches de la dignité » de tous les coins de l’état espagnol et les luttes pour le droit à l’avortement ont trouvé une expression politique dans le nouveau parti Podemos. Il s’agit d’un projet politique qui est capable de mobiliser une majorité de la population. Mais la forme organisationnelle que le projet risque de prendre après le vote de cette semaine est une contradiction énorme, contraire même à l’esprit du mouvement du 15 mai. Cependant, pour un courant large partant des cercles, l’assemblée constitutionnelle n’est pas terminée et la lutte pour un projet démocratique et de « pouvoir populaire » continue. C’est la condition pour pouvoir discuter de politique et de rupture avec le capitalisme. « Si, se puede ».

par Neal Michiels

Source : http://www.lcr-lagauche.org/le-pote...

Vendredi 24 Octobre 2014

B) Podemos : Les Indignés premier parti d’Espagne ?

Source : http://www.lesinrocks.com/2014/11/1...

Issu des Indignados, le mouvement espagnol mené par l’atypique Pablo Iglesias, joue la carte de la différence. Profitant du dégoût de la population envers une classe politique corrompue, il pourrait supplanter les deux grands partis du pays.

“Prendre le ciel d’assaut” : tel est le slogan de Podemos (“Nous pouvons”), mouvement espagnol issu des Indignés de la Puerta del Sol. Ils y sont presque parvenus après dix mois d’existence légale.

Entre leur manifeste de janvier 2014, où ils prétendaient “passer de l’indignation au changement politique” et les élections européennes du 25 mai, où ils emportaient 8 % des suffrages et cinq sièges de députés, il s’est passé quatre petits mois. Six de plus et les sondages les donnent au coude à coude avec les deux grands partis espanols : le PSOE (socialistes) et le PP (droite). Entre 22 et 27 % des intentions de votes : du jamais vu. Comment ont-ils accompli pareil exploit dans un pays où, depuis 1978 et le vote de la constitution, les deux grands (partis) totalisent toujours 70 % des voix ?

Pablo Iglesias superstar

Le premier élément de réponse s’étale à la une des journaux. Depuis des mois, le personnel politique espagnol est tétanisé par la corruption. Rien qu’en octobre, les Espagnols, pourtant blasés, ont dû encaisser deux affaires de plus. La première concerne des cartes de crédit “opaques” distribuées par deux banques madrilènes à des responsables politiques ou syndicaux : de 2 500 à 12 000 euros par mois, sans aucune déclaration au fisc espagnol. La seconde, fin octobre, a conduit à l’arrestation d’une cinquantaine de politiques, fonctionnaires et entrepreneurs castillans soupçonnés d’avoir prélevé des commissions illicites sur des marchés de travaux publics.

Le credo de Podemos repose sur l’épuisement des élites, le rejet de la corruption et du système – y compris capitaliste. Le parti est donc le premier bénéficiaire du dégoût de la population. Un dégoût d’autant plus profond que la société demeure brisée par six longues années de crise et que le chômage reste en Espagne à un niveau impressionnant : près de 25 %.

De plus, Podemos s’est trouvé un leader : Pablo Iglesias, dont l’investiture comme secrétaire général sera effective ce 15 novembre. A 35 ans, ce docteur en sciences politiques est une bête médiatique. Son style familier tranche avec le côté gourmé de la droite et le profil de gendre idéal du nouveau leader socialiste, Pedro Sánchez.

Podemos tire donc avantage des circonstances mais avec intelligence. Encore peu structuré, il fera l’impasse sur les municipales de mai 2015. Sauf à Madrid. L’enjeu, ce seront donc les législatives, dans un an exactement. Le temps d’élaborer un programme qui ne soit pas uniquement une protestation, comme c’est encore largement le cas.

Quelle réponse aux indépendantistes ?

Podemos n’a, par exemple, pas de réponse à la question politique du moment : la gestion du défi indépendantiste catalan. Ce parti est de racines castillanes, né à Madrid, dans les couloirs de l’université Complutense. Moins important à Barcelone, il prône certes l’autodétermination du Pays basque, de la Navarre ou de la Catalogne mais sans solution constitutionnelle. En clair, il élude le problème.

Enfin, comme en Grèce avec Syriza, Podemos n’est pas à l’abri de remporter les législatives de 2015, en devenant – avec disons 30 à 35 % des suffrages – le premier parti d’Espagne, sans pouvoir prendre le pouvoir si le PP et le PSOE se coalisent. Ce parti si dynamique, si créatif et si fortement incarné par Pablo Iglesias, résistera-t-il à quatre longues années d’opposition et d’attaques de la part de ceux que son irruption sur la scène politique et son succès dérangent ?

A) La dernière assemblée citoyenne de Podemos lève le voile sur un certain nombre d’interrogations, par Santiago Lupe

Sans l’ombre d’un doute, le débat qui a eu le plus de répercussions a été celui du mode d’organisation.

Cependant, dans cet article, nous voulons aborder la question du projet programmatique de Podemos, qui a commencé à se concrétiser, et qui, pour reprendre les termes de Pablo Iglesias, continue à se situer au centre de l’échiquier politique. Le slogan « ni de droite, ni de gauche » s’était, jusqu’à aujourd’hui, présenté comme une manière de se différencier des deux partis qui alternent sous l’actuel régime du bipartisme. Ce point de vue, permettait d’opposer « ceux d’en bas contre ceux d’en haut ». Cependant, le pari de jouer au centre, pari qui a été choisi pour coller à la stratégie, purement électorale, pour remporter les élections générales de 2015, permet d’avancer une définition beaucoup plus claire du programme de réformes que propose Podemos.

Ce virage modéré, Podemos l’a adopté depuis plusieurs mois, quand il a, au fur et à mesure, laissé de côté les nombreuses revendications qui avaient donné lieu à sa création, et qui ont été recueillies dans le manifeste « un mouvement ». Sans aucune discussion politique préalable, la rédaction de ce manifeste a été sous-traitée à un « comité d’expert » nommé par Pablo Iglesias et son cercle rapproché, avant les élections européennes. Dès ce moment-là et jusqu’à aujourd’hui, le long travail d’allégement du programme est le fruit de ses porte-paroles. Et dans la dernière assemblée, profitant du fait que le débat se centrait sur le mode d’organisation interne du parti, ils ont réussi à valider quelques définitions-clefs, comme celle de la position à adopter concernant la dette.

Toute cette élaboration du programme s’est donc faite sans discussion aucune. C’est la combinaison des positions personnelles des dirigeants de fait du parti, ceux qui profitent d’une médiatisation importante, qui se transforme in fine en propositions politiques plébiscitées sur internet, sans laisser la moindre possibilité d’ouvrir une discussion organisée et démocratique. L’attrait médiatique de l’équipe de Pablo Iglesias, cumulée à l’aval de personnalités académiques prestigieuses, garantit les votes. En recherchant une position au centre de l’échiquier politique, Pablo Iglesias fait voler en éclat les aspects fondamentaux de l’esprit des origines qui a permis le surgissement de Podemos. Au-delà de ce qui est dit sur le papier, le programme de la formation Podemos a maintenu une véritable et scandaleuse omerta sur des thèmes majeurs comme celui de la loi sur l’avortement. Il s’est passé la même chose à propos du droit des catalans à se prononcer et à décider sur la question de l’indépendance de la Catalogne. Formellement reconnu et accepté par Pablo Iglesias, quand la question lui était posée, jamais ce droit n‘a été défendu par aucun des membres de son équipe, au cours des dernières semaines. Et ce n’était pourtant pas n’importe lesquelles. Durant ces derniers jours, la loi de la consultation catalane a été approuvée, les catalans étant appelés à se prononcer le 9 novembre prochain, puis la décision a été suspendue par le conseil constitutionnel. Le PP, Partido Popular, de la droite traditionnelle, comme le PSOE, Partido Socialista Obrero Espanol, « socialiste », ont lancé une campagne d’union de l’Espagne, et finalement, Artur Mas, président de la Generalitat, le parlement catalan, a transformé le 9 novembre en une consultation purement symbolique. Pour Pablo Iglesias, tous ces événements n’ont donc pas d’intérêt ? Comment peut-il rester muet dans un moment aussi critique pour la lutte en défense de ce droit ?

Durant les deux jours où s’est déroulée l’assemblée citoyenne, ni Pablo Iglesias, ni Inigo Errejón, ni Juan Carlos Monedero, ni Carolina Bescansa n’ont une seule fois prononcé les mots « Catalogne », « droit de choisir », ni celui de catalan ou basque, ni même fait allusion aux femmes et à leurs droits à disposer de leurs corps. Il n’a pas non plus été question du Sénat, de la couronne, ni même du référendum sur la monarchie et sur la république, tandis qu’il en était question au travers de l’application « APPGREE » sur laquelle les votants ont pu se positionner, mais dont la majorité était bien en peine de se servir. Quelle est donc la forme que prendrait cette « rupture démocratique » que l’équipe de Pablo Iglesias ne cesse de promouvoir ? Comment est-il possible qu’ils ne se prononcent pas activement en faveur de revendications démocratiques essentielles et qui abondent dans l’actualité comme le sont les questions de l’auto-détermination des nationalités, de la séparation de l’église et de l’état ou de la fin de la monarchie ? Les projets de « gouvernement décent » ou celui d’un « processus constitutionnel » qui se mettraient en place à partir des institutions issues du régime de 1978, sont bien bancals. Ils promettent un changement encore plus superficiel que celui qui a eu lieu lors de la dernière transition vers la démocratie.

Mais ces renoncements sur le terrain démocratique se reflètent également dans les premières annonces de son programme économique.

Une des cinq résolutions, votées par internet par un processus que beaucoup des participants ont critiqué sur les réseaux sociaux, affirme clairement qu’il « ne s’agit pas de ne pas payer », mais prône d’abord l’audit de la dette, pour discerner quelles parties sont illégitimes et quelles parties sont légitimes, comme si les travailleurs et le peuple avaient la moindre responsabilité dans un seul euro de la dette contractée par les gouvernements de la banque et du patronat, et pour celles qui sont déclarées illégitimes, pousser à une restructuration fondée sur des réductions partielles et de nouveaux délais de paiement.

Rien de tout ça n’est nouveau. C’est ce qu’a fait Rafael Correa en Equateur en 2008, en alliance avec les marchés et avec le capital financier, y compris pour une dette substantiellement moins importante que la dette espagnole. Mais il y a un exemple plus récent, la restructuration de la dette grecque. Un accord entre l’état grec, les banques et les marchés financiers, en vue d’une réduction de la dette, n’a pas fait perdre un centime aux banquiers, tandis qu’ils ont réduit drastiquement leurs risques en les transférant à la Banque Centrale Européenne et aux autres institutions publiques. La réduction a approché les trente-cinq et les quarante pour cent du total de la dette, mais rien de tout cela n’a servi au peuple et aux travailleurs de Grèce. La crise capitaliste s’est poursuivie, et si à l’époque, la dette approchait les cent vingt pour cent du PIB, aujourd’hui elle dépasse les cent quatre-vingt-dix-sept pour cent.

L’orientation de Pablo Iglesias et de son équipe va lamentablement dans ce sens. La revendication « on ne doit rien, on ne paye pas » a fait place à une proposition pour continuer à payer, à « sauver les banques » dans des conditions renégociées avec les créanciers. Pour cette dernière option, celle-ci a été saluée par différents moyens de communications bourgeois qui ont été soulagés de voir comment Pablo Iglesias commence à avancer un programme « plus réaliste ».

Pablo Iglesias a ouvert l’assemblée en parlant de stratégie. Pour lui, c’est un terme qui se réduit à la stratégie pour gagner les élections de 2015. Pour filer la métaphore sportive, il s’est présenté comme l’entraîneur d’une équipe qui a fait la sélection permettant d’amener à la victoire de l’Espagne au mondial de 2010.

Pour cela, il a expliqué qu’il devait agir de manière totalement pragmatique. Ce qui compte c’est d’arriver à la fin, qu’importent les moyens. Mais Pablo Iglesias omet oublie qu’il existe une relation dialectique entre les moyens et les fins. Sa méthode inavouée consiste à adopter un programme de réformes politiques superficielles, qui mette de côté les grandes revendications démocratiques structurelles, et à élaborer un programme des réformes économiques et sociales qui ne fait pas franchement peur aux marchés. Pour faire passer sa tactique, il lui faut structurer le parti sur un modèle présidentialiste, où toute dissidence critique soit écartée. Et bientôt les mêmes, qui avaient toutes les possibilités de gagner parce que choisis par les grandes chaînes de télévision, échoueront aux plébiscites. Les objectifs, c’est à dire le gouvernement décent ou le processus constitutionnel, pourront par conséquent difficilement donner satisfaction aux grandes revendications sociales et démocratiques qui ont poussé à sa création.

Source : http://www.ccr4.org/La-derniere-Ass...

Samedi 25 Octobre 2014


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