Europe : 1re conférence internationale anticapitaliste organisée par la LCR - un grand succès

lundi 9 juin 2008.
 

SABADO François, LCR (France) 2 juin 2008 Augmenter police Diminuer police envoyer l’article par mail title= version imprimable n°10354 Voir aussi : Gauche anti-capitaliste en Europe : une conférence pleine d’espoir

A l’invitation de la LCR, une centaine de représentants d’une trentaine d’organisations représentant 16 pays européens, ont tenu une conférence internationale les 31 mai et 1er juin. Pour la première fois depuis 1968, presque toute la gauche anti-capitaliste était réunie à Saint-Denis. D’ores et déjà, une seconde conférence aura lieu en 2009.

De larges convergences se sont dessinées sur plusieurs questions essentielles : analyse de l’offensive capitaliste et évolution de la social-démocratie et des partis communistes, nécessité d’une mobilisation anti-guerre et anti-OTAN, lutte contre le racisme et la xénophobie, mobilisation contre le réchauffement climatique.

A partir d’un accord sur les principales mesures anti-capitalistes et la nécessité de l’indépendance vis-à-vis de la social-démocratie, excluant toute coalition parlementaire ou gouvernementale, le débat va continuer sur la construction d’un regroupement anti-capitaliste en Europe, que chaque organisation participante estime nécessaire.

Des décisions ont été prises : manifestation à Strasbourg et Kiel au printemps 2009 à l’occasion du 60e anniversaire de l’OTAN, intervention commune au prochain forum social de Malmoe. Des actions communes sont envisagées à l’occasion des élections européennes de 2009.

Organisations présentes : Alliance Rouge et Verte (Danemark), Solidarités, Gauche anticapitaliste, Mouvement pour le socialisme (Suisse), ISL, RSB, BASG, Marx 21, Gauche interventionniste, Gauche anticapitaliste (Allemagne), SOA (Autriche), Socialist Party (Suède), Parti polonais du travail (Pologne), LCR-SAP (Belgique), Unité socialiste (Norvège), Respect, Socialist Resistance, Socialist Party, Socialist Workers Party (Grande-Bretagne), Espacio Alternativo (Etat espagnol), ODP (Turquie), Bloc de gauche (Portugal), SAP (Pays-Bas), ISO (Etats-Unis), ARAS, Kokkhino, Syrisa, KOE, Synapismos, Nouveau courant de gauche, Recomposition de gauche, DEA, OKDE, Alternative écologiste, SEK, AKOA (Grèce).

LCR (Communiqué)

Le 2 juin 2008

2) Gauche anti-capitaliste en Europe : une conférence pleine d’espoir

Les 31 mai et 1er juin, à l’initiative de la LCR, la conférence « Mai 68-mai 2008 » a réuni, à Paris, la gauche anticapitaliste d’Europe.

Ils sont venus. Ils sont tous là. Du nord au sud de l’Europe : une centaine de représentants d’une trentaine d’organisations de seize pays (lire ci-dessous), ainsi qu’un observateur de l’International Socialist Organization (ISO), une organisation révolutionnaire des États-Unis. Parmi elles, on trouvait les principales organisations de la gauche révolutionnaire d’Europe, qui représente des milliers de militants et de sympathisants. Cette conférence internationale de la gauche radicale, anticapitaliste et révolutionnaire européenne, a été incontestablement un grand succès. Pour la première fois depuis Mai 68, presque toute la gauche anticapitaliste était réunie à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Se réunir une première fois était déjà tout à fait remarquable, décider de continuer et de réunir une deuxième conférence, en 2009, montre qu’il y a, peut-être, quelque chose de neuf qui se passe pour la gauche radicale en Europe.

Ce succès est d’abord lié à la curiosité et la sympathie pour l’initiative de la LCR, la construction d’un nouveau parti anticapitaliste (NPA), mais il y a plus. Un changement de période historique travaille tout le mouvement ouvrier et toutes les organisations, depuis plusieurs années. Ce processus arrive peut-être à maturité dans une série de pays. La conjugaison, dans le cadre de la globalisation capitaliste, de la crise actuelle du capitalisme - financière, bancaire, alimentaire -, du redoublement des attaques contre les droits sociaux et démocratiques, et de l’évolution sociale-libérale de la gauche traditionnelle, ouvre un espace pour la gauche radicale.

Ces questions ont été traitées à travers une première discussion, introduite par François Sabado, membre de la direction nationale de la LCR. Celle-ci a fait apparaître une série de points de convergence sur le caractère de l’offensive capitaliste, sur l’évolution de la social-démocratie et des partis communistes, sur la dynamique de la lutte de classe. Ce débat a aussi confirmé les points de repère communs sur les principales mesures anticapitalistes face au capitalisme néolibéral, et la nécessité d’une politique d’indépendance nette vis-à-vis de la social-démocratie.

Toutes les organisations présentes ont réaffirmé la nécessité de rejeter toutes les politiques de coalitions parlementaires ou gouvernementales avec le social-libéralisme, de la social-démocratie ou du centre gauche. Ces références capitales pour reconstruire un nouveau mouvement ouvrier et une alternative anticapitaliste n’épuisent pas tous les débats indispensables afin d’élaborer un projet socialiste, débats qu’il faudra poursuivre, sur les diverses expériences en Europe, sur des questions clés - la formulation d’un programme anticapitaliste européen, le problème de la guerre, la réponse écosocialiste à la crise écologique -, et sur le contenu et les formes du socialisme du XXIe siècle. Il faut donc travailler et débattre. C’est le sens d’une prochaine conférence en 2009, qui sera centrée sur les questions de la lutte contre la guerre, de l’Otan et des politiques militaires en Europe.

Bouger les lignes

Autre point positif de cette conférence, il ne s’agit pas seulement de débattre, mais d’agir. Trois discussions ont suivi le débat général. La première, introduite par Yvan Lemaitre (bureau politique de la LCR), sur la question de la guerre où, revenant sur les politiques guerrières des classes dominantes et sur le rôle de l’Otan, les participants de la conférence ont convenu d’utiliser le 60e anniversaire de l’Otan pour organiser une grande manifestation internationale, à Strasbourg et Kiel, au printemps prochain.

Pour la première fois, dans ce type de conférence, était abordée la question du réchauffement climatique, introduite par Laurent Menghini. [1] Ce deuxième débat a montré que, progressivement, toutes les organisations anticapitalistes prennent en charge la dimension écologiste. Il y eut ensuite un troisième débat, introduit par Emmanuel Sieglmann, sur l’importance de la lutte contre le racisme et la xénophobie. À l’instar de la Ligue du Nord italienne, qui fait une véritable campagne contre les étrangers, les attaques contre les immigrés constituent une pièce centrale du dispositif des gouvernements réactionnaires contre les droits sociaux et démocratiques. Les anticapitalistes doivent en faire un axe central de leur activité en Europe.

Enfin, après une première conclusion des travaux faite par Galia Trépère, pour la LCR, tous les participants ont décidé d’une intervention commune lors du prochain forum social de Malmö, en Suède et, surtout, d’envisager des activités communes lors des prochaines élections européennes de juin 2009. L’enjeu, alors que toutes les forces politiques - la droite, l’extrême droite, les partis socialistes et les partis communistes - sont structurées à l’échelle européenne, est de commencer à construire un pôle anticapitaliste européen. Cette question est l’une des plus difficiles, car l’histoire de chaque organisation est différente et les rapports de force sont spécifiques à chaque pays. Certaines organisations ont déjà répondu positivement. Les autres vont en discuter. Certaines, sans participer à une campagne européenne, sont ouvertes à des initiatives communes... Bref, le NPA bouge aussi les lignes en Europe.

François Sabado

LES ORGANISATIONS REPRÉSENTÉES

Allemagne : ISL, RSB, BASG, Marx21, Gauche interventionniste, Gauche anticapitaliste.

Autriche : SOAL.

Belgique : LCR-SAP.

Danemark : Alliance rouge-verte.

État espagnol : Espacio alternativo.

États-Unis : ISO.

Grande-Bretagne : Respect, Socialist Resistance, Socialist Party, Socialist Workers Party.

Grèce : Aras, Kokkhino, Syriza, KOE, Synapismos, Nouveau courant de gauche (NAR), Recomposition de gauche, DEA, OKDE, Alternative écologiste, SEK, Akoa.

Italie : Sinistra critica.

Norvège : Unité socialiste.

Pays-Bas : SAP.

Pologne : Parti polonais du travail.

Portugal : Bloc de gauche.

Suède : Socialist Party.

Suisse : Solidarités, Gauche anticapitaliste, Mouvement pour le socialisme.

Turquie : ODP.


3) 31 MAI ET 1ER JUIN : Conférence anticapitaliste européenne

Le dialogue reprend. Des contacts se nouent. Le monde des organisations anticapitalistes et révolutionnaires en discute. À Berlin, à Barcelone, à Athènes, à Londres, à Copenhague, à Rome, réunions publiques sur Mai 68 ou congrès en parlent. Incontestablement, la proposition de la LCR de réunir, les 31 mai et 1er juin prochains, l’ensemble des organisations de la gauche radicale européenne suscite la curiosité, l’intérêt, voir l’enthousiasme.

Bien sûr, les leçons de l’expérience italienne et de la construction du nouveau parti anticapitaliste en France auront une place importante dans la discussion. L’intérêt que suscite la conférence dans les courants de gauche de Die Linke (Allemagne) témoigne de l’importance de l’initiative. Éparpillement, fragmentation, poids de l’histoire, divisions internationales, voire sectarisme : autant de faiblesses de la gauche révolutionnaire et anticapitaliste, qu’il est urgent de surmonter. Mais c’est un comble de voir les classes dominantes construire l’Union européenne, converger dans la globalisation capitaliste, malgré leurs contradictions et leurs concurrences, et de constater les divisions internationales de la gauche radicale ! Comme celui de voir les sociaux-libéraux mettre au point des projets politiques et syndicaux européens et internationaux, tout en enregistrant les limites des projets internationaux de la gauche anticapitaliste se revendiquant pourtant de l’internationalisme...

Pourtant, la gauche anticapitaliste a joué un rôle capital contre la guerre en Irak. Il faut aller aujourd’hui plus loin : répondre aux enjeux fixés par la globalisation capitaliste, reconstruire un nouveau mouvement ouvrier anticapitaliste, socialiste. Quarante ans après 1968, cette conférence se tient dans un moment particulier ( nouvelle phase de la crise du capitalisme, crise bancaire et financière sans précédent depuis des décennies, pénuries alimentaires affamant des dizaines de millions d’êtres humains et catastrophes écologiques frappant la planète).

Il y a urgence, d’autant que les forces dominantes du mouvement syndical et de la gauche traditionnelle manifestent une intégration chaque jour croissante dans le système capitaliste globalisé. Il faut un nouveau dialogue, entre toutes les forces de la gauche révolutionnaire et anticapitaliste, afin de combiner l’urgence de l’unité d’action et la reprise d’une série de débats stratégiques et programmatiques. Chaque organisation ne peut, aujourd’hui, rester dans un cadre national, ou même dans « son » courant international. Il faut de nouvelles initiatives internationales : c’est le sens cette conférence.

François Sabado


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