Le Testet : Communiqués d’indignation et de résistance après la mort de Rémi Fraisse

mercredi 5 novembre 2014.
 

Réaction à l’annonce de Thierry Carcenac sur la suspension des travaux (Coordination Testet)

Le Collectif est satisfait de ce premier pas et met en garde contre un 2e passage en force

Le président du Conseil Général du Tarn, Thierry Carcenac, a annoncé ce soir sur Public Sénat qu’il est désormais favorable à la suspension des travaux le temps que le débat s’instaure. Il le proposera aux autres conseillers généraux vendredi lors d’une assemblée extraordinaire.

Cela répond à la demande qui lui a été faite par le Collectif hier suite à la publication du rapport des experts qui lui a donné raison : « Notre Collectif exige l’abandon immédiat du projet dans sa version actuelle et l’ouverture d’un processus multi-acteurs sur les alternatives qui sont plus nombreuses que celles préconisées par les experts. Ce rapport montre que le Collectif doit être désormais entendu sur les alternatives au barrage ! ».

En refusant d’écouter les analyses du Collectif il y a un an, et même simplement d’y répondre, le Conseil Général et les ministres Le Foll et Martin sont déjà passés en force. Ils sont responsables de tout ce qui est arrivé depuis : un mort, de nombreux blessés, un conflit ouvert au sein de la population locale, une trentaine d’hectares de zone humide et de forêt complètement défrichés…

Pour Ben Lefetey, porte-parole : « Si les conseillers généraux ne votaient pas la suspension des travaux vendredi, cela reviendrait à tenter un deuxième passage en force en s’asseyant cette fois sur le rapport du Ministère ! Après la mort de Rémi, l’heure doit être à l’apaisement et non pas à l’obstination de poursuivre un projet indéfendable en risquant de faire de nouvelles victimes. »

Il est désormais temps de réunir tous les acteurs concernés pour travailler aux alternatives au projet de barrage de Sivens qui a été recalé par les experts du Ministère. Au-delà des alternatives préconisées par les experts, le débat doit inclure également celles des opposants ainsi que celles des agriculteurs du bassin du Tescou.

Contact médias : Ben Lefetey 06 99 26 60 66

Le Testet : Communiqué de la coordination ayant organisé le rassemblement du 25-26 octobre.

Communiqué de presse de la Coordination

Rémi, 21 ans, est mort dans la nuit de samedi à dimanche à Sivens. Selon plusieurs témoignages convergents, il s’est écroulé à quelques mètres du camp retranché de la police, atteint par un tir au niveau de l’épaule, avant d’être immédiatement ramassé par la police.

S’agissait-il d’un flash-ball ou, plus vraisemblablement, d’une grenade de désencerclement projetée à tir tendu ?

Seule la police le sait qui, jusqu’à présent, occulte la vérité de diverses manières. Elle prétend qu’il n’y a pas eu de blessé-e-s parmi les opposants alors que l’équipe médicale de la coordination témoigne qu’il y en a eu de nombreux le samedi. La police affirme avoir « découvert un corps » dans la nuit en omettant de mentionner la violence des affrontements à ce moment-là (la préfecture a affirmé que les affrontements se seraient arrêtés vers 21h et omis de dire qu’ils ont repris de plus belle vers minuit). Elle prétend n’avoir pu venir sur place le dimanche pour lancer l’enquête (une fois le crime accompli, la police a brusquement quitté les lieux sans, jusqu’à ce jour, tenté d’y revenir).

Nous exigeons que toute la lumière soit faite au plus vite sur cet homicide, par respect pour Rémi, sa famille et ses ami-e-s. Nous souhaitons aussi que les responsables de ce drame soient poursuivis au plus tôt. Et pour nous, le responsable n’est pas seulement le robocop matricule xxx qui a appuyé sur la gâchette samedi soir – et encore moins Rémi. Il s’agit de savoir qui a construit cette situation de violence qui ne pouvait que tourner au drame.

Que faisaient donc les forces de l’ordre samedi au Testet, alors que le préfet s’était engagé à ne pas en poster pendant ce week-end, vu les milliers de militants attendus (7000) ? Il n’y avait aucun ouvrier à protéger, ni aucune machine à défendre : la seule qui n’avait pas été évacuée le vendredi avait été brûlée le soir même. Pourquoi donc avoir posté 250 gendarmes mobiles et CRS armés de grenades et de flash-blalls pour garder un petit carré de terre entouré d’un fossé large de plusieurs mètres ? S’agissait-il de protéger les précieux grillages ? Ou bien de générer de la tension et de faire de la provocation ?

Les autorités savaient très bien ce qui allait arriver en laissant un engin au Testet le vendredi et en y postant une armada le samedi.

A l’heure actuelle où l’inanité du projet de barrage au Testet apparaît au grand jour, à l’heure où tous les mensonges et conflits d’intérêts dénoncés par les opposants depuis des mois ont été confirmés par les investigations des journalistes (Le Monde 24/10 et le Figaro, 26/10) et le rapport des experts ministériels rendu public aujourd’hui, le président du Conseil général et le Préfet du Tarn n’ont plus aucun argument en faveur du barrage si ce n’est de monter en épingle la prétendue violence des opposants. Ils avaient donc besoin de violence samedi. Ils l’ont provoquée. Elle a coûté la vie à Rémi.

Nous sommes sous le choc et adressons nos plus sincères condoléances à ses proches.

La coordination du 25 octobre

PS : Nous exigeons d’ores et déjà qu’une seconde autopsie indépendante soit effectuée et avertissons la préfecture que si le corps n’était pas conservé de sorte à ce que cette contre-expertise soit possible, ce serait une preuve de plus que les autorités veulent cacher la vérité.

Nous dénonçons les tentatives de salir la mémoire de Rémy en prétendant que les causes de sa mort seraient liées à son « alcoolémie » ou à sa « violence ».

Communiqué de la ZAD

Depuis le 15 août 2014, nous, les opposants au barrage du Testet, sommes victimes de violences policières de façon systématique et acharnée. Dans la nuit du 25 au 26 octobre, Rémi a été tué par des gendarmes.

Cette nuit là, il n’y avait plus de matériel à garder sur la base de chantier.

Que défendaient-ils, ces militaires ?

Les égos de quelques décideurs ?

Les profits de certain individus ?

Ou était-ce une provocation stratégique ?

Nous avons perdu un frère de lutte, nous pensons à lui, à sa famille et à ses amis proches. Ceci n’aurait jamais dû arriver. Les vives émotions suscitées par le décès de Rémi s’expriment par des manifestations de soutien spontanées partout en France. Les promoteurs du projet ont été interpellés à maintes reprises quant à la non-pertinence du barrage d’un point de vue écologique, économique, politique… mais toujours en vain.

Le mépris du peuple, du vivant, des droits fondamentaux engendrent l’indignation puis la colère auprès de celles et ceux qui ne veulent plus subir la domination de l’oligarchie en place. Ces injustices sont des violences sur tout(es) celles et ceux qui sont systématiquement discrédités, criminalisés et dépossédés de leurs moyens d’actions et d’expressions. La colère qui en découle est légitime, chacun ayant sa propre façon de s’indigner face aux forces étonnement démesurées auxquelles nous sommes confrontées. Nous restons tous et toutes solidaires contre ce projet.

Les dernières informations, à l’heure de boucler ce comité de presse, continuent dans le sens de la répression policière. De nombreux barrages et contrôles d’identité finissent au commissariat pour garde à vue. Les mesures d’intimidations se poursuivent une seule réponse commune :

Enracinons la résistance, ne les laissons pas nous isoler dans la forêt !

Nous vous invitons à manifester votre indignation et votre soutien où que vous soyez !!!

Coordination du 25 octobre, ZAD

Parti de Gauche Tarn

Rémi, 21 ans, est mort. C’est inadmissible ! Rien ne peut le justifier. Le Parti de Gauche s’associe à la douleur qui frappe la famille et les amis de ce jeune militant. Tout indique que cette tragédie s’est produite dans le cadre des affrontements qui ont eu lieu la nuit de samedi à dimanche sur le site de Sivens. La responsabilité des autorités locales et de l’Etat est donc engagée.

Le Parti de Gauche n’accepte pas les explications tronquées de la Préfecture, réclame que toute la lumière soit faite sur ce drame et que tous les éléments de l’enquête soient rendus publics.

Malheureusement, ce dimanche soir, à Gaillac, c’est par des tirs de lacrymogènes sans sommation, sur une foule venue rendre hommage à Rémi et où se côtoyaient opposants du barrage et citoyens de la ville mobilisés par ce drame, parfois accompagnés de leurs enfants, que les autorités ont répondu à l’émotion, à la tristesse et à la colère.

Comme les milliers de manifestants, venus samedi de tout le pays, rien ne nous détournera de l’objectif de cette lutte. Nous refusons toujours qu’une des dernières grandes zones humides du Tarn soit saccagée. Nous refusons le déni de démocratie que constitue le passage en force d’un baron local qui, une fois élu, abandonne ses principes et ses engagements. Il est temps de donner au peuple le pouvoir de révoquer les élus oublieux de l’intérêt général. C’est le cas du président du Conseil général du Tarn, qui a démontré depuis des semaines son incapacité à ouvrir les voies d’un règlement pacifique d’un conflit qu’il a initié.

Les informations sur le rapport des experts missionnés par la Ministre de l’écologie confirment les critiques des opposants. Le Parti de Gauche réclame le retrait immédiat de toute présence policière de la zone du Testet et l’arrêt du chantier jusqu’à épuisement des recours.

PCF Tarn

Comme tous les communistes, nous sommes choqués par la mort de ce jeune, au cours des affrontements survenus dans la nuit de samedi à dimanche, sur le site de Sivens. Pour notre part, il n’y a pas d’ambiguïté concernant notre attitude et celle de nos camarades élus au CG sur ce projet de barrage. Ils font partie des 3 (seuls) élus à n’avoir pas voté en faveur de ce projet.

La première responsable - plus encore que la majorité du CG qui a porté le projet et s’est entêtée à ne pas dialoguer sérieusement avant le drame ... - c’est la préfête de l’époque, celle qui a signé la déclaration d’utilité publique, Mme Chevalier, représentante de l’Etat. Ensuite, ce sont le ministre de l’intérieur comme le 1er ministre et Hollande qui doivent assumer leurs responsabilités - et elles sont lourdes - dans cette affaire, où un jeune homme de 21 ans a perdu la vie ...

Par Eric Jalade

Rémi  : «  Ni oubli ni pardon  » (NPA)

Le décès de Rémi Fraisse, ce week-end à Sivens dans le Tarn, n’est pas un accident. C’est le résultat de deux mois de violences policières croissantes envers les opposantEs à un barrage que les experts de Ségolène Royal viennent de disqualifier sur de nombreux points du dossier.

Rémi, jeune toulousain de 21 ans et militant investi au sein de Nature Midi-­Pyrénées, a été victime de l’explosion d’une grenade offensive dans le dos. De nombreux témoignages mettent en cause la responsabilité policière dans un contexte où les tirs de lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de flash-balls ont duré une partie de la nuit. Durant la nuit où Rémi a trouvé la mort, au moins dix personnes ont été évacuées à l’hôpital, dont trois avec des blessures graves.

De peur de voir se multiplier les résistances comme à Notre-Dame-des-Landes, l’État cherche à briser par la violence et la criminalisation un mouvement qui s’étend et s’approfondit.

Un rassemblement réussi

Environ 4 000 manifestantEs, beaucoup de jeunes, ont fait le déplacement dans une ambiance d’abord festive. La solidarité est venue de toute la France, y compris des représentantEs d’autres luttes contre des grands projets inutiles imposés, Notre-Dame-des-Landes par exemple. Un week-end très réussi et bien organisé  : parking, navettes, aire de campement, chapiteaux avec activités ludiques, stand d’information des associations et des politiques, lieux de débats, restauration, etc.

Débats et témoignages se sont succédés. Un bon millier de personnes ont écouté avec attention toutes les interventions, pour la plupart convergentes dans les grandes lignes.

Changer de société

Bien présent, le NPA a montré l’engagement de notre parti pour le maintien d’une agriculture solidaire, écologique et non-­productiviste.

Prenant la parole au nom du NPA, François Favre a fait le parallèle entre le barrage de Sivens, le barrage de la Barne dans le Gers et d’autres projets similaires dans tout le Sud-Ouest. Chiffres à l’appui, il a montré le coût exorbitant de cette production d’eau pour irriguer des cultures de maïs intensives. Il a aussi démonté le mécanisme des conflits d’intérêts dans des montages financiers faits en dehors de toute consultation et de toute participation de la population. C’est bien le système capitaliste qui génère ce genre de projet, où les profits à venir pour quelques-uns motivent une offensive contre l’intérêt de tous. Pas d’autres solution que de changer de modèle de société.

Bien accueilli, Philippe Poutou est arrivé samedi en fin d’après-midi, où il a pu échanger avec de nombreux acteurs de la lutte et participer à diverses activités.

La lutte doit s’amplifier

Commandé par le ministère de l’Écologie, le rapport d’expertise critique fortement le projet, donnant ainsi raison aux opposantEs, mais «  juge difficile d’arrêter le chantier  »  ! Les travaux sont suspendus jusqu’à mercredi 29 octobre. La décision de reprise est entre les mains du gouvernement et du conseil général.

La mort de Rémi ne doit pas rester impunie. Comme l’ont revendiqué des milliers de manifestantEs un peu partout en France, «  ni oubli ni pardon  »  ! Ainsi lundi à Albi, 500 personnes se sont rassemblées devant la préfecture avant de converger vers le tribunal de grande instance. Le cortège s’est vu bloqué par les gardes mobiles, le centre ville encerclé et les gazages ont commencé, comme la veille à Gaillac. La journée s’est soldée par une dizaine d’arrestations.

Depuis lundi, des contrôles routiers, avec gendarmes en tenue militaire, ont été mis en place dans le département, notamment sur les routes d’accès à la ZAD du Testet... Le NPA condamne cette situation de violence policière provoquée par l’obstination du conseil général et de l’État, une obstination qui vient de conduire à l’irréparable. Des rassemblements ont lieu dans les jours qui viennent  : soyons y nombreuses et nombreux  ! Rien n’arrêtera le mouvement.

CorrespondantEs du NPA 81


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